Naughty Dog fait clairement partie des développeurs les plus importants et influents de cette génération de console. Ils ont en effet redéfini les standards du jeu d'action avec la série Uncharted grâce à un savant mélange de gameplay simple et efficace, d'un scénario bien écrit rendant hommages aux classiques du genre et à une technique jamais égalée sur console.
Autant dire qu'ils étaient attendus au tournant de ce survival post-apocalyptique. Tournant qu'ils ont su parfaitement gérer en livrant l'un des jeux testament de la première génération HD.
Après un prologue aussi douloureux qu'un coup de genou dans les valseuses, The Last of Us nous met dans la peau de Joel, la quarantaine bien entamée rompu à toutes les méthodes de survie dans un monde à mi-chemin entre le futur des Fils de l'homme et celui de La Route. On se rend compte rapidement que le dernier Naughty Dog est beaucoup plus posé et orienté infiltration/action que les récentes aventures de Nathan Drake. On est cependant en terrain connu avec des mécaniques de gameplay empruntées à différents jeux. C'est d'ailleurs ce qui m'a un petit empêché de rentrer complètement dans l'aventure au début. L'ambiance est là, c'est très agréable à jouer mais finalement peu surprenant. Malgré une difficulté bien dosée, on avance un petit peu en pilote-automatique sans toutefois se rendre compte que le temps passe vite, très vite manette en main. La patte Naughty Dog et son sens du rythme.
Puis l'histoire se met peu à peu en place ainsi que les relations entre les personnages, Joel et Ellie en tête évidemment. Et c'est lorsque j'ai couru une brique à la main pour massacrer la tête d'un ennemi qui s'en prenait à Ellie que j'ai compris que Naughty Dog avait déjà réussi son coup, depuis le début. Car je ne courrais pas pour échapper à un game over en cas de mort d'un allié, non. Je courrais comme un dératé parce qu'il fallait que je la sauve. Et c'est ce besoin de protéger l'autre que les développeurs ont parfaitement su retranscrire dans le gameplay. Contrairement à un The Walking Dead qui nous passionnait avec son histoire mais ne nous laissait que trop rarement le contrôle, The Last of Us réussit le pari du gameplay au service de la narration et vice versa.
Chaque situation, chaque enjeu, s'en trouve donc démultiplié. On ne joue pas pour finir le niveau, on joue pour sauver les personnages. Le fameux chapitre de l'hiver résumant parfaitement cet état d'esprit en finissant sa course contre la montre dans une scène bouleversante.
Question gameplay pur et dur, il ne faut pas s'attendre à des miracles. C'est du TPS/infiltration classique avec un level design heureusement assez ouvert pour varier les possibilités, dans certaines zones. La partie survie à proprement parlé est finalement assez restreinte. On peut s'adonner au plaisir du bricolage avec les quelques objets trouvés un peu partout mais ça reste finalement assez secondaire. Grosso les mécaniques de jeu se suivent et se ressemblent malgré quelques très bonne idées de gameplay, les claqueurs aveugles en tête.
Heureusement, avec Naughty Dog, on sait qu'on sera toujours en terrain connu mais que ça sera également suffisamment soigné, fluide et bien foutu pour qu'on s'éclate.
Concernant l'aspect technique c'est quasiment parfait. Le jeu est un tout petit moins propre que les Uncharted à cause notamment de quelques bugs de collision et animations pas toujours au top. Mais ça reste du AAA pur jus. Les graphismes sont magnifiques avec des textures détaillées, des effets de lumières au top, des cinématiques plus belles les unes que les autres. La partie sonore fera date dans l'histoire du jeu vidéo je pense avec des doublages au top du top, des musiques superbes et surtout des effets sonores immersifs au possible. On sent les coups, on flippe au moindre bruit, on se cache à la vue d'un claqueur, on sursaute lorsqu'une balle passe trop près de notre tête... Du travail d'orfèvre.
Après quasiment 20h de jeu, The Last of Us s'impose comme l'exemple de ce j'aimerais voir plus souvent dans les jeux. Je considère que 99% des scénarii de jeux vidéo ne sont même pas dignes du dernier DTV de Van Damme pendant que le media essaie de se rapprocher de plus en plus du cinéma.
The Last of Us est capable de nous raconter une véritable histoire avec des personnages attachants, des scènes émouvantes en ne sacrifiant jamais rien sur le gameplay et en restant un jeu avant tout, pas un film interactif.
Car une scène entre deux personnages qui vous fout une boule au ventre vaut toutes les explosions photo-réalistes du monde.