N’y allons pas par quatre chemins, The Last of Us est un pur chef d’œuvre et mérite d’être inscrit au panthéon des jeux vidéo. Voilà qui est dit.


Sous ses apparences de gros blockbuster destiné à booster les ventes de PS3, la nouvelle franchise de Naughty Dog se révèle être loin du « Uncharted avec des zombies » attendu et, surtout, beaucoup plus profond que la quasi-totalité des jeux triple A jamais produits.


Pour évacuer d’emblée l’inévitable comparaison avec Uncharted, il faut reconnaître que l’on retrouve des similitudes évidentes avec la licence phare du développeur américain, notamment au niveau des modèles physiques utilisés, de certains types d’animations et des placements de caméras.
Au-delà de ce constat évident, The Last of Us trouve très rapidement sa propre voie.


Les aventures de Nathan Drake avaient déjà mis la barre très haut, The Last of Us impose un niveau d’excellence dans tous les domaines.


Graphiquement, le jeu est sublime et puise dans des ressources insoupçonnées de la Playstation 3. Malgré la finesse des textures et l’impressionnante profondeur de champ de certains panoramas, l’animation reste toujours d’une fluidité exemplaire. La modélisation des visages est ahurissante de réalisme, permettant une retranscription parfaite du jeu des acteurs.


Si l’écriture de The Last of Us s’avère particulièrement élaborée, le développement du scénario et des personnages ne se fait jamais au détriment du gameplay. Le plaisir manette en main est permanent, malgré une aventure d’une durée étonnamment longue (une vingtaine d’heures) pour un jeu de ce genre.


La richesse du gameplay offre au joueur tout un panel de possibilités face aux épreuves qu’il doit affronter. Il dispose en effet d’un équipement assez complet et peut user de différentes stratégies pour traverser les zones hostiles. Un système de craft lui rappelle constamment que, dans ce monde dévasté, chaque ressource dénichée est rare et précieuse.


The Last of Us est une expérience totale, viscérale. Chaque ennemi représente une menace de mort potentielle pour le joueur. Chaque coup porté par Joel se ressent, comme si sa vie en dépendait.


La bande originale signée par Gustavo Santaolalla, discrète mais envoûtante, sied parfaitement à l’ambiance voulue par Naughty Dog, à la fois austère, mélancolique et angoissante.


Mais là où The Last of Us atteint son apogée, c’est dans son extraordinaire maturité d’écriture. Si le pitch de base ne fait pas preuve d’une grande originalité (on pense notamment aux Fils de l’homme), l’histoire va peu à peu se resserrer sur ses deux personnages principaux, de plus en plus esseulés, et prendre une tournure émotionnelle d’une intensité rarement vécue dans un jeu vidéo. Le duo Joel / Ellie se révèle tellement attachant, que l’on en vient à se surprendre à lancer le jeu avant tout pour connaître le destin qui leur est réservé.


Les démons intérieurs de Joel, qui découlent du traumatisme vécu à la fois par lui et par le joueur dans ce qui est sans doute la séquence d’introduction la plus mémorable et éprouvante jamais proposée dans un jeu vidéo, ne sont jamais traités de front par les auteurs. La subtilité de l’écriture, alliée à la qualité de la mise en scène permettent au joueur/spectateur de comprendre tous les non-dits qui se cachent derrière chaque regard, chaque réaction du héros désabusé.


L’ultime séquence cinématique fait presque figure de gigantesque bras d’honneur adressé à une industrie toujours plus racoleuse et mercantile. Un simple échange de dialogues clôt The Last of Us. Point de sang ni d’effets pyrotechniques. Seulement deux êtres qui se font face et dont les regards, exprimant une émotion palpable, offrent au joueur une fin inattendue et bouleversante.

Numan
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le 12 nov. 2016

Critique lue 206 fois

Numan

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