Tous, sans hésiter.

Au final, toutes les critiques faîtes à la sortie de TLOU2 ne sont qu'un ramassis de conneries et de suppositions basées sur ses foutus leaks qui ont sans doute empêcher nombres d'abrutis d'acheter le jeu. Ce qui est une bonne nouvelle au final.

The Last Of Us 2 est l'incarnation même du jeu qui, au lieu de prendre le joueur par la main, lui saisit la nuque pour lui enfoncer la tête dans sa propre merde. Le jeu suis le vieil adage "chaque acte a des conséquences" qui peut paraître bateau comme ça mais au final rarement amené de cette façon. Nous sommes face à une escalade de violence qui ne redescend finalement jamais. Je parle de crânes éclatés au fusil de chasse, de cage thoracique ouvertes à la hache et autres joyeusetés toutes plus horribles les unes que les autres. Ce n'est pas une violence grandiloquente, explosive ou amusante, non. C'est cru, froid et rapide, comme ça l'est au quotidien. Ici pas de morts grandioses ou de dernières paroles émouvantes, juste de gens qui peuvent se prendre une balle au détour d'un couloir et tomber comme un sac de viande sur le sol. (Enfin ça c'est pour ceux que je rencontre quand j'ai des munitions, les autres c'est un peu plus brouillon.)

Et c'est pour ça que j'aime ce jeu. Je vais spoiler à partir de maintenant, z'êtes prévenus.

Ellie n'est pas contradictoire avec ce qu'elle était dans le premier jeu. C'est simplement une femme qui fait face à une douleur qui lui est nouvelle et insupportable. Si elle tue de sang-froid tous ces hommes et ces femmes ce n'est pas par cruauté ou sadisme, c'est par vengeance, la vraie. Celle qui prend aux tripes, qui ne lâche pas une seule seconde le moindre recoin de votre esprit jusqu'à ce que quelque chose ait été fait. Dans le cas d'Ellie c'est tout tracé. Il faut tuer Abby.

Abby. Ce monstre assoiffé de sang. Cette psychopathe, ce démon qui massacre tout sur son passage. Celle que les joueurs haïssent au plus haut point car elle massacre Joel de sang-froid... Bah c'est sans doute l'un des points forts du jeu. Et oui, Abby est un très bon personnage et une très bonne opportunité pour te rappeller que les personnes que tu éviscères avec Ellie, bah ils ont sans doute une histoire complexe, des évènements tragiques qui les ont forgés en tant qu'êtres humains. Sont-ils en quête de rédemption ? Cherchent-ils à faire le bien ? Sont-ils en couple ? Ont-ils des êtres chères ? Et bah mon gars tu le sauras jamais, tu viens de le faire pêter la moitié de la tête avec une dose de calibre 12. Et t'as kiffé mon pote, je le sais parce que le gameplay appuie ça. C'est nerveux, parfois brouillon et surtout tout à fait compatible avec ce que j'adore lors d'un bon gunfight dans un JV, l'improvisation :
Merde, t'as plus qu'une cartouche de revolver et t'es poursuivi par un enfoiré qui joue à la machette sauvage ? Aucun soucis, envoie lui une bouteille dans la gueule ou fonce lui dessus en essayant d'éviter son coup pour contre-attaquer au marteau ou si t'es cerné, fume-lui un genou, chope-le en bouclier humain et trouve un abri pour lui faire sa fête.
Tant de possibilités, toutes valables et efficaces si bien executées.

Pour en revenir à Abby, je comprend la haine à son égard... Avant qu'on la joue. Je me pose vraiment la question, comment certains joueurs font pour rester fermés face à ce que montre son parcours. Alors oui, le jeu nous force à la jouer mais c'est justement ça le tour de force, on y va à reculons et puis on commence à mettre de grosse mandales, on découvre la raison qui la pousse à tuer Joel, on apprend à connaître ses amis qui ne sont pas si différents des gens qu'on pourrait rencontrer à Jackson ! (Sauf Jordan, le gars à qui on taillade la joue lors de la mort de Joel, qui est un gros con de bout en bout.) Ce ne sont pas de mauvaises personnes. Ni même Abby qui regrette ce qui s'est passé, elle ne s'est pas reconnu lors du meurtre et cherche à faire quelque chose de juste, pour se rattraper.

Et tout ça dure jusqu'à la fin... Où finalement après avoir tant versé le sang, Ellie renonce à aller jusqu'au bout. Blessée et traumatisée, elle rencontre une Abby qui l'est tout autant et après un combat enragé mais au final plutôt pathétique, elle se rend compte de l'inutilité de tout ça. Pourquoi continuer ? Ellie n'a plus rien, plus personne, plus de famille alors à quoi bon tuer Abby si rien de bien ne peut en découler ? Donc Ellie fait la seule chose plus difficile que la vengeance, elle tente de pardonner. Et ça, ça vous a fait chier hein ? Qu'un personnage arrive à éprouver de l'empathie pour un adversaire. Vous auriez aimé avoir le choix, vous vouliez tuer Abby, revenir avec Dina et vivre heureux jusqu'à la fin des temps... Mais qu'est-ce qui vous a fait croire que ça allait se passer comme ça ? Comment tout ça aurait pu bien se terminer ? Faut être aveugle pour ne pas voir que la vengeance d'Ellie va trop loin et dépasse le point de non-retour. Il fallait qu'Ellie agisse après ce carnage et elle l'a fait.

Ellie rentre chez elle pour découvrir une maison vide et tombe sur la guitare de Joel, elle joue quelques notes avec deux doigts en moins et se rend compte que ça ne marchera plus. Et dans ce geste, elle perd la seule chose qui la reliait encore avec Joel, la musique.

Certes Ellie finit seule, mais aussi libérée. Cette fin est parfaite et en totale adéquation avec ce qui se déroule dans les deux jeux. Y'a pas de méchants ou de gentils dans l'histoire.
Juste des personnages brisés qui cherche un but et un sens pour exister alors que tout autour d'eux, le monde finit par s'écrouler de nouveau.