Grandement encouragé par le renouveau de popularité de sa saga légendaire, Nintendo a entendu livrer à ses fans une petite fournée de Zelda entre Breath of the Wild et sa suite désormais annoncée.
Peut-être par facilité, Nintendo a opté pour le remaster d’un vieil épisode sorti sur Game Boy seize ans plus tôt, le fort bien nommé Link’s awakening. À défaut d’un épisode original, c’est l’occasion pour les amoureux de cet épisode de le refaire dans une version modernisée et assouplie. Et surtout, c’est la meilleure manière pour ceux qui n’y avaient pas goûté à l’époque de s’imprégner de l’ambiance particulière du jeu en retrouvant le Héros du Temps sur une bien étrange île. Et puisque c’est mon cas, je vais pouvoir en parler en mettant de côté toute nostalgie ou rancune particulière.
Au rayon des améliorations, comme de juste pour un remaster, les musiques ont été réenregistrées et donnent de la profondeur à des thèmes qui, c’est bien normal, étaient très limités sur leur support d’origine. Ils sont ici magnifiés et je veux bien croire que les amoureux du Link’s awakening original ont dû avoir le cœur gonflé de fierté en entendant leurs thèmes chéris (re)prendre vie, en plus beau. Reste que certains thèmes qui reviennent très souvent finissent par lasser. Il ne s’agit pas de la grande majorité, mais cela mérite d’être signalé.
De la même manière, la partie graphique a été complètement refondue ; qu’il s’agisse de la direction artistique elle-même ou de la technique. Les presque deux décennies passées ont ouvert des portes ayant permis à Nintendo d’offrir au joueur un jeu à la hauteur de ses ambitions, avec un univers mignon et agréable à arpenter. Les différentes régions du monde comportent leurs singularités, les rendant immédiatement reconnaissables. Les couleurs chatoyantes tout comme le design des PNJs et ennemis donnent au tout un côté enfantin et une touche d’innocence fort agréables.
Pourtant, quelques éléments font tâche : Link n’a pas une belle bouille ; il fait plus objet que personnage, en comparaison des PNJs. Cette impression n’est peut-être pas partagée, cela pourra même éventuellement paraître logique à certains, rappelant le côté marionnette du personnage dans chaque Zelda, instrument ou réceptacle du joueur, mais je n’ai pas apprécié cet aspect.
De même, le framerate pète littéralement un câble dans l’une des zones du jeu : le Marais des Anémones. Ça ne dure pas longtemps, mais c’est vraiment dommage, d’autant qu’il n’y a rien d’outrageusement difficile à afficher pour la console.
Enfin, j’ai remarqué quelques couacs dans certains contrôles. A titre d’exemple, les plateformes devant être guidées dans le dernier donjon ne répondent pas toujours au doigt et à l’œil, obligeant à recommencer des mini puzzles simples. De la même manière, la jouabilité sur huit axes entraînent inévitablement de la complexité malvenue dès lors qu’il s’agit de viser une cible mouvante en diagonale avec des flèches ou le boomerang. Ce n’est pas insurmontable ou véritablement pénalisant, juste pénible.
Cela n’empêche pas le jeu d’être agréable à traverser. Comme précisé précédemment, les régions sont accueillantes et, si les ennemis savent parfois se montrer coquins, le jeu reste une promenade de santé sans qu’on soit réellement mis en danger. Les zones étant assez petites, on ne se perd jamais et on ne trouve pas non plus le temps de trop s’ennuyer.
Le jeu compense d’ailleurs la petitesse de ses environnements par un très faible nombre d’indices sur la route à suivre, en particulier durant les premières heures. Ce choix pousse le joueur à explorer et à rencontrer des chemins inaccessibles jusqu’à trouver le bon. Ce n’est pas désagréable, d’autant qu’au fur et à mesure de l’avancée, des points de téléportation vont apparaître et réduire toujours plus le temps pour aller d’un point A à un point B. Et Nintendo a pensé aux joueurs pressés en implantant en divers endroits du monde un téléphone permettant de joindre un PNJ qui rencarde sur la prochaine destination.
Le plus gros défaut du jeu reste son extrême facilité qui rend le voyage bien fade, ou, tout au moins, sans panache. Malgré un game design aux petits oignons, quelques donjons super bien pensés dans leur level design et quelques découvertes surprenantes comme la baguette de feu, le voyage ne marquera pas durablement. Impossible de se souvenir quel boss gardait quel donjon tant ces gardiens se font brutaliser, ne contribuant pas à imprimer les combats en mémoire.
Un épisode qui mérite donc d’être fait, qui réjouira les fans de la première heure à condition de ne pas être allergique au style graphique, mais qui ne constitue qu’un joli reflet d’une époque révolue et dont les codes d’appréciation ont laissé place à d’autres. S’il a pu être un grand jeu autrefois, Link’s awakening version Switch restera uniquement une parenthèse agréable où Link s’est mué en Héraut du Temps Jadis venu nous rappeler que Nintendo a toujours maîtrisé le game design.