En général, je ne porte que peu d'intérêt aux remakes de jeux que je possède et que j'ai déjà faits. Mais il y a des œuvres comme ça, les Madeleines de Proust comme il paraît qu'on les appelle, qui font perdre toute rationalité dès que leur souvenir se rappelle à nous. Cela a été mon cas lorsque, à la toute fin de la bande-annonce annonçant The Legend of Zelda: Link's Awakening sur Switch, version remise au goût du jour du jeu jadis sorti sur la vénérable Gameboy, résonnèrent timidement les 3 premières notes de la Ballade du Poisson Rêve (mais chantée par une vraie voix humaine cette fois), musique faisant sans contexte partie de mon Top 3 des plus belles mélodies du jeu vidéo avec un grand J. Dès lors, pas de doute, il me fallait me le procurer et retourner sur Cocolint, revivre cette si belle et mélancolique aventure.
Alors évidemment, ce remake est très proche de l'original, l'île est reproduite à l'identique, les donjons a priori également. Les graphismes ont été logiquement revisité, dans un style suivant celui instauré par A Link Between Worlds sur Nintendo 3DS; c'est très joli et extrêmement agréable à l'œil, à coup sûr un bon argument pour attirer des joueurs peut-être un peu rebutés par ce qu'ils pourraient considérer comme une désuétude du noir et blanc pixellisé de la Gameboy.
La musique, comme évoquée plus haut, a été orchestrée, profitant des moyens actuels, et Ciel que c'est cool de pouvoir entendre une belle voix humaine entonner cette si douce ballade! Pour le reste la bande-son est bien sûr toujours aussi bonne, grâce à cette orchestration mais également grâce au talent et à l'audace des compositrices de l'époque, dont le travail est très bien expliqué ici.
Le seul ajout vraiment original, soit la possibilité de construire ses propres donjons, est franchement dispensable et peu intéressant et n'a d'intérêt que lorsque l'on sait que c'est le chemin vers un quart de cœur...
Au final, ce remake ne révolutionne absolument rien, mais est d'un confortable si maîtrisé que je ne peux m'empêcher de l'adouber. Il ne réussira certainement pas à remplacer l'original de 1993, qui à mes yeux n'avait pas besoin de toute ces refontes pour être exceptionnel, et qui tirait même profit de ces limitations techniques pour laisser place à notre imagination; mais bon, là je joue au bon vieux conservateur. En tout état de chose, mon conseil restera le même: jouez à Link's Awakening, que ce soit sur Switch, Gameboy Color ou Gameboy, afin de vivre une aventure exaltante, mais aussi douce et d'une mélancolie qui encore aujourd'hui me donne des frissons, que je suis certain de n'être le seul à avoir.