Sorti en 1998, Ocarina of Time, cinquième volet de The Legend of Zelda, fait le pari de faire passer une série d'aventure-rpg en 2D vue du dessus à la 3D. Après des titres tels que A Link To The Past (SNES) et Link's Awakening (GB) qui restent encore aujourd'hui les meilleurs titres de la série en 2D, il était audacieux de procéder à une telle adaptation qui risquait de décevoir les fans. Défi relevé, et ô combien réussi. Retour 12 ans en arrière sur un des meilleurs jeux Nintendo 64, et l'un des meilleurs Zelda.
La console s'allume, et démarre la vidéo d'introduction où l'on voit Link chevaucher au travers de la plaine d'Hyrule sur une musique légère et entraînante. Les fans reconnaitront à coup sûr la mélodie de la flûte, reprise du tout premier Zelda. Puis, l'on accède au classique menu rythmé par la mélodie des fées et ses trois fichiers de sauvegarde acceptant enfin huit caractères pour le nom (vu mon pseudonyme, c'est également important !).
Enfin, le jeu se lance, démarrant sur une cinématique utilisant le moteur du jeu qui introduit l'histoire. Dès le début, le ton est donné : l'heure est grave, il est temps pour le héros, Link, de suivre sa destinée. Toutefois, nous sommes loin du classique chevalier volant à la rescousse de la princesse. OoT a un scénario plus profond, plus sombre. L'histoire est ponctuée de cinématiques détaillant la création du monde et de la Triforce, ainsi que de nombreux autres éléments constituant l'univers. Quant à la trame scénaristique, elle n'est pas sans surprise, notamment une fois les trois pierres ancestrales réunies, ou les six sages éveillés. Elle est ponctuée d'une ambiance sombre et tragique. Des villages sont détruits, des personnages et des peuples disparaissent. L'on est sans conteste dans une version plus mature de la série, Link lui-même passant à l'âge adulte au cours du jeu.
Ce côté mature colle plutôt bien aux graphismes du jeu (qui s'opposera cinq ans plus tard à Wind Waker avec son Link et son cel shading plus enfantin) qui, à l'époque où le jeu est sorti, étaient remarquablement beaux. Qu'il s'agisse des animations ou de la richesse des décors et des textures, le jeu est agréable à l'œil, même encore aujourd'hui, bien qu'un peu cubique pour nos standards actuels. Les différents environnements sont bien travaillés, et contribuent à une magnifique ambiance où chaque région et chaque donjon est véritablement unique. La bande son y participe également : riche également, elle reprend certains thèmes déjà connus (celui de la princesse Zelda et du village Cocorico) et en introduit de nouveaux qui deviendront eux aussi des incontournables de la série, notamment le nouveau thème des bois perdus et le chant des tempêtes. La musique est d'ailleurs à l'honneur, car en plus de l'ambiance sonore enchanteresse et variée, il est possible de jouer de l'ocarina. De nombreuses mélodies sont apprises au cours du jeu, que l'on peut rejouer à tout moment, en plus de pouvoir utiliser l'instrument librement.
L'immersion dans le jeu se fait très vite, et d'autres éléments en plus des cinématiques viennent enrichir l'univers, notamment grâce à la possibilité de connaître le nom et le point faible des ennemis, mais aussi de pouvoir discuter avec des pierres à potins disséminées un peu partout dans le jeu. Celles-ci, en plus de donner l'heure du jeu, pourront une fois une annexe complétée vous raconter des anecdotes sur la création du jeu ou les personnages qui le peuplent.
Côté gameplay, le joueur est servi. La prise en main est très simple, Link réagit plutôt bien, et le combat est facilité par le verrouillage de la cible. Les affrontements à l'épée restent simples, mais agréables. Trois objets de l'inventaire sont assignables à des boutons, ce qui facilite la vie, en évitant de passer trop souvent par le menu de sélection à l'instar des précédent opus. Seul bémol pour les bottes qui doivent être changées manuellement, ce qui est pénible dans le temple de l'eau notamment.
Le jeu intègre un certain nombre d'éléments nouveaux, notamment les cycles jours/nuits qui influent sur la présence des personnages et des monstres, la météorologie, le déplacement dans le temps, et la possibilité d'avoir un cheval pour se déplacer. Autant d'éléments qui font le charme du volet, notamment la possibilité de voguer à volonté entre Link enfant et Link adulte et de retrouver les personnages à sept ans d'intervalle. On ne peut que regretter que les actions menées en tant qu'enfant n'influent pas ou peu le monde que l'on arpente en adulte en dehors de la trame principale.
Toutefois, les personnages secondaires que l'on retrouve aux différentes époques sont tous attachants, et c'est avec plaisir que l'on part à leur recherche une fois le royaume d'Hyrule sans dessus dessous afin de pouvoir éveiller les sages et vaincre Ganondorf. Certains auront besoin d'aide, d'autres vous aiderons au long de votre quête (on retrouve le fameux sage incarné en hibou de Link's Awakening). Dans l'ensemble, on se sent épaulé, notamment grâce à la présence de Navi, la fée qui vous accompagne.
En terme de durée de vie, l'aventure principale tiendra en haleine pendant un moment, le support 3D rallongeant considérablement la durée de vie par rapport aux précédents opus. De plus, le jeu propose plusieurs annexes aux récompenses parfois très alléchantes, notamment la possibilité de chevaucher la jument Epona ou encore l'obtention d'une épée à deux mains. Bien entendu, l'on retrouve l'éternelle chasse aux quarts de cœur, ainsi que divers mini-jeux pour agrandir la taille du carquois de l'arc ou du sac de bombes.
Que dire d'autre ? OoT a réussi sur tous les points : graphismes, gameplay, bande son, univers, scénario rythmé, durée de vie, nouveautés... avec aucun réel défaut ne venant entacher l'expérience de jeu. Le passage à la 3D est une vraie réussite, et donne une nouvelle dimension à l'aventure. Un jeu à posséder, à faire et même à refaire si l'on aime le genre. Les plus téméraires pourront même s'aventurer sur Master Quest (sorti sur Gamecube avec l'édition spéciale de Wind Waker) qui propose des donjons entièrement réaménagés avec des énigmes bien plus coriaces. Incontournable.