Je n'ai pas pu jouer à Tears of the Kingdom le jour de sa sortie, j'attendais la fin de mes examens et de mes obligations étudiantes pour enfin y jouer, me récompenser d'une certaine manière d'avoir fini mon cursus universitaire, et d'avoir entièrement l'esprit libre pour y jouer pleinement, m'imprégner totalement de son univers, et en profiter le maximum, sans que rien ne puisse polluer mon esprit.

Mais j'ai failli. Un après-midi, alors que l'attente et l'envie d'enfin pouvoir y jouer était trop forte, j'ai lancé le jeu, mais je n'allais pouvoir y jouer qu'une seule heure, je savais que j'allais rester dans la zone de tutoriel, mais peu m'importait. Qu'est ce que sont plusieurs jours quand cela faisait depuis six ans que j'attendais cette suite?

J'ai lancé le jeu, ressentant alors l'excitation et la joie sans limite d'un enfant un matin de Noël. J'ai pris le contrôle de Link, ai traversé les profondeurs du châteaux d'Hyrule, ai vu Ganondorf, n'ai pas réussi à attraper la main de Zelda, et ai été sauvé par un bras magique.

Je récupère mon Épée de Légende à moitié détruite, et finalement sort pour admirer la grandeur du ciel d'Hyrule: le silence, brisé par le vent mais également par le saut de l'ange, et cet écran titre qui m'offrit un frisson tel que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps.

Et là, le Temple du Temps. Outre ma surprise et ma réflexion: "non, ça n'est pas le Temple du Temps, du moins, pas celui que je connais", quelque chose me frappa directement: sa musique. Il ne me restait qu'une trentaine de minutes à jouer, et j'en ai passé la majorité à flâner près du temple, à écouter cette musique qui n'annonçait pour moi que la grandeur de l'aventure que je m'apprêtai à vivre.

Et c'est là que j'ai tout compris. Tout le long du jeu, en repensant à ce lieu, cette île céleste du prélude, ce Temple du Temps et cette musique, que cette quête racontait la Dernière Défaite d'un Héros, l'accomplissement final d'une recherche constante de la vertu là où tout semblait perdu.

Breath of the Wild, au héros amnésique, ayant failli face à toute une armée, réveillé d'entre les morts dans le seul et unique objectif de sauver les restes d'un royaume qui ne le reste que par son nom, là où personne n'est à sauver, car la défaite est déjà passée, et ses cicatrices ne pourront jamais être soignées. Une quête solitaire; Link, le seul et unique pouvant sauver Hyrule, a supporter le poids de la responsabilité de détruire le mal, mais pour quoi, finalement? Le royaume est en ruine, des milliers sont morts, et Tears of the Kingdom, bien que montrant la renaissance du royaume, est encore parsemé de tous ces témoignages du Fléau.

Tears of the Kingdom est l'un des seuls jeu de la série racontant réellement une légende de Zelda. Ne pas avoir rattrapé sa main a mené à des changements radicaux, de nouvelles histoires, et au moment où je pensais connaître tous les recoins d'Hyrule, le royaume changea du tout au tout en un instant.

Il nous est raconté l'histoire d'une civilisation ancestrale, quasiment entièrement oublié, la fondation même du royaume avec ses traditions et son histoire, et tout cela à travers les yeux de Zelda et de Link. Zelda, plus que jamais dans cette légende, a un rôle majeur, en tant que le protagoniste de cette légende qu'elle a elle même enclenché.

Et la musique du Temple du Temps résume entièrement ce sentiment de vertige, cette histoire millénaire qui nous est raconté, ce sentiment d'être sur un lieu sacré, le seul et unique lien qu'il nous reste avec Zelda. Ce lieu et cette musique fait entièrement ressentir le poids de cette légende millénaire. Le poids de cette quête inattendu mais qui nous est forcé d'accomplir; le poids de la responsabilité de devoir de nouveau sauver Hyrule d'un mal surpuissant; le poids de savoir que Zelda est coincée dans le passé et qu'aucune solution ne se discerne pour la sauver; le poids de la culpabilité, car ne pas avoir réussi à sauver Zelda suit Link tout le long de l'aventure; le poids d'évoluer dans un environnement très familier, mais que l'on redécouvre comme bien différent et hostile.

Dans ce nouvel Hyrule qui a commencé à se reconstruire, nombreux sont ceux qui vous reconnaissent et vous aident. Que cela soit les habitants du royaume inconscient de votre quête; les archéologues qui cherchent des réponses que vous avez déjà; ainsi que les Sages qui vous accompagnent. Mais Link reste, finalement, incroyablement seul dans sa quête. Il est le seul à savoir où est Zelda, le seul à savoir réellement qui sont les Soneaux, le seul à savoir pour Ganondorf, et, encore une fois, le seul à pouvoir sauver le royaume. Et cette musique du Temple du Temps résume entièrement, avec son minimalisme épique, son saxophone vibrant faisant ressentir le vent passer dans les cheveux de Link, et son piano puissant poussant à vivre l'aventure de toute une vie, le poids de cette quête silencieuse et solitaire que vous avez encore une fois à accomplir.

Mais malgré la solitude, et là où Breath of the Wild la montrait à son paroxysme, Tears of the Kingdom est ancré dans les connexions. Link n'a pas réussi à attraper la main de Zelda, mais chacun des grands moments de l'aventure se déroulent alors que vous en serrez une.

Et à la fin, alors que Zelda tombe de nouveau, après des dizaines, voir des centaines d'heures d'une aventure hors du commun, vous attrapez finalement la main de la princesse millénaire, la légende elle-même, victorieux. Car le dernier objectif du jeu n'est pas de détruire Ganondorf, mais bien de sauver Zelda.

Tears of the Kingdom raconte l'histoire de la Dernière Défaite d'un Héros. La défaite de ne pas avoir réussi la simple tâche d'attraper la main de sa princesse. La défaite de voir l'Épée de Légende, l'incarnation même de la puissance de la Déesse Hylia, se briser en milles morceaux face à l'attaque d'une momie à peine réveillée. La défaite de réveiller l'incarnation du mal par erreur, alors qu'il était même interdit de le mentionner auparavant.

Mais Link, à travers son périple pour regagner la lumière et se soigner, avec l'aide de tout un royaume et des cinq sages, détruit ce mal ancestral, plus vieux encore que le Fléau. Là où Zelda avait scellé Ganon grâce au pouvoir de la Triforce gardée dans le Saint Royaume, Link le détruit purement et simplement, et se repent finalement de sa dernière défaite, car Ganondorf n'est maintenant qu'un lointain souvenir. Cette défaite est scellée à jamais par le serment des quatre sages, prêts alors, avec l'aide de la princesse, héritière du pouvoir sacré des Déesses et détentrice du pouvoir du Temps, et l'aide du Héros des Landes, élu de la Déesse et porteur de la Lame Purificatrice, de garder Hyrule dans une paix éternelle.

Et tout cela, toute cette aventure, tous ces rebondissements, tout le poids et le vertige de cette odyssée, toutes les défaites, ces 235 heures de ma vie passées à finir entièrement ce jeu qui m'a fait rire et pleurer. Tout cela, je l'ai ressenti, dès le début, et pendant toute mon aventure, dans la musique du Temple du Temps, que je revenais visiter après chacun de mes accomplissements, pour me rendre compte que cette légende allait bien plus loin que je ne le pensais: un récit millénaire raconté à la fois au passé et au présent: la Chute d'une Princesse, et la Dernière Défaite d'un Héros.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est un grand jeu. C'est un monument érigé à la gloire de l'une des plus grande saga de l'histoire du jeu-vidéo. C'est un gameplay et des mécaniques absolument pharamineuses, c'est une trame tragique créant une ambiance de désespoir totale mais également d'espoir; c'est la reprise d'une saga légendaire qui en un seul jeu créé une toute nouvelle mythologie. C'est une pure lettre d'amour écrite à l'art du jeu-vidéo. Encore une fois, Nintendo a prouvé que, bien qu'il est le pire studio en terme de relation avec sa communauté, est le chef absolu en terme de création vidéo-ludique. Ce jeu, et encore plus que Breath of the Wild, c'est un jeu qui fait se demander à tous les autres éditeurs ce qu'ils font dans la même industrie que celle où existe Tears of the Kingdom.


Mais les îles célestes sont toujours là et le château flotte toujours dans les cieux. Avec tous ces bouleversements et révélations, Hyrule est encore rempli de mystère. Où se trouvent BOTW et TOTK dans la chronologie? Zelda a-t-elle voyagé dans le passée d'une autre version d'Hyrule, ou dans celle dans laquelle Link évolue? Que représentent les profondeurs, à part une éventuelle version d'Hyrule dans laquelle Rauru n'a pas réussi à sceller Ganondorf?

Ces landes n'ont pas encore fini d'être entièrement explorés. Ce nouvel Hyrule, déjà gigantesque, regorge encore de secrets cachés, et je n'attend qu'un ou plusieurs potentiels DLCs à Tears of the Kingdom pour répondre, ou pas, à tout ce que Hyrule a à nous offrir.

Treeeop
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Jeux vidéo et Mes plus grosses attentes jeux-vidéo

Créée

le 6 juil. 2023

Critique lue 40 fois

1 j'aime

1 commentaire

Treeeop

Écrit par

Critique lue 40 fois

1
1

D'autres avis sur The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom
Leon9000
9

L'envol du Dragon

J’ai rapidement compris que Tears Of The Kingdom ne serait pas un de mes Zelda préférés.Drôle d’entrée en matière, je sais, mais la question est après tout légitime (et même instinctive) lorsqu’une...

le 24 mai 2023

40 j'aime

5

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom
Ckai
10

Le Zelda qu'on attendait tous (no spoil)

Je craignais d’avoir du réchauffé et comme beaucoup d’entre nous je ne voulais surtout pas avoir un BOTW 1.5 ou une impression de DLC à 60 balles. Les trailers me donnaient envie : ok on voit le...

Par

le 20 mai 2023

31 j'aime

2

Du même critique

Thrill of the Arts
Treeeop
8

Critique de Thrill of the Arts par Treeeop

Après leurs quatre premiers EP sortis entre 2012 et 2014, c'est en 2015 que Vulfpeck décida finalement de produire son premier album, Thrill of the Arts, étant la suite parfaite de ces quatre...

le 10 nov. 2023

1 j'aime

Szabodelico
Treeeop
6

Nouveauté Familière

Causa Sui a toujours été pour moi ce groupe de stoner et de rock psychédélique que j'ai toujours chérie, que j'ai toujours aimé écouter mais qui quelques fois ne faisait pas l'unanimité dans mes...

le 14 nov. 2020

1 j'aime

1