Voilà une proposition ludique singulière et quasi expérimentale : le Roi du monde souterrain m'a confié, à moi, l'Ombre, le soin de le réveiller de son sommeil dans 400 jours, me promettant alors « Un monde sans attente ». J'ignore ce qu'il veut dire par là.
J'erre dans des couloirs sans fin et, je l'avoue, j'ai osé m'aventurer au-delà des limites imposées par le Roi. Pour tromper l'ennui. Dans l'espoir aussi d'y trouver quelque chose pour me distraire.
Le temps semble s'étirer à l'infini, je traîne les pieds et je nourris des pensées tantôt sombres tantôt philosophiques... la différence ne tient pas à grand chose au fond. Parfois je regarde le fond du précipice et je ressens l'impulsion de m'y jeter pour mettre fin à cette attente déprimante.
L'araignée, ma seule amie, ne m'aide guère avec sa répartie limitée.
Pourtant tout n'est pas sans espoir : je découvre que le monde n'est pas aussi figé qu'il le semble. Simplement il se modifie lentement et cache peut-être des distractions plus excitantes que les quelques livres, lus et relus, qui composent ma maigre bibliothèque.
Et il y a ces rêves d'un ailleurs dont, parfois, je me prends à espérer qu'il existe. Je dois y croire : d'une manière ou d'une autre l'attente prendra fin et ma mission ingrate trouvera sa justification.
C'est aujourd'hui mon anniversaire : une lumière intense a envahi mon refuge. Je ne suis plus l'Ombre que j'étais il y a ce qui me semble déjà une éternité. Je fais un pas dans l'inconnu : l'attente est terminée.