Le jeu ne cache absolument pas s'inspirer des deux premiers Silent Hill. Tout y est : le chemin de non retour, le monstre géant harceleur, les ascenseurs, les escaliers, les plans de bâtiment, deux mondes opposés, quelques scènes directement inspirées de la licence japonaise (la lampe torche derrière les barreaux, on t'a vue), les couloirs délabrés, les chaises roulantes avançant seules, des bestioles volantes, une fin sur un lac, un personnage jouant tour à tour le rôle de Laura, de Maria puis d'Alessa... Sans les bonnes idées de mise en scène en écran splitté (notamment la dernière scène), The Medium n'aurait peut-être été qu'un recrachat de jeux vieux de plus de vingt ans, avec certaines animations corporelles et effets de caméras fixes qui semblent parfois aussi provenir de la fin des années 90. J'aurais d'ailleurs tendance à dire que les cinématiques de The Medium sont moins jolies que celles de SH2.
Certain.e.s semblent déçu.e.s que ce ne soit pas un vrai survival, mais vue la sale gueule des passages d'action et de fuites (décidément Bloober est vraiment mauvais dans ce domaine ; les phases les plus "infiltration" restant tout de même moins casse-bonbons que celles d'Observer), moi je m'en félicite assez.
Solide dans sa narration (une première selon moi dans une oeuvre de Bloober, avec notamment une forme d'anaplodiplose d'un bien bel effet) et dans sa direction artistique, le jeu pêche dans sa partie technique avec des scripts qui peuvent parfois mettre un temps infini à se lancer et ce sans raison, des textures qui apparaissent quand elles le souhaitent, les phases en écran splitté demandant deux fois plus de ressources, divisant le framerate au moins par deux pour passer fréquemment sous la barre des 25/30 fps sur une config modeste, et des choix de placement de caméra plus qu'hasardeux, spécialement dans le dernier quart du jeu. Je pointerai de plus du doigt une sorte de giiiiigantesque ventre mou au beau milieu de l'oeuvre : je dirais qu'il y a quasiment deux heures de jeu ou l'on ne fait qu'avancer dans des couloirs parfaitement linéaires.
J'ai beau jouer les méchants depuis tout à l'heure mais je sais reconnaître à Bloober leurs efforts : The Medium est de très loin le jeu le plus ambitieux et abouti du studio, le boulot sur le son, la musique et les doublages aidant à s'immerger facilement sans nous perdre dans une scénarisation trop complexe, un gameplay mal fagoté, des énigmes inutilement tirées par les cheveux ou des jump-scare pour ado. Un bon p'tit jeu en somme. Nickel pour le Game Pass d'ailleurs...