Un jeu qui a du corps !

The Missing nous propose d'incarner J.J. McField, une jeune femme partie en vadrouille avec sa meilleure amie Emily pour laquelle elle éprouve un profond béguin. Après la disparition de sa camarade, J.J. part à sa recherche et obtient sur le chemin des pouvoirs de régénération.

Dans les faits, on va résoudre bon nombre de puzzles grâce à cette faculté qui permet, entre autres, de lancer son propre bras ou de brûler des barrières végétales alors que le corps de JJ a pris feu. Ce pitch original vient pimenter des puzzles plutôt classiques pour la plupart, à base de caisses à déplacer au bon endroit. Effectivement, ce qui vient amuser c'est la plasticité du corps de J.J. qui est mis à l'épreuve de bien des manières. Parmi ces originalités, il y a les phases où la tête de l'héroïne se faufilera dans des canaux exigus et celles où en brisant sa nuque on inverse la gravité. Un vrai soin est apporté aux multiples animations du personnage. En cultivant un équilibre fragile entre l'humour noir et le morbide, le jeu arrive à montrer la souffrance subie par le personnage, mais aussi le reste de la palette d'émotions que JJ va traverser tout au long de son histoire, en dehors de ces puzzles un brin inhumains. En effet, la force du jeu, ce qui le fait passer du statut de petit plaisir à celui de grand titre, est son scénario et sa grande cohérence thématique. C'est via un téléphone portable que l'on peut découvrir l'histoire de J.J.. On a ainsi accès aux discussions qu'elle a pu avoir avec Emily et sa mère mais aussi aux échanges avec ses camarades de classe ou son professeur. Certains sont drôles, d'autres sont étranges quand les plus importants sont déchirants et déroulent un discours subtil et juste sur le choc générationnel, la dépression et l'acceptation de soi.

Comme les autres jeux de Swery, The Missing souffre de nombreux défauts qui peuvent être partiellement expliqués par la toute petite taille de l'équipe du titre composée de 9 personnes. Parmi ces soucis, on peut citer des problèmes techniques avec des ralentissements, des graphismes à la ramasse, du clipping ou des réutilisations de doublages mais aussi des faiblesses de design avec des placements de checkpoints hasardeux, des imprécisions dans les mouvements du PJ, etc. Pourtant, la force évocatrice du jeu, l'émotion qu'il peut faire ressentir, sa réinterprétation originale -aussi amusante que touchante- des genres du cinematic platformer et du jeu de puzzle, balaient d'un revers de main tous ces problèmes.

Pour les larmes que le jeu m'a tirées, je ne peux pas en vouloir à The Missing. La production de White Owls dépasse définitivement le stade de curiosité, il s'agit d'une pépite rare dont le corps est supérieur à la somme de ses membres.