The Talos Principle est un de ces jeux qui paye pas de mine, mais qui pourtant dépote. Le jeu est joli sans plus, pas fait par un grand studio (les Serious Sam sont cools, mais cassent pas trois pattes à un canard). Et puis soyons honnête, les jeux d'énigmes, c'est où très chiant, ou très dur, ou trop facile : un dangereux jeu d'équilibriste que peu ont réussi à maîtriser (Portal vient en tête, voire The Witness).
Je ne sais même plus quand je l'ai acheté, pour dire. Il n'y avait que la jaquette du jeu qui m'intriguait. Autant vous dire que je m'attendais vraiment rien en le lançant. Pourtant... Pourtant le jeu met tout de suite dans une ambiance. On arrive dans des ruines romaines, et l'on comprend très vite que l'on est un androïde. Une voix résonne dans le ciel : un certain "Elohim" (Dieu en Hébreu), nous apprend que pour accéder à la vie éternelle, il faut réussir certaines épreuves, collectant ainsi des sigils.
Alors on s'y attelle. Mais très vite, on sent qu'il y a un fantôme dans la machine. Plus l'on résout d'énigmes, plus l'on comprend que tout ne tourne pas rond dans le monde d'Elohim. Des QR codes, disposes çà et là, révèlent des messages laissés par d'autres que nous, et montrent que nous ne sommes pas les premiers à fouler ses terres. On trouve des enregistrements vocaux, laissés par des humains, dont on ignore le sort. On découvre des ordinateurs, peuplés d'archives textuelles par des chercheurs ou des textes philosophiques (Artistote, Kant...). Et on se rend vite compte que ces archives semblent dotées d'une conscience : une sorte d'IA qui questionne nos choix, nos réflexions métaphysiques, notre rapport au monde, à l'âme, à la religion.
Ce jeu, je l'aime beaucoup. Pour plusieurs raisons. Déjà, parce qu'il m'a permis de me rabibocher avec la philosophie, matière au combien dépendante de la personne qui vous l'enseigne en Terminale (autant vous dire que le mien était hautain et nul). Parce qu'il est assez équilibré : les énigmes sont pour la plupart raisonnablement solvables dans un laps de temps correct. Et puis, parce qu'il expose une certaine mélancolie dans ses paysages. Car en plus des ruines romaines citées plus haut, vous arpenterez des ruines égyptiennes et médiévales. Même si les graphismes sont datés, on se sent immergé dans une reproduction fidèle de ces différentes époques. Couplez ces paysages avec une musique relaxante qui reste thématique, sans être cliché, et ces paysages apparaissent véritablement comme crédibles : The Talos Principle fait partie de ses ô combien rares jeux où j'ai lâché ma manette pour contempler les décors.
Bien sûr, il n'est pas exempt de défaut : les doublages français laissent à désirer, et on reste un peu sur notre faim en finissant le jeu. Surtout, certaines énigmes, comme les étoiles cachées dans chaque niveau, sont des fois un peu, voire carrément capillotractés. Heureusement, c'est véritablement si vous comptez finir le jeu à 100% que vous devrez tâcher de résoudre ces dernières.
The Talos Principle, sous ses airs de jeu lambda, cache en réalité un gameplay très solide, porté par une histoire d'apparence simpliste, mais dont le contenu porte à réfléchir sur la nature humaine et l'existence de l'âme. Le principe de Talos, c'est en vérité le questionnement de savoir si une machine, qui pense, agit, est émue comme un humain, peut être considéré comme tel (des questionnements que l'on retrouve dans des films cultissimes comme Blade Runner). C'est un questionnement intéressant, je trouve, qui perturbe mais qui ne laisse personne indifférent. Après tout, si l'on considère que notre sang est notre électricité, que notre cerveau n'est rien d'autre qu'une grosse unité centrale automatisée et que nos actions suivent des lois probabilistes pondérées par nos émotions, ne peut-on pas être considérés comme une machine ? Quant à la question inverse, le principe de Talos, je vous laisse découvrir le jeu si la réponse vous intéresse.