Romantique dans l'âme, je dois avouer que j'ai un peu le culte des ruines. L'air frais qui passe dans les oreilles et les cheveux, qui en se frappant sur ces pierres antiques vient presque siffler une mélodie ancienne. Quelques touffes d'herbes et quelques grands arbres qui poussent sans peine au milieu de ces constructions défaites, dont la rigueur géométrique subsiste aux yeux de qui revient l'observer...
Et bon sang qu'est-ce que c'est évocateur à ce niveau The Talos Principle ! Cinq ans après y avoir joué, je me rappelle parfaitement de tous ses paysages, et de l'intelligence avec laquelle les puzzles pouvaient y être articulés. Je me rappelais hélas aussi très bien de tout le reste : les dialogues pompeux et les réflexions philosophiques inabouties qui ne prenaient heureusement qu'une place minime.
Qu'en est-il donc de cette suite ? Et bien c'est très simple, ils ont mis les bouchées double. Les personnages parlent absolument tout le temps, et c'est tout aussi médiocre. L'amorce est un peu convenue mais potable : explorer un monde post-extinction repeuplé par des androïdes qui s'inspirent des plus grands humains pour faire société. Sur le principe, pourquoi pas, mais rien d'intéressant n'est fait avec ce contexte. Le jeu essaye de façon un peu autoconsciente de relier ça aux puzzles (comprendre les personnages qui s'exclament "c'est bizarre de résoudre des puzzles quand même !" chaque seconde), mais sans jamais s'imbriquer de façon intéressante avec le gameplay. J'ai vécu chaque ligne de texte comme une sorte de pollution sonore.
L'exemple qui m'agace le plus - Talos 1 le faisait déjà -, c'est probablement les choix de dialogues. À des moments inattendus, on t'impose un débat avec un personnage. Scénario oblige, les thèmes sont souvent politiques : Individualité vs Collectivité, écologie vs productivisme, démocratie etc. Et c'est abominablement écrit ! Le joueur ne peut utiliser que des réponses de couillon, et quoi qu'il choisisse, le personnage en face va avoir le dernier mot. Il n'est pas rare de finir l'arbre de choix avec comme possibilités "Tu as raison finalement", "Je vais y réfléchir..." ou un argument qui joue en notre défaveur. Et c'est comme ça tout le temps ! The Talos Principle 2 baigne dans un relativisme constant, où tout et rien ne se vaut. À la fin, tout le programme de philosophie d'une classe de Terminale y passe, et aucun thème n'a été exploré. Pourtant, ça m'intéressait le Beau, la conscience ou le déterminisme, mais j'en ressors avec l'impression d'avoir discuté avec un ado décérébré. Rien n'a d'importance et le reste est comblé par du namedropping foireux et des logs audio ou textuels tout droit sortis d'un jeu de 2007. Genre sérieusement les extraits de [philosophe grec] choisis au hasard qu'on te fait lire sans contexte à intervalle régulière ?
Si on s'arrête là évidemment, on dirait que c'est le pire jeu du monde... Mais force est de constater que les puzzles sont toujours sacrément bien ficelés. J'avais l'impression d'avoir fait le tour avec le premier opus, mais ils ont réussi à renouveler les mécaniques de façon intéressante (je suis toujours fan du clonage/enregistreur par exemple). La dose d'énigmes "out of the box" (littéralement) a été revue à la baisse, mais c'est toujours aussi satisfaisant d'essayer de casser le jeu et de le pousser dans ses retranchements. Après bon, est-ce que j'avais vraiment besoin d'une suite toute entière pour vivre ces quelques moments de plaisir ?...
C'est donc ça The Talos Principle 2 ; deux pas en avant, deux en arrière. Un peu vain tout ça.