Avant d’entreprendre l’exploration de cette œuvre faramineuse et gourmande en heures de jeu, j’ai pas mal hésité. Tout d’abord parce que je savais que le jeu avait une forte probabilité de me plaire, aimant énormément les univers de fantasy sur tous les supports (en série avec GoT, en cycle de livres avec La compagnie noire ou en films avec le SDA) et que je risquais d’y consacrer une immense partie de mon temps libre, mais aussi parce que je n’avais plus allumé ma play depuis des mois. Non seulement The Witcher 3 a bien répondu à mes attentes, en les surpassant même, mais il a confirmé mon inquiétude, puisqu’il est à l’origine d’une grande fatigue qui a causé mon état grippal. Il est certain que j’ai priorisé le jeu au sommeil pendant quelques semaines, à mes dépens. Mais je n’aurais pas provoqué un tel phénomène si le jeu n’en valait pas la chandelle justement. Parce qu’il mérite amplement son statut de jeu culte et de figurer parmi les plus grand jeux-vidéos jamais réalisés.
En premier lieu The Witcher 3 se démarque par la richesse de son univers et de son open world. N’ayant pas joué à tous les open world du monde, il est néanmoins considéré comme le meilleur dans son genre et j’ai en effet du mal à imaginer quelque chose de plus poussé. Les villes et les paysages ont une vraie identité, il n’est pas possible de les targuer de la fainéantise en de telles circonstances. Les décors montagneux de Skellige sont absolument sublimes, les villes de Novigrad et d’Oxenfurt sont très agréables, le beau temps de Toussaint d’une grande légèreté ou les marécages de Velen bien sinueux. Ils ont l’avantage d’être superbes visuellement mais aussi d’avoir leur propre identité. Avec une simple photo on peut tout de suite deviner d’où vient l’image en question et c’est incroyablement compliqué et long à mettre en œuvre. Outre les paysages, les créatures jouissent aussi d’une diversité exemplaire. Il est vrai que les monstres que l’on rencontre dans les égouts et dans la forêt sont très souvent respectivement des noyeurs et des loups, mais dans les quêtes ou les points d’interrogation on trouve de tout. Il y a une stupéfiante variété de créatures et c’est vraiment plaisant.
Toujours sur le plan technique, le gameplay est une véritable réussite. C’est d’une grande fluidité, on a très peu de bugs et les déplacements se font facilement. Même à cheval c’est très agréable de se déplacer, alors que mes expériences cavalières sur Assassin’s Creed ont plus provoqué des arrachements de cheveux que du plaisir. Ici, mis à part quelques obstacles qui peuvent être évités et des montagnes qui empêcheront à votre cheval tout déplacement, on est très libre dans nos mouvements. A pied, c’est encore plus le cas. On peut aller pratiquement où l’on veut (sauf dans les montagnes, le cauchemar de tout sorceleur), et l’escalade est extrêmement agréable, à ma grande surprise. Les combats sont très bien animés et on a l’embarras du choix dans nos possibilités d’action. Même si les combats face aux gardes ou aux malfrats deviennent rapidement légèrement répétitifs, face aux monstres il nous faut varier nos enchaînements ou utiliser différents pouvoirs ou astuces pour les vaincre. Tout cela est modélisé d’une magnifique façon.
Un des éléments les plus jouissifs et appréciables du jeu (tout en sachant qu’il y en a beaucoup) est le côté narratif. Beaucoup de nos choix ont des répercussions et des conséquences importantes dans l’histoire. Même le fait de ne pas faire une certaine quête secondaire devient crucial. Les dialogues sont tournés de façon à ce que nos réponses aient de l’importance. C’est un vrai plaisir, on se sent à la fois spectateur et acteur. Comme si on pouvait modifier le destin de nos héros.
A propos des dialogues, ils sont très bien écrits. Ils réussissent à donner de l’épaisseur et de la badasserie à nos personnages, notamment Geralt. J’adore la façon dont ils tournent leurs phrases et quelque soit notre choix de réponse, on sait qu’il y aura une pointe d’ironie et un humour noir bien plaisant. Ce sont bien ces dialogues qui rendent le personnage charismatique à souhait. C’est d’ailleurs aussi le cas des autres personnages, entre Triss et Yen on ne sait plus où donner de la tête.
Outre les décors d’une grande beauté et les personnages bien écrits, le jeu peut se prévaloir d’une histoire passionnante dans son ensemble, des quêtes principales aux quêtes considérées comme secondaires. Je dis bien considérées parce que certaines ont l’allure de quêtes principales tant elles sont travaillées avec soin et qu’elles incluent les personnages principaux. Une nouvelle fois, et c’est bien un thème qui revient souvent avec The Witcher 3, la diversité est de mise. Même une simple mission pour aider un villageois ou un contrat de sorceleur possède sa propre identité, une originalité qui ferait pâlir les plus imaginatifs. J’ai parfois réussi à m’attacher à certains personnages que l’on voit juste dans une quête secondaire, notamment le fantôme de la tour avec Keira. Les quêtes au trésor sont aussi très bonnes, notamment celles sur les armures personnalisées (loup, chat, griffon et ours). C’est un excellent moyen d’obtenir des vêtements bien classes, qui varient (esthétiquement et en terme de puissance) selon un certain niveau. La quête principale regorge de moments mémorables et totalement jouissifs, avec comme point d’orgue
la bataille de Kaer Morhen. Les émotions sont intenses, mais par dessus-tout j’ai adoré le moment où les principaux personnages de la Chasse sauvage entrent dans les murailles de Kaer Morhen, avec notamment Caranthir, assurément l’un des personnages les plus badass de l’histoire des jeux-vidéos. Le reste de la scène est sublime, je ne peux m’empêcher de la revoir régulièrement.
Le jeu est rempli de moments superbes, en ajoutant les DLC qui sont une franche réussite et qui ont une vraie utilité. Chapeau.
On pourrait écrire un livre sur le jeu tant ses points forts s’accumulent et semblent ne jamais s’arrêter. Je ne comptais pas en faire une critique aussi longue mais elle me semble finalement bien courte avec le recul, tant les idées me viennent encore et encore, sans limites apparentes. Quand je compare cela aux rares points négatifs, le jeu peut se vanter d’avoir un beau pourcentage de réussite.
L’univers est fait pour moi, c’est indéniable. Mais sans rentrer sur la question épineuse de l’objectivité, le jeu possède suffisamment de qualités pour satisfaire presque n’importe quel joueur. On sent un réel travail du développeur CD Projekt et on ressent clairement qu’ils respectent les joueurs. Et les joueurs leur ont bien rendu justice, en mettant le jeu sur un piédestal. Et ce n’est que justice.