The witcher 3 était attendu au tournant. Annoncé au tout début de la génération PS4/One, on espérait qu'il marque le vrai départ de cette "next gen". Repoussé maintes et maintes fois, sa sortie est bel et bien l'événement que l'on attendait.
CD Projeckt montre qu'un petit studio peut rivaliser avec le meilleur Rockstar. Le monde ouvert de Witcher 3 est magnifique ! Même s'il triche un peu en divisant son histoire en 2 cartes gigantesques et 2 autres plus petites, la crédibilité des mondes ouverts est bien là. D'ailleurs l'éditeur ne tombe pas dans le piège des RPG en créant des zones typiques (le monde de feu, de la glace etc.) et créé un univers crédible qui arrive néanmoins à jouer avec les décors à sa façon (vertes prairies, terrain montagneux, monts enneigés, marais boueux, champ de bataille etc.). Nous sommes happé dans le monde de Geralt de Riv et ce n'est pas l'écriture des dialogues ou de l'histoire qui nous en fera sortir. Point fort des épisodes précédents, les discussions de The Witcher 3 sont très bien écrites et même si on pourra regretter certaines quêtes un peu trop bavardes pour pas grand chose, il fallait bien ça pour là encore rendre l'univers de Geralt tangible. Pour éviter de nous ennuyer, on nous demande régulièrement de faire le choix des phrases même si ce n'est qu'à de très rares occasions que nos choix auront un véritable impact. De quoi changer la tournure de certaines quêtes ou de faire d'un PNJ un "allié ou ennemi". Ce n'est que dans la dernière ligne droite que nos réponses prennent vraiment une tournure capitale pour l'univers de The Witcher (même si là encore, cela se matérialise par un simple changement d'artworks de fin).
Parallèlement à l'univers riche et énorme, le jeu regorge lui aussi de détails dans son gamedesign. Geralt a trois arbres de compétences à disposition et seulement quelques slots disponibles pour équiper les compétences acquises. Tant et si bien qu'il faudra faire un choix entre créer un personnage équilibré (et donc ne pas allez très profondément dans l'arbre des compétences) ou se spécialiser et risquer d'affaiblir tout un pan de son personnage. Et le choix est cornélien : doit-on améliorer ses talents d'escrime, améliorer les quelques signes magiques mis à disposition (tous complémentaires) ou faire de notre héros un chimiste hors pair et confectionner des tonnes de potions. Chaque choix est intéressant même si la gestion horrible de l'inventaire rend le travail plus compliqué pour les alchimistes en herbes. Quelqu'un qui, comme moi, voudrait faire un personnage équilibré aura bien du mal à faire le choix de ses talents.
Ensuite c'est le tri dans nos activités qui est compliqué. Doit-on faire les "chasses aux monstres" rapportant de l'argent mais nous mettant face à de dangereux adversaires ? Doit-on plutôt chasser les trésors des sorceleurs ? A moins que l'on se prenne de passion pour le jeu de carte phare, le gwynt. Notre "cahier des quêtes" clignote dans tous les sens et les premiers pas dans le jeu seront hardus pour peu que vous ayez pris une des deux difficultés les plus élevées. Chaque meute de loup peut être fatale si l'on ne joue pas correctement. Par la suite, notre héros deviendra si fort que la difficulté baissera grandement (un des rares défauts du jeu d'ailleurs, ce manque d'équilibrage que l'on retrouvait déjà dans le 2e épisode où la première partie était affreuse tandis que la dernière se faisait les doigts dans le nez).
Difficile de trouver d'autres défauts à The Witcher (hors les bugs inhérents aux mondes ouverts, négligeable lorsque c'est des pathfinding de PNJ, plus gênant lorsque des quêtes sont infinissables à cause de problèmes de scripts). On pourrait digresser en se posant la question suivante : les mondes ouverts sont-ils réellement la solution pour une narration maîtrisée ? The Witcher 3 arrive à combler les lacunes du genre mais on tombe forcément sur des incohérences. La quête du héros est "urgente" et pourtant il va passer son temps à aider chaque personne en danger ou cueillir toutes les plantes du monde. Nous ne serons jamais au niveau de maîtrise d'un Last of Us, mais The Witcher 3 est avec GTA V le seul jeu à faire avancer la relation entre monde ouvert et narration. Une oeuvre charnière qui devrait influencer tous les camarades qui vont s'engouffrer dans la joie de l'open world.
Maintenant on attends Cyberpunk avec impatience ! Vite ! Vite !