Allez ! On se donne du courage et on se lance !
Car écrire une critique sur The Witcher 3 n’est pas une chose aisée pour moi, contrairement à ce que la note que je lui ai décerné pourrait laisser croire. C’est sur, 9/10, c’est une note qui laisse peu de doute sur la valeur véritable d’un jeu, en tout cas au regard de celui qui lui décerne.
9/10, c’est une note d’autant plus significative que je suis un joueur assez hermétique à toute la mode autour des jeux en monde ouvert. Je ne vais complètement ici relancer ce débat, mais pour moi, l’open world, c’est avant tout un effet de mode qui apporte plutôt des choses négatives aux jeux vidéo, une chimère qu’on vend au joueur pour lui faire croire que tout est possible dans les jeux, qu’il n’y a pas de trame prédéfinie, que tout est question de choix, alors que l’essence même d’une bonne narration, d’une bonne histoire est une structure de jeu un peu solide et consistance.
The Witcher 3 est le jeu qui aura su – un peu – me réconcilier avec le concept de l’open world dans la mesure où il parvient à concilier ces deux éléments : le sentiment de liberté et une structuration adéquate. En fait, plus que d’open world, on parlera de hub vaste et intelligent. Le monde dans lequel notre Sorceleur évolue ne sera qu’un hall géant et très travaillé dans lequel le joueur piochera les quêtes qu’il souhaite accomplir. Un monde assez joli et surtout incroyablement cohérent. Aussi cohérent qu’il est triste et ravagé par la guerre qui aura précédé le déroulé de The Wild Hunt.
Mais revenons à l’histoire. Pour ceux qui connaissent, vous incarnez Geralt, Sorceleur de son état (c’est à dire tueur de démons et autres monstres), et votre objectif principal à travers ce titre sera de retrouver votre fille (spirituelle ou adoptive, c’est entre les deux), Ciri. J’ai commencé cet épisode de The Witcher sans avoir joué à aucun autre titre de la saga. Bien que le titre soit accessible pour les novices de cet univers, un certain nombre de recherches pour faire l’apprentissage du contexte de votre aventure sera néanmoins nécessaire pour apprécier plus profondément le jeu.
Il se dégage de ce titre, et c’est sa grande force, un sentiment de richesse et de profondeur très marqué. Dans The Witcher 3, tout a un sens. Pas forcément un sens très fort, notamment au regard de la narration et de la trame principale, mais un sens néanmoins. En tant que Sorceleur, vous serez embauché par de nombreux habitants pour occire quelques monstres ou lever diverses malédictions qui les touchent dans leur quotidien. Les différents lieux de la cartes révèleront différentes ambiances en fonction de l’histoire de la région et de la culture des habitants. Un monde d’une grande cohérence, donc, et qui servira de point d’appui au déroulement de vos aventures.
L’histoire de The Witcher 3 est un peu particulière dans son contenu et son déroulé. Comme je l’ai indiqué plus haut, je n’étais pas un connaisseur de la saga avant de me lancer dans ce jeu. Dans mes recherches, j’ai bien pu percevoir le caractère dramatique et épique de tous les évènements qui ont précédés The Wild Hunt. Mais, de même que la désolation suit la tempête, on arrive avec cet épisode 3 dans un monde ravagé, dans lequel de nombreux habitants tentent tout simplement de survivre dans leur quotidien. On sent un monde vidé, épuisé, crasseux, dont la terre est gorgée de sang. Une réussite de ce point de vue, même si par moment ça manque un peu de vie. La quête qui va être la notre cultive aussi un caractère plus intime qu’épique. Dans votre recherche de Ciri, vous serez amené à croiser de nombreuses personnalités, mais il n’y a pas vraiment de souffle comme on l’entendu traditionnellement dans les RPG.
Il n’en reste pas moins que les différentes quêtes qui ponctueront votre parcours sont pour la grande majorité bien voire très bien écrites, avec des personnages souvent intéressants et des objectifs qui, eux aussi, ont un sens. Dans The Witcher 3, peu de quêtes Fedex sans un contexte un peu enrichi qui donne un sens à nos moindres déplacements. Je note quand même un écueil : le caratère automatique du faux gentil et du faux méchant. Dans de trop nombreuses quêtes, une personne vous sollicitant en présentant des intentions louables s’avèrera être en train de vous manipuler ou de prévoir un acte condamnable lors que les personnes d’apparence plus mauvaise ne le seront finalement pas tant que ça. Ca marche au début mais on fini par anticiper, puis se lasser, de ce schéma un peu répétitif.
Les phases d’explorations et de combat sont réussies, grâce à une interface de jeu (j’insiste sur interface de jeu, pas interface globale) bien foutue, qui permet de ne jamais être perdu et de pouvoir retrouver rapidement ses objectifs au sein des très nombreuses missions que contient le titre. Une fois qu’on a apprivoisé les commandes, notre héros répond plutôt bien à nos sollicitations et le titre se manipule agréablement. Mention « très passable » par contre pour les menus du jeu qui, bien qu’améliorés depuis les premières versions, restent trop confus et chargés, notamment concernant l’inventaire qui se manipule avec beaucoup moins d’aisance que notre héros.
Peu de choses à reprocher, donc, à The Witcher 3, en dehors d’une narration selon moi trop en retrait, qui fait de cet épisode plus une simulation de Sorceleur qu’un épisode riche et dense au sein d’une saga épique. On flâne, on se renseigne, on découvre, on parcourt, on explore, un monde s’ouvre à nous, et d’une manière très efficace, mais il manque par moment un peu d’étincelle pour que le mélange prenne feu. N’y voyez pas une critique forte de ce titre que je trouve véritablement excellent, mais plutôt une petite déception qui empêchera The Witcher 3 d’atteindre la note suprême.
Malgré un texte déjà long, je n’ai pas tout dit sur mon expérience de The Witcher 3. Car la fin de ma critique, tout comme le monde que vous allez parcourir, n’est pas que glorieuse.
Je n’ai pas été au bout de l’aventure.
Malgré les très grandes qualités de ce titre et le fait que je sois convaincu qu’il s’agisse d’un jeu majeur de cette génération de console, je m’en suis néanmoins lassé. Au bout de 60 heures. Je vous avoue m’être posé beaucoup de question et même avoir nourri de la frustration. Il faut savoir que j’étais tellement convaincu que j’irai jusqu’au bout que j’avais même acheté le Season Pass avec notamment Blood and Wine dont j’avais lu le plus grand bien.
Je pense qu’il y a 2 facteurs explicatifs. Le premier, c’est que j’ai le sentiment qu’avec l’âge, j’ai de plus en plus de mal à aller au bout des jeux à 80-100 heures de jeu. Je n’ai plus la patience, je crois. Ma limite commence à être à 60 heures. Le 2ème facteur tient au caractère un peu répétitif des mécaniques de jeu de The Witcher 3. Bien que très bien calibrées, celles-ci se répètent néanmoins de façon très cycliques et du coup participe à cet effet de lassitude qui m’a envahi. Comme je l’ai exprimé plus haut, l’histoire étant plutôt douce et en retrait, j’ai un peu manqué de souffle dans les moments où cela aurait été bienvenu.
C’est dommage et j’imagine déjà dans les commentaires les encouragements de certains d’entre vous pour que je poursuive et finisse l’aventure (j’ai lu que la fin était plus intense), mais voilà. Rassurez vous en étant persuadé que cela n’enlève rien à tout le bien que je pense de The Witcher 3, et qu’il restera néanmoins comme le titre qui m’aura réconcilié avec l’open world.
C’est déjà pas mal !