Parce que visiblement des différentes critiques lues, c'est passé au dessus du ciboulard de beaucoup.


Je ne reviendrai pas ici sur les qualités techniques du jeu, d'autres l'ont fait bien mieux que moi (même si jouant en parallèle au dernier Assassin's Creed, les cavalcades y sont bien plus fluides).


Sur la richesse et la beauté, il y a déjà un commentaire important que peu ont fait surtout à l'aune de la comparaison avec, au hasard, GoT.
Comme de nombreuses séries, les producteurs n'ont pu s'empêcher de ne mettre que des acteurs beaux (en particulier pour les aristocrates et autres monarques, de là à dire que GoT n'est qu'un soap...), W3 ne commet pas cette erreur, déjà, il n'y a pas que des aristocrates, mais aussi de la basse plèbe et surtout ils peuvent aussi être laids, qu'un jeu puisse nous faire de si simiesques trognes ridiculisant par ailleurs de nombreuses oeuvres télévisées ou cinématographiques, quel toupet ! Il faut remonter à Ron Perlman dans le Nom de la Rose pour trouver aussi bien. Les créateurs n'ont eu d'ailleurs aucune vergogne à appeler un personnage de l'acronyme UMA (faut-il vraiment rappeler sa signification?), preuve s'il en est qu'il y avait là un trou à combler.
Plus fort, à l'image des personnages, les villes peuvent aussi être laides, les boues et autres cloaques fréquemment utilisés pour illustrer le plus bas que terre sont présents, mais surtout quand vous vous promenez dans Novigrad ou Oxenfurt, cherchez donc l'absence de tout angle droit dans les clochers, tours ou tout autre édifice.
W3 est en effet riche car il sait jouer sur toutes les tonalités d'esthétisme.


Passons à présent à ce qu'on pourrait appeler le fantastique crépusculaire propre à ce jeu car c'est ça le point-clef de W3.
Le plus souvent, dans ce genre d'oeuvre, le fantastique ne sert qu'à refléter une facette de l'humanité (généralement, son impérialisme ou sa bestialité) ou sinon il ne sert qu'à attirer le chaland (non vraiment Got c'est nul).
Ici, l'ampleur du bestiaire nous laisse en voir bien davantage (remarquons la qualité à souvent même donner une identité propre à chaque monstre)
Regardons plus en détail.
Noyés/drowners qui abondent dans les putrides marécages
Draconoïds qui se nichent sur d'imprenables monts et autres pics
Elémetaux, gardien séculaire de cavernes à l'abandon
Insectoïdes ou leshen camouflés dans de ténébreuses forêts
Il y a donc ce premier enjeu d'ordre géographique entre une civilisation naissante et un fantastique qui se retrouve acculé dans ses retranchements.
Ici, rien de bien nouveau, c'est du déjà vu.
Mais continuons
Goule sur les champs de bataille
Vampire tueur en série urbain
Succube abondante dans les maisons de passe
Et surtout les spectres (le plus souvent lors des contrats) qui reflètent un vice ou une intolérance du genre humain.
C'est bien la frontière entre une nature fantastique et une civilisation humaine que nous sommes amenés à arpenter par l'intermédiaire de Geralt de Riv (un héros certes charismatiques mais avec un caractère lupin ronchon déjà bien employé ailleurs et sinon, deux épées pour deux mondes).
Et au fil du jeu, on voit cette nature fantastique se faire repousser sous les assauts de l'humanité pour ensuite voir les méfaits de cette même humanité, c'est là qu'on peut trouver une certaine profondeur à cette oeuvre. W3 nous permet d'être spectateur du crépuscule d'un moyen-âge féérique et fantastique ( de ce bestiaire aux rites païens des druides sans oublier la fin des guildes, notamment celles des sorceleurs) pour faire place à l'essor des civilisations modernes (apparition des villes, du commerce et des administrations).
Evidemment et c'est une qualité supplémentaire, il ne sera jamais bien possible de pouvoir tracer une ligne claire de moral entre les deux : entre des loups-garous refusant leur condition, des elfes résignés au pogrom d'un côté et le patriotisme embryonnaire, la guerre sanglante ou la racisme inter-peuple de l'autre côté, Witcher nous montre la difficulté à prendre position.
Comme tout sauvage soudainement projeté dans le monde moderne, Geralt de Riv tentera un apolitisme dans un premier temps... Et il comprendra vite qu'être apolitique revient incidemment à se ranger du côté du plus fort.
Mais ceci appartient au monde moderne qui n'est pas le monde de Geralt de Riv.


Witcher 3 : the Wild Hunt nous raconte le dernier coucher de soleil du médiéval fantastique, d'autant plus déchirant qu'il est mené par un sorceleur lui-même y appartenant.


J'avais renoncé aux lectures medfan, mais A Sapokowski me fait du coup très envie, on pourra alors approfondir ses inspirations avec les comptes populaires et les "moralités" qu'on peut en retirer et de quelle manière elles nourrissent W3.

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le 24 avr. 2018

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CorsairePR

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