Inutile de revenir sur la toile de fond de l'univers de The Witcher. Il y a suffisamment de piqûres de rappel qui existent. Je me consacre exclusivement sur mon ressenti.
Sans suspense, The Witcher 3 : Wild Hunt m'aura transporté et ému.
Visuellement, le jeu est un petit bijou sur le terrain de sa direction artistique et de la plupart de ses graphismes - le rendu de l'eau demeurant perfectible -.
(Les graphismes : ce n'est pas la raison principale qui doit faire aimer un jeu de toute façon. Un peu comme avec les gens, "c'est ce qui est à l'intérieur qui prime. Du pur bonus si l'enrobage est à son goût").


En l’occurrence, le jeu possède de sacrés atouts et c'est tant mieux pour les mirettes.


Il y a tant de choses que j'ai beaucoup aimées. D'autres, beaucoup moins, qui m'ont tiquées, mais que j'ai pardonnées facilement en comparaison de leur impact négligeable dans mon expérience émotionnelle.


Autant évacuer les aspects moins agréables dès maintenant :



  • Le maniement de la jument "Ablette", capricieux et récalcitrant par moments.


  • La gestion abusée des dégâts de certaines chutes.



    • contra : dans le roman, Le temps du Mépris, la chute extraordinaire que Geralt réalise d'une muraille lors de la bataille de Thanedd et ne l'empêchant pourtant pas d'engager le combat juste derrière..." -.


  • L'intégration quasi insignifiante de nos choix passés des anciens volets : c'est de toute façon un faux-concept ou une illusion pour les jeux possédant un scénario dense aux intrigues bien arrêtées.


  • Pêle-mêle : l'interface des menus, (jouant à la manette) l'accès pas toujours facile aux objets et capacités sur la roue des pouvoirs, l'IA par moments aux fraises lors de certaines passes d'armes, la gestion de la plongée.



Pour apprécier au maximum cet ultime opus, la connaissance des nouvelles et des romans n'est pas impérative, mais elle est un luxe bien savoureux. Sans trop entrer dans le spoil, on pourra y interpréter de nouveau, avec certaines variations tout de même, certains des exploits passés du sorceleur. Ces hommages, très appuyés, au matériel de base et pré-existant qu'est l'oeuvre littéraire est un plus, et se fait avec justesse. Là, où j'ai vraiment chaviré avec ces clins d'oeil, c'est avec le traitement de Ciri, particulièrement avant le dénouement final, dans les préparatifs, où (spoilers) :


Elle retourne sur les lieux passés qu'elle a dû traverser à toute allure, en bouleversant sur son passage la vie des petites gens l'ayant épaulée et soutenue. Cette phase de reconnaissance et de pénitence de Ciri envers les morts et les survivants est identique à celle de "l'après-Vilgefortz/Bonhart" dans le dernier roman, La Dame du Lac.


L'OST est une merveille. A côté de ses pistes de bataille entraînantes, on y retrouve un côté mystérieux et enchanteur qui arrive à envoûter et à retranscrire l'émotion d'un lieu ou d'un moment dès les premières notes (ex. la chanson de Priscilla). Une mention spéciale aux musiques incluant des choeurs, qui sont saisissantes, ainsi que les variantes du thème principal.
J'ai également beaucoup apprécié les discrètes reprises de certains thèmes de The Witcher 2. Elles entretiennent une sorte de continuité et réintroduisent certains anciens personnages.
Le doublage ainsi que la localisation sont tous les deux très convaincants. Les intonations sonnent juste. Les différents bruitages et ambiances sonores sont de haute volée et renforcent encore plus l'immersion auditive.


L'histoire principale est riche et sait comporter ses surprises. Elle est touchante car dès le départ, on sait que l'on se dirige vers l'achèvement de la quête du héros et que viendra inévitablement le temps de la conclusion.
Grandiose, prenante et mélancolique sont les qualificatifs que j'associe à cette ultime aventure de Geralt de Riv. Je n'en dirais pas davantage sur son contenu, sauf peut-être sur son fil rouge. L'histoire adopte une dimension plus intimiste par rapport à The Witcher 2. Une grande partie de la quête principale, telle un jeu de pistes, est axée sur la recherche et les retrouvailles avec Yennefer et Ciri, les deux êtres intimement liés à la destinée du sorceleur et sa lutte contre la Chasse Sauvage.
On y retrouve aussi les vieux compagnons depuis le premier volet : le nain Zoltan Chivay, la magicienne Triss Merigold et le barde Jaskier.


Les régions principales à explorer sont relativement peu nombreuses (au nombre de 4), mais sont variées dans leur contenu et leur restitution (forêts, campagnes, vallées, grottes, villages et villes, ruines, terres gelées...). Elles offrent sérieusement de quoi s'occuper de longs moments.
Néanmoins, compte-tenu de l'importance des certains lieux dans les romans, j'aurais aimé des zones supplémentaires disponibles s'y rattachant : Brokilone, la Vallée des Fleurs. Enfin, bien plus "décevant", y trouver et retrouver certains personnages (là..., silence volontaire).
Ces attentes, bien évidemment, ne sont que du luxe ; ces quelques manques n'enlevant en rien à la générosité du titre qui est suffisamment garni.
Il faut aussi se mettre à la place de tout ceux découvrant le jeu avec ce TW3 ; également de ceux n'ayant pas lu les nouvelles et les romans : cela aurait fait sans doute trop d'informations à digérer.


Le traitement des quêtes secondaires et des jobs de sorceleur s'inclut à merveille dans le scénario. Cet aspect est un écueil contre lequel bon nombre de jeux, même de très bons, sont venus se fracasser. Ici, avec The Wichter 3, la ligne de démarcation entre le principal, le secondaire et le tertiaire est ténue, tant l'écriture générale du titre est d'une rare maîtrise (la quête dite du "Baron Sanglant" mettra la plupart du monde d'accord sur cet aspect).
On vogue dans une perpétuelle ambiance en clair-obscur au sein de laquelle le juste et le réprouvable sont autant de nuances de gris. Le jeu offre des choix nets et des conséquences certaines, palpables parfois longtemps après coup.
Malgré sa durée générale, mon sentiment de lassitude et de désintérêt à suivre les sous-quêtes a été quasi inexistant. La force de The Witcher, est que la profession de notre héros-sorceleur est celle de tuer des monstres. Ce type de quête est donc naturelle et s'inscrit sans artifice dans la confection des tâches du personnage principal.


Le système de combat assez décrié du deuxième opus, a su bénéficier d'un toilettage bienvenu. Toute la finesse et la férocité d'un sorceleur au combat sont bien retranscrites et sont plaisantes à jouer. Les combats sont basiques, mais c'est cela qui fait leur force : car ils se concentrent sur de l'efficacité et le rythme.
Le fait, par ailleurs, que le jeu soit un monde quasi-ouvert, a permis de décloisonner les aires de combat et de rendre les affrontements plus dynamiques et plus libérés qu'auparavant.


Le système de signes (la magie) avec l'intégration d'un déblocage d'un mode alternatif est un apport rafraîchissant et utile dans les tactiques des affrontements.


L'artisanat et le craft des objets sont tout ce qu'il y a de plus classique et de simple. Il faudra surtout veiller à mémoriser les lieux de certaines forges et armureries haut niveau, car les artisans ont des niveaux de maîtrise différents et qu'il faudra aller à la rencontre d'un plus compétent pour obtenir des objets de facture supérieure. L'alchimie a eu sa micro-révolution, car une fois la recette obtenue et les ingrédients rassemblés, le nombre de potions sera automatiquement renouvelé à son maximum après chaque méditation. Pourvu que l'on possède une base d'alcool dans l'inventaire.

A posteriori, ce système demeure être un choix rationnel car ramasser des centaines de fois les mêmes composants a ses limites chez moi - et aussi que l'on incarne avant tout un combattant et non un herboriste -.


En très condensé, The Witcher 3 est un hybride réussi d'un jeu alliant les atouts et les atours du monde-ouvert et du monde-clos : il y a de l'espace et un développement nécessairement plus important de l'interaction avec les environnements/ personnages/ créatures (aspect monde-ouvert).
Cet ensemble se concilie avec la richesse et la qualité de la trame de l'histoire principale (aspect monde-clos).


----->
CD Projekt Red a frappé un grand coup avec The Witcher 3 : Wild Hunt. Il a su rendre son dernier bébé attractif et accessible aux découvreurs de la série. Tout en sachant comporter les références, allusions et autres terminologies que seuls les fins connaisseurs de la Saga peuvent relever et savourer à pleines dents. L'immersion globale et la narration générale sont une réussite. Le monde confectionné a su évoluer au même titre que la série.


Ce jeu entre sans nul doute dans les références du jeu-vidéo. Assurément dans sa catégorie, et même, par-delà elle.


(19,5/20)

Neogamer
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le 30 mai 2015

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Neogamer

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