This War of Mine nous confie un petit groupe de personnes à faire survivre au cours d'une guerre civile, avec une petite particularité : ces gens ne sont pas des guerriers, mais de simples civils désespérés dont les compétences ne servent, pour la plupart, pas à grand-chose en temps de guerre.
Le jour, il faudra les nourrir, améliorer leur refuge en leur fournissant de quoi se reposer, se réchauffer ou produire des ressources jusqu'à la tombée de la nuit, où il faudra alors répartir les rôles, du garde jusqu'au collecteur, qui aura ainsi la charge de sillonner le quartier à la recherche de maisons à cambrioler, de ruines à fouiller et de marchands avec lesquels faire du troc.
La partie « gestion » en point & click laisse alors place à une phase d'infiltration faisant immédiatement penser à du Mark of the Ninja contrôlé à la souris. Les règles sont simples : fouiller les gravats, se déplacer sans faire de bruit, guetter le danger par les trous de serrure, … ou au contraire piller, blesser ou tuer de sang froid, la seule obligation étant d'être revenu avant l'aube, pour éviter de devenir la cible des tireurs d'élite.
L'aventure nous place parfois devant des choix difficiles, et les poupées que nous contrôlons ne sont pas toutes fières d'avoir volé ou tué, et nous non plus, même si le fait d'avoir volé un couple âgé et sans défense aura permis de leur assurer une journée de survie de plus. De ce point de vue-là, et même si on est face à un « simili jeu de plate-formes », la mise en scène est superbe et poignante. Voir s'écrouler de chagrin une mère devant le cadavre de son fils est réellement terrible.
On se sent impliqué dans nos actes, et on s'attache assez facilement à nos personnages. Chacun possède son histoire et réagit différemment aux situations que traverse le groupe.
J'ai tout fait pour préserver Pavle, mon collecteur attitré et bon sportif, rompu au parkour.
J'ai été touché de voir Zlata jouer de la guitare au coin du feu et réchauffer le cœur de quelques âmes égarées.
J'ai tout fait pour ne pas perdre Anton et Cveta, un petit vieux et une mère de famille qui n'apportaient pas tant d'utilité au groupe en comparaison (bon… en dehors de leurs tours de garde), et je lisais les messages et les graffitis laissés par des inconnus dès que j'en apercevais un.
Une bande son épurée avec quelques accords de guitare, un effet crayonné très réussi sur les environnements… je suppose que ça ne plaira pas à tout le monde, mais cette ambiance-là a fonctionné sur moi.
Le système de ressources et d'artisanat est plutôt complet, avec un éventail assez large de types d'objets à récupérer et à fabriquer. Rations, médicaments, armes et clopes… il y a de quoi s'amuser en listes de priorité de collecte, d'autant que vous ne serez pas capable d'exploiter toutes ces choses en début de partie. Il va falloir ménager vos ressources, choisir entre l'amélioration de votre établi, ou la construction d'un atelier botanique, et acheter des objets dont vous avez cruellement besoin au détriment d'objets de plus grande valeur qui pourraient vous servir plus tard. Le besoin de nourriture ne sera pas votre seule préoccupation, loin de là.
L'aventure perd un peu de sa magie lorsqu'on se rend compte que nos survivants se plaignent un peu toujours des mêmes choses, les combats sont à la fois frustrants pour le joueur et assez injustes pour l'IA (puisqu'il suffit quasiment de se placer en haut d'une échelle pour être tranquille) et le système d'artisanat n'est pas toujours des plus logiques, même s'il est à mon avis très bien équilibré. Mais ces défauts, je les ai facilement acceptés en contrepartie des éléments que ce petit jeu indé a à offrir.
La génération du monde, quant à elle, possède une petite part d'aléatoire. Je ne suis pas certain que la différence soit si flagrante d'une partie à l'autre, mais je sais en tout cas que je meurs d'envie d'en lancer une nouvelle, même si la première aura duré une bonne quinzaine d'heures pour mettre fin à la guerre.
Une aventure atypique, et à mon avis l'une des « histoires façonnées par le joueur » les plus marquantes que j'ai connu jusqu’ici.