La Madeleine de Proust est un pixel.
Ici, nous ne parlerons pas vraiment d'un jeu vidéo. Je préfère nommer To The Moon par le titre d'histoire interactive. Il n'y a guère de combat, aucune quête annexe, juste un scénario qui se déroule devant nos yeux et où l'on doit prendre part de manière très ponctuelle, en interagissant avec les objets de l'environnement.
J'ai pu gagner ce jeu grâce à un concours sur Numina Live, une petite chaîne de streaming de jeux vidéo, faites par des gens passionnés, et qui méritent d'avoir un peu plus de visibilité. (lien du site en fin de critique).
To The Moon nous conte l'histoire d'un vieil homme, Johnny, qui fait appel à une agence "Sigmund Corp", spécialisée dans les derniers vœux de personnes sur le point de mourir. Ainsi débarquent les Docteurs Eva Rosalene et Neil Watts dans le dernier refuge de Johnny, un manoir au bord d'une falaise du littoral, et son phare aux alentours.
Le dernier souhait de Johnny est d'aller sur le Lune. Impossible pensez-vous, mais en fait non, puisque nos docteurs de choc sont spécialisés dans la manipulation des souvenirs. Ils doivent alors découvrir pourquoi leur client souhaite aller sur la Lune et faire changer ses souvenirs jusqu'à y parvenir.
On remonte alors le temps au fur et à mesure que l'on découvre les souvenirs de Johnny. Et c'est parti pour la recherche de fragments de mémoire de Johnny, ses objets qu''il garde en souvenirs et qui font le lien avec le passé. L'objet le plus fort émotionnellement étant celui qui permettra de faire voyager Eva & Neil. On découvre alors une histoire qui nous fait passer des larmes au rire, au bonheur, à la solitude. La narration est extrêmement efficace: L'heure se déroule normalement, tandis que l'on remonte dans le temps avec les souvenirs de John, troublant et efficace puisque l'on prend conscience de l'importance du temps dans nos vies. Prenez 4 heures de votre vie pour comprendre de quoi je parle. D'ailleurs, le moniteur cardiaque du vieil homme est dans l'inventaire et vous met la pression (même si ce n'est que décoratif).
Je ne spoilerai absolument pas ce jeu, mais il faut savoir que si vous avez un soupçon de sensibilité, vous allez vous prendre d'affection et ne plus lâcher le soft tant que l'histoire n'est pas terminée.
Je ne me remet toujours pas de cette histoire, tellement bouleversante. Mon petit cœur de pierre a pris un grand coup dans sa gueule. Et ça fait du bien de voir qu'il existe encore des personnes capables de pondre un scénario, à la fois un peu bateau, mais si bien narrée, que vous vous prendrez d'affection pour tous ses personnages hauts en couleurs, pour cette musique si terriblement envoûtante (et disponible pour quelques €uros sur le bandcamp du compositeur) qui vous fera monter aux larmes. Les graphismes de l'époque 16 bits ne gênent en rien l'émotion, la palette graphique étant sublimement utilisée, le jeu des couleurs est parfait.
Je remercie l'auteur de ce jeu pour avoir créé un équilibre entre la joie et la tristesse, et qui a réussi à me faire rire aux éclats lors des interventions du Docteur Neil Watts qui dédramatise l'atmosphère (sinon, je me serai déjà pendu) et sur les nombreuses références geeks parsemées un peu partout.
To The Moon fait désormais parti de ses jeux qui m'ont retourné le bide et dont je parlerai pendant des semaines jusqu'à en gaver tout le monde.
Je pourrais encore écrire des pages entières sur ce jeu (j'ai d'ailleurs supprimé de nombreux paragraphes pour ne pas vous faire peur) tellement l'expérience est bonne.
Les histoires tristes me font monter les larmes, les histoires d'amour pas.
Toutefois, j'ai appris que finalement, les gens ne changent pas, mais évoluent.
To The Moon, c'est une histoire triste, une histoire d'amour, une histoire de joie, une histoire drôle, une histoire qui vous prendra aux tripes si vous acceptez de rentrer dedans.
(To Lucille : I love you ... to the Moon and back!)