'Cause you're free as a bird now
To the Moon partage le joueur entre ennui et scénario aussi brillant que brillamment agencé.
Ennui, parce que c'est le déni le plus total de toute interaction entre le joueur et le jeu. Toutes les scènes où l'on contrôle le personnage auraient pu être des cinématiques sans que l'immersion ou la narration ne change même de manière infime. Et "jouer" à To the Moon se révèle même pénible les 3/4 du temps, puisque le "gameplay" ne consiste qu'à cliquer sur des objets au pif, et résoudre un casse-tête niveau Picsou Mag'. Le joueur n'aura à aucun moment le moindre choix ou la moindre incidence sur ce qui se passera ensuite. Et les actions à effectuer n'ont aucun intérêt en elles-mêmes. Un paradoxe de gameplay en somme.
Et si ces tâches routinières et fort peu inspirées au début ennuient et posent un faux rythme dans le développement du scénario, celui-ci se révèle en fait brillant, tandis que les graphismes 16 bits commencent à étonner de par leur pertinence et leur beauté simple, la conjonction des deux confère tout simplement un charme fou au titre.
Certes, le scénario est un peu cucul, mais Ken Gao (qui semble être le créateur principal) pose tellement bien les éléments de son scénario, d'une manière si légère et innocente, que quand tout prend sens, que les connexions se font, le script révèle alors toute sa finesse.
On pourrait disserter des heures de tous les aspects philosophiques abordés par le jeu, et celui-ci a au moins le mérite de faire réfléchir, tout en restant assez simple dans le traitement de l'ensemble, pas de grandes envolées lyrico-scientifico-complexes pour forcer un côté complexe, et prétentieux, qui se retrouvent souvent dans la production indé.
Un grand dilemme donc, noter To the Moon en tant qu'oeuvre indépendante des critères liés à son domaine, à ses spécificités, ou justement le descendre car il faillit à toutes les règles sur le gameplay, un comble pour un jeu vidéo.
Au fond, on s'en fiche, c'est une bonne expérience. Même si l'ennui se présente quelques fois.