Le fameux 10. C’est une vraie malédiction que ce truc là, surtout si on le colle à Undertale. Je m’en cogne de ces histoires de fanbase cancéreuse, qui ne sont à vrai dire qu’à moitié (une quart même) vraies. Je pense aux artistes qui font vraiment de belles choses pour rendre hommage au jeu de Toby. Mais si l’on n’aime pas Undertale, c’est plutôt peut-être à cause des défauts intrinsèques au jeu, ou peut-être parce que l’on n’est pas sensible à ce genre d’expérience, ou enfin, parce que fandom détestable.
Ouais. Donc 10 pour moi. Le 10 est là juste histoire de bien surligner que j’ai plongé profondément dans le jeu. Je n’avais pas besoin d’oxygène ni de remonter à la surface, je m’y sentais bien. Je vais tenter de vous l’expliquer pourquoi, mais je sens déjà que je vais en chier.
Lorsque vous vous tenez face à l’écran, manette en main, vous vous sentez comme face à un jouet, un passe-temps. C’est ça le jeu vidéo. Pour certain c’est bien plus que cela. Mais grossièrement parlant, il s’agit d’un medium pour se divertir, de l’entertainment.
Maintenant, levez cette barrière de l’écran, des sticks et boutons ; virez-vous du crâne que ce n’est pas qu’un jeu. Disons, une autre réalité avec laquelle vous pouvez interagir. Mais pas totalement, car comme le nôtre, ce monde a ses propres lois. Vous avez pourtant le contrôle. Cette position- là, elle ne vous rappelle pas quelque chose au fond de vous ?
Et vos actes ? A priori aucune conséquence, aussi cruels soient-ils. Undertale n’est qu’une ligne de code après-tout.
Le postulat d’Undertale est proprement manichéen, mais il le fait plutôt bien : épargner ou tuer. Vous vous réveillez sur un lit de fleurs. Le gamin que vous incarnez vient de tomber dans un gouffre qui n’est autre qu’une entrée vers l’Underground, le royaume des monstres. Après une longue guerre perdue face aux humains, ces créatures se sont retrouvées exilées sous terre, prisonniers d’un sort les scellant pour l’éternité. Mais vous, en tant qu’un de ceux qui sont les auteurs de tous les maux des monstres, devrez trouver votre chemin en traversant ce drôle de royaume plus ou moins hostile. Bon, le « hostile » est mal trouvé, mais tout dépendra de vous.
Le pitch se contentera de ça. Mais revenons rapidement sur l’Argument, le coup de jouer « le gentil » ou bien « le gros connard » (oh oui, j’insiste sur le « gros »). En tant que RPG au tour par tour, Undertale se veut classique dans le fait qu’il possède en grande partie les caractéristiques du genre, barre de vie, statistiques, équipement, items et co. Je vous avoue un truc, je n’ai jamais touché à la saga d’Itoi, papa de Mother/Earthbound, dont Undertale est grandement (euphémisme) inspiré. C’est évident. Toby, le gars derrière Undertale, a à son compte un joli background en rapport avec la licence. Du point de vue du fandom bien entendu. Entre autres, il était au fauteuil d’une rom du nom de Earthbound Halloween Hack, projet qui lui a assurément permis d’acquérir un peu d’EXP en développement.
« ACT », par le biais de cette fonction, votre humain peut se permettre un tas de trucs face aux monstres. Un exemple, le Lesser Dog, ce chien générateur de memes depuis 2015. Vous pouvez le caresser (plus d’une fois ?), le rendant ainsi possible à épargner. Tsunderplane quant à elle… il faudra flirter avec. Avec un avion. Oui. Vous avez bien lu.
Au tour de votre ennemi : sur ce coup, vous voilà représenté sous la forme d’un cœur rouge. Une simple image de votre âme. Vous devrez le protéger, car en lui reposent tous vos HP. Ainsi, après une quelconque action de votre part, le monstre lance sa contre-attaque. Sous la forme d’un bullet hell de plus ou moindre grande difficulté, vous êtes assailli de projectiles pouvant venir de n’importe où. Mais pas que ! Tout dépend du monstre. Et chacun d’eux en possède au moins deux de patterns. Certains sont même plutôt étonnants (howdy Mettaton).
C’est là aussi tout le sel d’Undertale. Une panoplie de gens n’appréciera pas le décalage humoristique de cet univers, mais il est, et on ne peut le nier, superbement construit. Sachant donc que le gamin se doit de rentrer chez lui et quitter l’Underground, le level-design se veut un minimum linéaire. Mais avec possibilité de rapidement revenir sur ses pas pour accomplir quelques quêtes ou faire la courses aux items.
Maintenant, sources de bons ou très (très) mauvais délires de la part des fans, les personnages. Je brise la glace tout de suite – c’est du très bon travail de la part de Toby. Oh que oui. Il y en a de très attachants, des drôles (Papyrus), des détestables (Alphys ?), des fils de… (no spoil) et aussi, des Mar(t)y Sue inattendus. Je retiens particulièrement le personnage de Flowey, qui sans aucun doute ne laissera personne indifférent. Si Satan cultivait des fleurs dans son jardin, Flowey serait son petit chou.
Mais il y existe encore un dernier personnage encore plus important que le plus important des persos d’Undertale. Il aime tapoter sur son clavier et il apparaît chaque jour devant votre miroir. Je parle de Vous. Vous connaissez le principe du quatrième mur ? Undertale vous considère comme une entité à part entière du jeu. Vous êtes Dieu.
Sauvegarder ? Charger ? Effacer ? La Détermination, voilà la thématique d’Undertale. Prenez ce mot dans tous les sens qui vous arrangent. La Détermination est la force de votre volonté à venir au bout d’une idée, d’une action. Dans Undertale, cela prend tout son sens, jusqu’au gameplay même.
Vous serez déterminé, et vous aurez besoin de ce sentiment pour surmonter de nombreux obstacles en cours de partie. Mais vous vous poserez une question : le gamin humain est une extension de vous-même. Vous êtes tous deux humains. Pourquoi alors ne pas attribuer ce sentiment à de vulgaires monstres en 2D ? La détermination, elle existe aussi dans le code du jeu vidéo qui se nomme Undertale. Le jeu sait parfaitement qu’il en est un. Puisque vous serez le juge et l’enfant humain votre marteau, pensez-vous vraiment que le jeu restera là à accepter vos actes ? Vous savez maintenant qu’une fleur peut être belle et adorable, mais certaines peuvent aussi s’avérer mortelles. Si vous vous tiendrez à l’idée que vous ne vous tenez que face à un jeu vidéo, vous briserez très facilement la barrière du moral au sein du jeu. Ce n’est qu’un logiciel. Enlevez donc cet écran et cette manette : cette barrière morale revient sur le tapis. Lorsque vous cèderez à votre soif du 100%, du farm ou de la simple envie de buter, il y aura des conséquences. Prenez le bouton ERASE, il suffirait que je le presse afin de voir cette pauvre critique passer à la trappe. Vous savez, ERASE est aussi une fonctionnalité du jeu. Devinez par là ce qu’elle pourrait provoquer.
Vous oublierez cette critique dans quelques instants. J’ai oublié de préciser que le jeu est dépourvu d’une fonction « forget ». Personne n’oublie qu’il a tué quelqu’un. Alors pourquoi pas aussi un jeu ?
Undertale, le seul ausculteur de l’âme humaine à moins de 15€.
Foncez !