J'ai pas l'habitude d'être dithyrambique. Il faut soit que ça parle de choses que j'adore, soit qu'il y ai vraiment un truc. Ce jeu a un truc. Il l'a même complétement.
Je ne saurais comment vous en parler pour vous inciter à y jouer sans trop vous en dire. C'est une expérience qui peut tellement se gâcher à trop en parler, à trop en savoir. Sachez que vous serez déstabilisés. Complétement.
Mais allons dans le détail et parlons d'abord du jeu vidéo en général ( Paradoxal ? Attendez que je formule ). Le jeu vidéo, c'est d'abord l’interaction d'un joueur avec un jeu via une interface normée pour que le ludique prenne forme. Dans tout jeu, il faut apprendre à jouer, et le plus souvent ceci se fait via des tutoriels ou des premiers niveaux qui apprennent le jeu par petites touches. Super Mario Bros amène des situations pas trop dangereuse pour comprendre les mécaniques et les ennemis avant de s'aventurer dans des niveaux plus retors. Les RPG ont des tutoriels et des combats d'apprentissages ancrés dans le scénario, etc... Undertale te fait apprendre par l'échec prévu. Undertale te fait la preuve dès le départ que tu vas être dérouté. Et encore plus impressionnant, Undertale te fait connaitre les personnages par le jeu, le ludique: on combat les ennemis en leur parlant et en les écoutant.
Et ça change tout. Ça change tout parce qu'il faut comprendre son ennemi pour le battre, connaitre son fonctionnement, sa logique, sa personnalité. Mais comment tuer quelqu'un que l'on a appris à connaitre et à apprécier ? Et le jeu amène un autre aspect, sans tutoriel, parce qu'il est inné à chacun: où ta moralité te guideras en tant que joueur ?
Et la galerie de personnages et les diverses situations qu'on devra confronter en fonction de nos actions dans le jeu sont émouvantes dans tout les sens du terme. Triste quand l'inéluctable arrive, joyeuse quand un personnage ridicule se trouve être finalement touchant, inattendu quand un dialogue vient tout remettre en perspective, etc... Et cerise sur le gâteau, le jeu à l'intelligence de se rappeler ce que l'on a fait dans la partie précédente quand on le refait. Et pas de vulgaire new game + ici, non non. Le recommencement du jeu est prévu, scénarisé et l'émotion finale est encore plus incroyable qu'il n'y parait. Je m'étais décidé de faire le jeu trois fois avec trois approches différentes, mais il m'est émotionnellement impossible de refaire le jeu une troisième fois après la fin que j'ai eu sur ma deuxième aventure. Oui, je ne peux pas refaire le jeu sans sentir une culpabilité au fond de moi en le faisant. Jamais aucune œuvre ne m'avait fait ça, et Toby Fox a surement touché ce qui fait le cœur du jeu vidéo: les conséquences des décisions du joueur.
Je suis encore sous le choc pour vous dire. J'ai pleuré à la fin du jeu. Deux fois. Une petite larmichette sur mon premier ending, le Niagara dans le deuxième. Rare qu'on me mette dans cet état avec de l'art. Mais oui, Undertale est une œuvre d'art, impossible de le définir autrement. Porteur d'émotions, critique sur son média et fin analyse des ressorts de son support, ce jeu possède tout. Une direction artistique visuelle et sonore magnifique (la BO est un chef d’œuvre de progression musicale et de composition de thèmes, le seul pour moi qui était à ce niveau est un certain John Williams).
Bon, et vous, quand est-ce que vous succombez à l'appel de l'Undertale ?