Nous sommes en 2012, ex-année officielle de la fin du monde qui, à la déception de tous, n'arrivera finalement pas. Outre le fail historique des mayas, cette année correspond aussi au nouvel espoir du jeux vidéo qui montra sa trogne lors du plus grand rendez-vous annuel : l'E3, certainement l'un des plus ternes de ces dernières années, réveillé par la dernière cartouche d'Ubisoft dévoilée pour la première fois. A la grande surprise, ce n'est pas un énième opus bâclé d'Assassin's Creed aux trailers CG malgré tout toujours aussi classe mais bien une nouvelle licence toute fraîche avec en prime une vidéo de gameplay qui réussira un exploit considérable : obtenir l'unanimité de la planète JV, aussi bien les amateurs que professionnels, déjà prêts à porter aux nues LA promesse officielle de la next-gen qui ne tardera pas elle aussi à débarquer quelques mois plus tard.
Malheureusement, nous ne vivons pas dans le monde des bisounours, ce qui implique le fait que les initiés savaient pertinemment que le jeu tournait sur une véritable machine de guerre digne de la NASA. Malgré cela, malgré ces premiers doutes sur la qualité finale du jeu, la grande majorité des gens ont cru pendant pas mal de temps au caractère novateur du jeu, à ses graphismes faisant l'amour à la rétine et son scénario qui s'annonçait bien sombre et mature.
Mais voilà, le jeux vidéo est un univers cruel et de trailers en trailers, tous plus prétentieux les uns que les autres se cachent un jeu finalement beaucoup moins exceptionnel que prévu d'un point de vue graphique avec un downgrade de plus en plus prononcé.
Ce fut finalement la pire erreur d'Ubisoft : faire naître une telle impatience auprès des consommateurs avec cette vidéo si réussie mais terriblement mensongère au bout du compte.
Déjà coutumier du fait avec un Assassin's Creed III plus que décevant bien que terriblement survendu, Ubisoft a récidivé avec son nouveau bébé pourtant loin d'être un mauvais jeu mais finalement bien éloigné du rôle de porte-étendard de la next-gen qui lui était déjà attitré...
Une déception toute relative...
Oui, malgré tout les reproches légitimes à mon sens qu'on puisse faire au développeur plus occupé à annoncer des prochains DLC deux mois avant la sortie, ce Watch Dogs est pourtant très loin d'être un ratage.
Point névralgique : les graphismes sont plutôt beaux bien que fortement inégaux. Les transitions jour/nuit et inversement sont très soignées, l'ambiance aussi bien visuel que sonore (très beaux orages...) sont bien au rendez-vous mais très vite, l'ambiance nocturne prend le pas sur la journée pas franchement digne des nouvelles consoles. Distance d'affichage pas au top, textures floues et environnements pas toujours logées à la même enseigne, le jeu ne bénéficie d'une qualité optimale de ce côté-là mais reste, la plupart du temps, très agréable à parcourir, notamment la nuit et ce Chicago illuminé en toile de fond lorsqu'on s'éloigne de la ville.
Autre point crucial des GTA-like, la conduite des véhicules est très correcte malgré les nombreuses critiques qu'elle reçoit, injustifiées à mon goût. Un bémol malgré tout sur les démarrages ultra nerveux à la Fast&Furious qui peuvent surprendre au début et la sensation de vitesse pas toujours présente mais mis à part cela, c'est du 100% arcade plutôt bien maîtrisé.
Mis en avant et également l'objet d'un énorme focus de la part d'Ubisoft lors des trailers, le hacking présent via un smartphone surpuissant à la batterie illimité (donc pas un iPhone...) tient bien toutes ses promesses.
Bien que répétitif lorsqu'on s'attelle aux objectifs aléatoires à la GTA V qui apparaissent régulièrement sur l'écran, le jeu nous fait comprendre dès la première mission du jeu que les manières d'atteindre une cible vont être très nombreuses. Un paramètre plutôt important étant donné que le héros est clairement pas un Expendable bis lors des fusillades qui se concluront très rapidement si le joueur ne fait pas un minimum attention à sa couverture, malgré le bullet time à la Max Payne. Un choix qui semble volontaire, une façon détournée en quelques sortes d'orienter le joueur vers un gameplay plus subtile, permettant de mettre à profit les multiples caméras, gadgets et chemins détournés mis à notre disposition lors des missions.
Plus que les graphismes où autres mécaniques de gameplay, ce qui compte le plus dans un open-world, c'est la richesse du monde artificiel qui nous entourent. Watch Dogs remporte haut la main ce défi, voir des PNJ à ce point soignés et très souvent loin d'être des civils blancs comme neige, ce qui donne des conversations très sympathiques à écouter.
Entre les couples qui s'engueulent devant nous, espionner via une webcam une personne dans son appart ce qui occasionne parfois de macabres découvertes, arpenter des rues mal famées avec des personnes crées en accord avec le lieu où ils sont de manière cohérente et j'en passe...
Ca donne envie pour les petites distances d'éviter la bagnole et de marcher vers l'objectif tout en écoutant ce qui se dit autour de nous, fait rarissime pour les jeux de ce style où la poule aux oeufs d'or de Rockstar a échoué récemment.
A l'ouest Aiden...
Les reprises de certains éléments propre à l'univers d'Ubi' sont bien sur de la partie : les tour CtOs à débloquer pour obtenir des indications à la Assassin's Creed, le marquage des ennemis à la Far Cry 3 où de l'infiltration à la SC : Blacklist. Un mélange plutôt agréable une fois le jeu en route où la volonté de montrer quelque chose de neuf l'emporte malgré tout sur des défauts bien présents, comme la répétitivité des crimes à empêcher (4-5 suffisent pour faire le tour) et un scénario prévisible au possible assez maladroit et cliché lors de son introduction avec notamment un héros principal anecdotique et sans grand charisme.
Ne soyons pas malhonnêtes et aigris, ce Watch Dogs est, tel quel, une bonne alternative à GTA V et parvient à imposer son identité face au mastodonte de Rockstar, ce qui lui permet d'obtenir le statut de bon jeu sans grande difficulté. Mais franchement, comment est-ce possible de ne pas regretter le manque d'exploitations de ce potentiel si énorme revu à la baisse mois après mois et ne pas ressentir ce goût d'inachevé ?
Watch Dogs se contente de convaincre là où il aurait dû briller, rappelant encore une fois que le jeux vidéo prend un malin plaisir à nous reprendre violemment l'espoir qu'ils nous avaient laisser entrevoir d'une si belle façon...