Joy divisée
Comme j'avais bien aimé le précédent jeu du studio (Contrast), je me faisait une joie de plonger dans le nouvel univers très prometteur de Compulsion. Et quelle ne fut pas ma déception en découvrant...
Par
le 26 août 2018
6 j'aime
2
« Il est à court de Joy ! »
« C’est un Rabat-Joie ! »
« Empêchez-le de s’enfuir ! »
Ouah ! Mais j’adore cet univers ! En fait, le gars qui a soutenu ce jeu, il a lu 1984, du début jusqu’à la fin, à l’envers comme à l’endroit, de fond en comble. Et puis, on sent l’inspiration de Brazil. Ah… Brazil. L’univers où on n’a pas le droit de rêver. Pour la peine, il a tout compris. Avec ses références, il vient de coincer notre monde, il vient de lui faire un joli doigt d’honneur. Tout est terrible dehors, sur notre bonne vieille planète Terre, mais on vient gentiment nous frapper sur le bout du nez, nous clamant haut et fort que non. Tout va très bien. Le monde est en pleine croissance, des arcs en ciels partout, une petite gerbe de poudre de perlimpinpin et nous voilà hypnotisé par la télévision. Alors que non ! Tout va très mal aujourd’hui ! Il faut que je l’écrive pour que ça devienne une réalité ou quoi ? Sortez de vos cages, les amis ! Sortez dehors, et contemplez votre désastre humain.
Ouf… Comme début de critique, ça déboîte. Je vais faire une pause, de quoi calmer mon ciboulot en érection. D’une pierre, deux coups comme on dit, je vais sortir dehors, cela fait un bon bout de temps depuis le collège.
(A peine sorti dehors, le petit Timmy hume un air vicié, ce n’est pas celui des pots d’échappement, ni même de la pollution ambiante. Il n’arrive pas à mettre le doigt dessus.)
Je sais ! C’est la Joy ! Il l’implante dans l’air et résultat, je me retrouve heureux toute la journée ! Ce n’est plus à petite dose que vous m’attaquez, mais à la grosse artillerie. Vous ne m’aimez pas, c’est ça ? Je pense différemment, hum ? Je vois. Eh ben, je vais me battre, je vais défendre le faux bonheur que vous essayez de me vendre !
(Les poings en l’air, le regard retroussé dans une mimique de haine, le petit Timmy aurait dû rester sagement dans son lit. Il partit en direction de sa faculté, non loin de son logement étudiant. En arrivant devant le hall d’accueil, il s’arrêta, cherchant du regard, ses compagnons d’infortune d’un monde qui les dorlotait trop. Les voilà ! Près de la machine à café, ils semblent être pris dans une conversation qui mêle secret et tragédie.)
« Avez-vous entendu parler de cet élève qui s’est immolé à Lyon ? »
« Et celui qui s’est pendu à Lille ? »
« Non, moi je parlais de celui qui s’est défénestré à Dunkerque ! »
« Ah pardon, je croyais que tu faisais référence à celui qui s’est fait percuter par un tram à Agen ! »
« Salut les gars, comment ça va ? »
« Plutôt comment ça ne va pas, idiot ! Petit Timmy, c’est bien ça ton nom ? Eh ben, figure-toi, qu’on a eu le droit aux pires des malheurs ! Un avion avec tous ses passagers, s’est écrasé sur mes pompes ! »
« Des soldats sont tombés au combat aujourd’hui. »
« Tragique. Oh ! Hélas, de quelle malédiction, en sommes-nous les sujets ! Aïe ! »
« Ah désolé, je viens de me lever. Je n’ai pas eu le temps de voir les infos. »
« Honte à toi, petit Timmy. Honte à toi. Tu ne devrais pas sourire autant. Tu devrais partager les nouvelles, comme nous tous ! »
« Mais il n’est que 8 heures et quart ! »
« Eloignons nous de ce… Rabat-Peine, les amis. Qu’il comprenne la leçon… »
(Allons-donc, s’étonne petit Timmy, depuis quand sont-ils aussi sensibles ? Question rhétorique, question rhétorique. Comment vais-je faire sans amis dorénavant ? Le cours va durer éternellement s’il n’a pas la possibilité de bavarder. Surtout que c’est le cours chiant de madame L. auquel il était convié.)
« Bonjour, je suis votre professeur. Aujourd’hui, nous allons… attendez… Vous entendez tout comme moi ? Est-ce que vous avez vos oreilles braquées sur les malheurs du monde ? »
« Oui professeur, je le reçois 5 sur 5. La communication a perdu de son intensité ! »
« Mère Terre, c’est elle ! Je l’entends tousser, elle suffoque. Elle fait des petits teu teu comme une voiture qui n’arrive pas à démarrer. Mon dieu, mais que pouvons-nous faire ? »
« Je garde le contact avec elle, vite, adressez-lui un message avant que tout soit trop tard ! »
« Mère Terre, gentille Terre Mère, permets-nous de te contacter en ces heures sombres. Comment va ta santé ? »
« Monsieur ! Ce doit être à cause de l’Amazonie ! »
« Ou bien de l’Australie ! »
« Non, bande d’imbéciles, elle a subi de plein fouet les messages de haine envers Greta Thunberg. »
« Vous avez raison, les enfants, que pouvons-nous faire ? Dans une telle situation, je me sens tout démunie, tout petit ! »
« Je sais ! Réunissons-nous et insufflons notre énergie à la Mère Terre ! Je lance mes ondes en direction du sol ! »
« Moi aussi ! »
« Petit Timmy ? Que faites-vous dans votre coin ? Venez-nous aider, tout de suite, tout le monde est concerné ! »
« Attendez, ce n’est pas assez, qu’allons-nous faire ? »
« Bannissons les pailles en plastique ! Et condamnons toutes personnes qui vivent sur cette Terre ! Cela pourrait fonctionner. »
« Bien joué, mais je crois que ce soit trop tard, la Terre est silencieuse, elle agonise dans son coin. »
« Ah ! Je déteste perdre un patient ! »
« Bon, reprenons le cours, je te mets 0/20 pour ta participation très tardive mon petit Timmy. Bon, où en étions-nous ? »
« Vous avez envoyé des ondes positives de communisme la dernière fois, mais je crois que la batterie est en train de recharger. »
« C’est vrai, parlons d’autre chose, changeons-nous les idées pour une fois. Pourquoi pas un cours sur le cinéma Russe ? »
« Oh ouais ! »
« Yippee ! »
« Eh bah, regardez cet extrait de Tarkovski, si on l’analyse bien comme je le fais, on voit qu’il critique quelque chose sur notre société décadente. »
« Mais qu’est ce qu’il critique, monsieur le professeur ? »
« Le fait qu’on laisse la Terre dans un état pitoyable à coup de bombes nucléaires ! »
« Honte à nous ! »
(A la sortie du cours, le petit Timmy commence à courir, loin de cette classe de dingues, mais il n’a pas fait deux pas qu’il est confronté à un nouveau spécimen. Caractérisé par un nouveau doigt pointé sur sa figure, et des revendications perchées sur le bout de sa langue. A ne pas s’y tromper, cette étrange femme est prête à le condamner de quelque chose.)
« Eh ! Toi ! J’ai entendu dire qu’un gars de ta congrégation, avait commis un crime. »
« De ma congrégation ? »
« Bah oui, un mec quoi, comme toi. »
« Je n’en ai pas entendu parler. »
« La nouvelle vient de tomber il y a deux minutes, mais ce n’est pas une excuse. »
« Ah. »
« Une femme a été violé au Kurdistan. Elle s’appelait Appah. »
« Ah. »
« Non. Appah. Ah, c’était il y a deux semaines, et au Canada. »
« D’accord. »
« Je te laisse passer, le message est transmis. Tu en fais ce que tu veux. »
« Merci. »
(Deux pas plus loin)
« Eh ! On dirait que vous n’avez rien compris, une autre victime, repose dorénavant sur tes épaules. Elle s’appelle Appahpidou. Et elle vient du Yemen, cette fois. »
« Ok. »
« Pourquoi vous ne nous écoutez pas ?
(Un pas plus loin)
« Ah ! Dernière nouvelle, venant tout droit du Kilimandjaro. Vous avez encore… »
(Le petit Timmy fuit, le doigt pointé, qui traverse les murs tel un faisceau laser.)
« Ahppahpidoudiwap demande rétribution ! »
(Elle en a tout un régiment sur ses mains, et chacun peuvent le pointer, sur ce chef d’accusation, ou un autre.)
(De retour à la maison, le petit Timmy est exténué. Il est 9 heure 45, et il semblerait que la journée ne soit pas terminée.)
« Je suis une publicité Facebook qui ne ressemble pas à une publicité ! »
« Bonjour. »
« On ne se tutoie pas, connard. Regarde les conséquences de tes actes sur ce pays en question. L’UNICEF te propose de te rattraper en faisant des dons. »
« Peut-être une autre fois. »
« Mais c’est capital ! Est-ce que tu savais que sur cette Terre, il y avait des enfants sans éducation ? »
« On est 9 milliards, ça ne m’étonne pas. »
« OUH ! Bouh mister ! Est-ce que tu savais qu’il y a en ce moment même quelqu’un qui n’est pas d’accord avec toi ? »
« Oui. Bon, tu m’as compris la première fois. Laisse-moi tranquille. »
(La publication générée par Facebook disparaît… remplacée par une autre, venant tout droit de sa liste d’amis.)
« A peu de choses près, la Terre aurait pu s’appeler la Mer puisqu’elle est composée principalement d’eau. Mais les méchants humains ont eu tôt fait de ne se regarder que le nombril et d’appeler ça la Terre, seulement car ils ne vivent pas sous l’eau. »
« Bon, j’ai compris. Autre chose ? »
« Ceci n’est pas une publicité Facebook qui ressemble à une publicité ! »
« Crache ta Valda. »
« Est-ce que tu savais que les êtres humains tuent les requins à un rythme alarmant ? Et pourtant, on meurt très peu de la mâchoire de ses mammifères tout à fait fantastiques. Même les moustiques tuent plus ! Gentils moustiques. »
« En même temps, on ne vit pas dans la mer à ce que je sache… »
« OUH ! Bouh mister zéro d’empathie ! Aigri monsieur Scrooge ! Vilain voleur de noël ! »
(Le portable du petit Timmy bourdonne, qui est-ce ? Ses parents ? Un ami ? Ou bien une possible petite amie ? »
(Non. C’est encore une publicité.)
« RESERVES FAIBLES ! URGENT ! DONNEZ VOTRE SANG ! MAINTENANT ! LUNDI 13 SEPTEMBRE ! PAS D’ULTIMATUM ! STOP ! »
« Tu m’as déjà dit ça il y a deux jours. L’urgence ne devait pas être trop urgente alors… Stop. »
« Eh ! MAIS C’EST INTERDIT ! »
« Bonjour ! Je suis Wikipédia ! Je viens en ces heures sombres de l’humanité, pour vous avertir que la culture est magique et qu’elle est en danger maintenant ! Une petite partie de votre temps, s’il vous plaît, nous demandons très peu mais nous sommes les catalyseurs de la Terre. Nous unissons les terriens grâce à la connaissance. Donnez, car on nous donne si peu. »
« Et vous me donnez si peu de neutralité. »
« HOU ! BOUH ! »
« Recommandations YOUTUBE ! Chaud devant ! Vidéos à domicile ! »
« Hum ? »
« Paul Joseph Watson a dit : La Culture populaire d’aujourd’hui, c’est de la merde. »
« Hum. »
« USUL a dit : Comment l’extrême droite s’immisce partout, voici les dernières analyses. »
« Um. »
« Jean-Louis de la Nectarine : Une 18ème vague ? Un confinement proche ? Un couvre-feu ? Pass sanitaire ? La dictature c’est maintenant ! »
« M… Et Senscritique ? »
« Gagnez des tickets pour le nouveau film de l’année ! Le Numéro Uno ! Le best du best ! A raviver les papilles ! A ravir les petits ! »
« Ah ? Et ça parle de quoi ? »
« Une ville de province dans le sud de l'URSS en 1962. Lioudmila est une fonctionnaire farouchement dévouée au Parti Communiste. Sa fille décide de participer à la grève d'une usine locale et les événements prennent une tournure tragique. Les autorités dissimulent la violence de la répression. Lioudmila se lance alors dans une quête éperdue à la recherche de sa fille disparue. »
« Eh ben, c’est gai. »
« Gagnez des tickets pour le nouveau film de l’année ! Le Numéro Uno ! Le best du best ! A saupoudrer de délice notre vie ! A engrosser de bonheur ! »
« … »
« Une histoire d’amour et de désir…. »
« Ah ! »
« Et de perte de culture dans un monde où on considère les algériens de blédards et d’immigrants ! Comment la France ne fait rien pour sauver le monde en agonie perpétuelle ! »
« En même temps, j’ai jamais entendu parler d’un moment où le monde allait bien.
« BOU HOU ! »
« Et les critiques ? Qu’est-ce qu’elles en disent ? »
« Oyez, Oyez, citoyens de la planète Terre, le tocsin a sonné et le glas approche.
Le confinement est défait ! Le sondage mis à nu ! Le cinéma désormais va choisir ses élus !
Ne sortez pas de chez vous, restez à l’abri infirmes, vieillards, enfants !
Chacun aura le prix à moitié d’un ticket de cinéma à payer.
Implorez la merci des salles à l’heure de son jugement ! »
« Bon sang ! Ils sont tous comme ça ou quoi ?! A dire que le cinéma d’aujourd’hui, c’est que de la merde ? Enfin... c'est pas tout à fait faux mais... »
« Bon, j’en ai marre. Je vais jouer à un jeu vidéo pendant ce temps. M’ouvrir à d’autres mondes, voir des choses différentes. »
« Bienvenue dans le monde de Cyberpunk 2077, j’espère que vous êtes accroché à vos casques ! Découvrez un jeu se passant dans une métropole dégueulasse ! »
« Mais je vis déjà à Bordeaux. »
« Avec des clodos à tous les coins de la rue ! »
« Super. »
« Les robots sont dégueulasses. On parle de cul tout le temps ! Et puis, vous faites partie des rebelles qui doivent bouleverser l’ordre des choses. Car le monde comme il est, eh ben, je vais dire quelque chose qui dérange, une vérité gênante, mais le monde ne va pas bien ! Il pue le jus de chaussette. Tiens, prends ce casque VR et pénètre dans le jeu ! Tu vas pouvoir sentir les odeurs des déchets et sentir l’écume de la pollution sur la peau ! »
« Non merci. Je vais regarder un film plutôt. »
« Chérie… je vais mourir du cancer… Toi aussi… Et nos enfants aussi…. Et notre chat, pas de pot…. Et notre docteur de famille, il ne peut rien faire car… lui aussi, il a le cancer… Tout le monde… sauf, le président de la république Emmanuel Ma… »
(Subitement, le petit Timmy interrompit le film. Une envie de s’étrangler lui prit, mais il se retint. En revanche, il reposa ses mains sur un livre qu’il ouvrit avant de rabattre d’un grand coup la couverture. Il a vu le mot guerre, suivie de cancer, avec à la queue leu leu, une expression, celle de la fin du monde. Tout le monde souhaitait qu’elle arrive, cette big one, et pourtant, le monde continuait sans elle. Bande de sadomaso. Vous ne souhaitez pas que la Terre aille mieux, vous voulez que l’état empire, comme ça, imbue de vous-même, vous continuez à pointer du doigt ce qui ne va pas. La situation ne doit pas changer, autrement, on retourne à nos vies. Bon sang, faut vraiment avoir un orgueil de pacotille pour s’imaginer que l’humain a un impact aussi gros sur la planète, alors qu’il a la taille d’un tictac dans l’univers. Allons, sauvez cette foutue planète, de toutes façons, si c’est pas nous qui la détruisons, c’est le soleil, et si c’est pas le soleil, c’est une météorite, et si c’est pas la putain de météorite, autant dire qu’un jour, l’univers peut s’anéantir de lui-même et faire disparaître toutes mentions d’un tel préjudice.)
(Timmy se reprend. Il tombe dans la négation. Une fois de plus.)
Bon, je reprends ma critique. Non, We Happy Few est incorrect. Il base son histoire sur un monde ravagé par la guerre. Evidemment qu’on va avaler une drogue qui nous fait oublier les défauts de notre monde. Quand on a vécu le pire, facile de ne pas avoir envie d’un peu de réconfort. 1984 est une belle référence, mais comme tout le monde, il n’a pas de don de prescience, et le monde qu’il a décrit n’a jamais vu le jour. Bref, laissons-le dormir dans sa tombe. Après tout, ce n’est pas la dictature qu’il faut blâmer mais la tuberculose.
Allez, avant de commencer cette critique… Une petite pilule de Joy. Mais, il faut que je fasse attention à la dose. Car trop de Joy ou trop de Cry, et c’est l’indigestion assurée.
1.
Voilà un jeu qui commence très bien, une belle introduction à l’intérieur d’un monde dystopique. On joue un agent administratif qui censure des documents. Quelqu’un qui est donc établi dans ce monde. Une façon subtile d’attaquer le système en règle. Arthur, tel est son nom, a le choix d’avaler sa Joy, ou bien de la refuser. Et dans mon cas, j’ai aussitôt voulu connaître le monde de We Happy Few en passant par les quartiers les plus riches. J’ai accepté la pilule dans le jeu. Néanmoins. J’ai refusé la pilule dans la vraie vie en endossant une Cry. Et…
Mon bonheur a disparu.
Au final, vous n’avez pas le droit de choisir votre propre voie. Si vous prenez la pilule, retour case départ, les crédits, et c’est fini. Serais-je trop exigeant de demander deux intrigues différentes ? Surtout qu’ils en proposent trois avec autant de personnages différents.
Mais bon, parlons de la discrétion. Car ces trois personnages sont donc jetés en pâture à tous guignols à clé à molette, ils doivent donc opérer de concert avec leurs environnements pour espérer survivre. Comme on le dit souvent, la première expérience est la plus vraie, et je suis complètement d’accord avec cette assertion quand mon personnage suit le tutoriel à la lettre, parcoure un petit tunnel, atterrit dans des toilettes, avant de se lever de guingois en plein milieu de la pièce, alertant bien évidemment l’ennemi qui pissait tranquillement. Pourquoi s’est-il levé en un coup ? Il a dû faire un bruit de tous les diables en craquant ses longues jambes. Mais le tutoriel continue sa vie, ignorant le fait que j’ai raté le b.a.-b.a. Mais est-ce que ses astuces servent à quelque chose ? Non. J’aurais préféré des conseils comme :
« Savez-vous que les ennemis sont débiles ? Cachez-vous derrière n’importe quelle structure et même si la moitié de votre corps dépasse, c’est Happy Day for You ! »
« Au milieu d’une rue ? Poursuivi par une masse de bandits des bois ? Pas de soucis ! Mettez-vous sur un banc, ouvrez votre journal, et plus personne ne vous reconnaîtra. Alors même que vous êtes seul dans cette rue, et que le couvre-feu est lancé. Peut-être même que les flics vous aideront à lire votre journal car durant la nuit, il fait sombre, n’est-ce pas ? »
Ainsi, je me lance dans des combats, ne sachant que trop faire. Devrais-je parer ? Devrais-je les tuer ou bien les rendre inconscients ? Et bam, je me prends un coup dans les chicots, j’ai déjà plus de vie et les ennemis parent toutes les deux secondes. OK. On va fuir. Il vaut mieux. Mon arme fait aucun dégât de toutes façons. Mais ? Hein ? Ils m’ont perdu de vue alors que…. J’ai juste passé une caisse ! Et maintenant, c’est soirée Free Jazz et improvisation. L’intelligence artificielle ! Bon dieu ! Voilà que les ennemis se téléportent, foncent dans le feu, brûlent et réitèrent l’expérience en boucle. Ils peuvent même se téléporter devant moi !
Oh ? Un écran de téléchargement ? Pendant un combat ? Mais qu’est ce qui ne va pas dans ce jeu ?
Et en plus, il est long… Good. Je fais quoi en ce moment ? Je joue au poker ? Comme ça je parie tout mon argent sur le fait que le jeu pourrait bien être comme ça jusqu’à la fin ? Oh ! On dirait que j’ai gagné mon pari. En voilà un autre, à quelques mètres d’intervalle. « Now Entering Maidenholm… » Maidenholm mes fesses. Je suis pas rentré dans une nouvelle zone ! Elle ressemble à n’importe quelle partie de la zone, c’est moche, c’est sobre, c’est rempli de vide incroyable et il n’y a rien à explorer, à part des maisons vides. Oh tiens, regardez ce que j’ai trouvé dans cette maison, du vide. « Now Entering St george’s Holm ». Tu parles, tu ne m’auras pas, c’est la même zone recyclée.
Oh bonjour madame, je ne peux pas pour l’instant. Je suis poursuivi par des vilains. Mais ! Madame ! Retenez vos coups ! Je n’ai aucun grief envers vous, pourquoi vous me tabassez comme les autres ? Vous ne les connaissez probablement pas puisqu’ils habitent loin d’ici. Je les ai ramenés ici, à travers les trente écrans de téléchargement. C’est pour ça que vous m’en voulez ? Ou tout simplement parce que vous partagez un lien ultra fort d’empathie universelle ? L’homme est un mouton pour les autres ? Ce genre de connerie ? Surtout que ce sont les Bobhead, ceux qui vous volent vos provisions, vous martyrisent et… Attention madame ! Un pestiféré ! Il va vous contaminer et… enfin… non, car il s’est allié à vous pour me taper sur la gueule. Lui aussi. Bon sang, pendant qu’il y est, ils peuvent exploser votre maison, tuer vos enfants, mais coûte que coûte, c’est moi l’ennemi ! Saleté de terroristes !
Peut-être qu’un jour, j’arriverai au village. Car autant continuer la quête principale. Elle est dix fois plus intéressante que les quêtes secondaires. Celles qui vous demandent de cueillir des fleurs, fouiller les maisons pour tel ou tel outil, construire des tenues juste pour récupérer du miel, voler des coffres, ou bien revenir la nuit pour seulement effectuer une action particulière. Tout cela en traversant en long et en large, des territoires austères, remplis de fleurs et de vides. Encore du vide. Ce satané vide. Accompagnée d’une musique, à la sauce pendaison, parfaite pour signer d’un trait tout testament. Bon sang, qu’est ce que je m’ennuie. Je marche, je cours, endurance morte, je cours, je marche, endurance morte. Tout ça pour des points de compétence, que je reçois en gros nombre à chaque quête principale, pour signifier à quel point ça sert de cocher les secondaires dans son journal.
Oh ? Mais que vois-je ? Le jeu a planté. Quelle agréable surprise. Vous savez quoi ? Laissons tomber les secondaires… Et focalisons-nous davantage sur la principale. J’apprécie très peu les décos sauvages, les sauvegardes interrompues par le plantage, et les pilules de Joy que je dois m’enfourner dans le gosier afin de supporter un tel jeu.
Le bonheur est de retour.
Good.
2.
Ah ! De retour dans la quête principale. Quel plaisir de voir qu’on rentre dans un monde dystopique ! Cette quête qui nous plonge dans la douane à Joy. Superbe ! On s’amuse, c’est pas long, et hop, on rentre dans le village ! Et là au moins, les quêtes ne sont pas trop longues, elles ne demandent pas de franchir des distances démesurées entre le donneur et l’objectif. Bon, elles sont quand mêmes un peu simples mais certaines valent le coup d’œil. La quête de Nick Lightbearer suivi de Simon a dit, par exemple. Et la quête principale continue, continue loin de tout. Trop loin.
Oh mince… Le contrecoup de la Joy ! Je vais vomir et me faire alerter ! Vite une Cry ! Vite !
Quel malheur, ma pauvre tête. Voilà que c’est reparti. Tout est reparti comme auparavant. Tu es content, jeu de merde ? Veux-tu que je te donne l’endroit parfait pour me couper les veines ? Ici ! Juste en dessous du Not Penny’s Boat ! Vas-y !
Ce sera moins douloureux que de me faire traverser à nouveau des territoires vastes et austères. Où il y a aucun personnage sympathique. Où on est obligé de changer de tenues autrement c’est la guerre. Bon sang, je dois chercher des moteurs de voiture, disposés n’importe où dans la carte. Et parfois, les explications de quête sont vaseuses, on a juste l’impression qu’on nous fait balader partout pour que le jeu dure. Mais perdure plutôt que durer. Surtout que l’austérité casse le quatrième mur à grand coup de sabots, voyez, je vois les emplacements de maisons posés n’importe où. Et tout autour du village, zones censées être différente des quartiers des jardins, ça ressemble à une zone vide, austère. Vous pouvez faire le tour, et voir des maisons aux portes jamais utilisés, des textures élargies, et des trous dans les murs. Grandiose. Je ne me croirai pas dans un jeu. Il ne manque plus que le développeur à côté de son œuvre, un grand sourire, et un petit doigt d’honneur en prime.
Et parfois, les objectifs de quête buggent. Marqués toujours sur la carte comme inachevés. Vous pouvez quitter le jeu et revenir. Littéralement. Car le jeu ne propose pas d’option « charger la partie ». Non, vous devez quitter le jeu, revenir sur le menu qui lague, et enfin, vous pouvez passer par un autre écran de téléchargement qui dure des plombes. Et de retour dans le jeu, les objectifs déjà faits auront disparu. Magnifique. Enfin, je peux continuer à jouer…
Je peux pas courir, je dois prendre ma Joy pour passer des douanes dans le village, je dois porter les bons vêtements, je peux pas m’accroupir, bon sang. Les éléments de survie ajoutent du panache, mais aussi de l’ennui, car à force de traverser de long en large ce village, j’en perds vite mon intérêt à faire les autres quêtes secondaires. Mais si je ne les fais pas, qui dit si je passe devant une quête intéressante ? Et puis parfois, on les trouve au beau milieu de nulle part, bon sang, à l’endroit où aucun développeur y a déposé ses pieds. Et voilà ! Une nouvelle douane, mais cette fois-ci, j’ai la flemme de faire le tour du village à pied, je m’en fiche. Une petite Joy. Et tout se recycle.
Et le bonheur rapplique.
3.
Ah qu’est ce que j’ai adoré les moments musicaux dans ce jeu ! Lalala, que c’est good. Not A crime to Smile est parfait. Et When you’re gone s’imbrique parfaitement avec la fin du jeu. De plus, c’est un sacré groupe les Make Believes, ils font de ces musiques sympathiques que j’ai tout de suite adhérées. Leur contenu doux/amère colle à l’ambiance We Happy Few, avec cette influence Garage Rock nourri au psychédélisme. La formule de cette Joy à la fraise est parfaite !
Et celle à la mûre ? La toute nouvelle Joy, sortie tout droit des Laboratoires Verloc. Je l’ai goûté aujourd’hui et…
Oh merde, j’ai tout vomi. Le contrecoup évident, bien évidemment. La fin d’Arthur est magique, le jeu s’est terminé pour la première fois. L’acte 1 est achevé. Néanmoins. Il y en a d’autres. Quelques histoires continuent à prolonger un jeu qui manque un peu de tonus. Car après avoir fréquenté Arthur, un personnage plutôt maniable, aux quelques défauts, et à la capacité d’adaptation plutôt raisonnable. On a le droit de recommencer le jeu une nouvelle fois, aux commandes de Sally, un personnage qui ne peut pas assommer les gardes, qui n’a pas d’argent, qui est obligé de revenir chez elle constamment si elle ne veut pas écoper d’un malus. Sa seule qualité, c’est l’alchimie. Sauf que… Je n’utilisais jamais cette fonctionnalité. Je vais faire comment pour survivre alors ? Hein ? Souffrir, courir, se faire tabasser juste parce que mon endurance est nulle et mes coups en pâte à modeler ? Cette idée de recommencer à zéro, pourquoi pas ! Mais si le gameplay de Sally, n’est pas comparable à Arthur. Arthur, c’est la discrétion, Sally, aussi. Bien sûr, la courbe de difficulté est au moins bien respectée puisque le début de l’acte 2 se fait dans la douleur, jusqu’au moment où on gagne 9 points de compétences pour des petites quêtes. Là, vous optimisez votre perso et le reste du jeu se fait la main dans le slip.
Pour la peine, je me demande si les joueurs ont assez de patience pour aller jusqu’au bout. Dans mon cas, j’ai eu beaucoup de mal à terminer l’acte de Sally. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous retournez dans tous les endroits autrefois visités par Arthur… Une fois de plus. Seul une zone est liée à l’histoire de Sally, le reste, c’est le remâché de l’Acte 1. Ils ont essayé pourtant, de m’arnaquer sur certains éléments. Par exemple, la carte est renversée, et certains endroits comme le labo de Faraday se trouve à des kilomètres de son lieu d’origine. Et puis, la quête principale de Sally ne fait même pas semblant de diriger le joueur vers d’autres contrées, non, vous retournez dans le labo de Faraday, dans le Laboratoire de Verloc, dans la gare routière. Bref, c’est chiant. Le pire, c’est la quête des sorcières, ou plutôt la suite ininterrompue de quêtes qui vous fait vadrouiller d’un point à un autre en boucle, sans pause, vous laissant en pâture à n’importe quel plantage du jeu pendant votre virée dans les pâtures du village.
Et ce bébé… Qu’est ce qu’il m’agaçe… Oh s’il vous plaît. Une pilule de Joy, s’il vous plaît. La Cry ne me réussit pas.
C’est à nouveau le bonheur à la porte, il demande si je m’amuse toujours.
Bien sûr que je m’amuse ! Regardez les cinématiques du jeu. Ne sont-elles pas magnifiques ? J’ai rarement vu des personnages se déplacer avec autant de finesse et d’expressions sur le visage. A en faire pâlir un Assassin’s Creed ! De plus, vous aurez remarqué que certaines cinématiques changent selon le point de vue du personnage. Et c’est intéressant de voir la façon dont réplique notre personnage mais vu à la troisième personne. De quoi nous faire rentrer dans ses chaussures. Et c’est ça que j’adore dans ce jeu. Il y a pas une pléthore de personnages, et pourtant, ceux qui occupent la plus grande partie de l’écran, ne sont pas manichéens. Ils ont des soucis, des défauts, des qualités, et parfois, ils ont raison. Arthur abandonne Sally, la traite avec mépris. Et pourtant, c’est un personnage meurtri par un passé qui l’empêche de voir autre chose que ses objectifs. Mais il a plein d’humour, il a un don pour la bureaucratie, et il est un peu sentimental envers Sally. De l’autre côté, Sally est un personnage intéressant. Elle est hautaine, travaille avec les plus hautes sphères de la société, et à cause d’elle, la Joy détruit la société. Néanmoins, son occupation première est de sauver son bébé de ce monde dangereux. Elle utilise alors ses dons féminins pour outrepasser les directives du Colonel Byng. (Enfin, un personnage féminin un peu plus sympathique que toutes celles vendues par les Triple A et les jeux indépendants.) Et enfin, Ollie Starkey, accompagné d’un fantôme qui le poursuit jusqu’à la fin puisqu’il lui rappelle en vérité ses erreurs passés. Soldat bourru, vulgaire et incapable de vivre en société. L’acte 3 commence avec lui, et même si, une fois de plus, on retrouve les mêmes lieux qu’auparavant (camp de militaires, gare, et village) l’acte est assez court puisqu’Ollie sait exactement ce qu’il veut faire très rapidement, rejoindre la tour de Transmission (nouvelle zone trop courte) et mettre fin à la tyrannie Joy. Au moins, les nouveaux personnages suivent leurs propres buts, et mêmes s’ils ne s’entraident pas énormément, on apprécie chacun des personnages. Même les plus détestables comme le Colonel Byng, le Docteur Verloc, et Victoria Byng ont chacun leurs propres skins et leurs propres moments. Pour la peine, j’ai beaucoup apprécié de jouer Victoria dans le DLC, (qui est trop long, et manque de moment forts), ainsi que Nick Lightbearer (Meilleur DLC), afin une nouvelle fois, d’apprécier une nouvelle chanson des Make Believe que j’adore : I’ve Seen Everything. Le dernier DLC en revanche, celui avec le couple homo des acolytes de Faraday, manque cruellement d’intérêt. A part le boss de fin, plutôt géniale et les deux personnages qui ne sont pas les archétypes clichés des personnages gays dans le monde des jeux-vidéo, alléluia.
Et magnifique est de constater qu’à la fin, il n’y a pas de Happy Ending, pas de bad Ending à la mords moi le nœud. Pas d’instant Karma, ni de punition divine. Les personnages sont des individus que le personnage ne choisit pas d’orienter dans le jeu, ils font bien leurs vies sans nous. Ils ont des cerveaux comme nous. A l’inverse des jeux d’aujourd’hui, qui privilégient (comme je l’ai indiqué dans mes critiques Minecraft (bof) et Mass Effect Legendary Edition) le manque de cerveau car les joueurs n’en ont pas. Vous voulez jouer des personnages avec des passés qui ne sont pas le vôtre ? Vous voulez jouer des personnages qui ne vous ressemblent pas ? Eh bah non, c’est foutu. Allez vous moucher. Jouez plutôt cette planche de Bois, qui agit selon vos moindres désirs, oh oui, petit joueur, joue encore et paye-moi plus. Et puis, bientôt, ce sera le coup du casque VR de nous plonger dans la tête de nos planches de bois favorites. Je veux ma planche acacia ! Je veux ma planche de bouleau ! Je veux ma planche de châtaignier ! Je veux que ma planche de bois a les cheveux noirs, les yeux rouges, les boutons verts, des cicatrices, une partie de la mâchoire en moins, des yeux asiatiques et une coupe afro. On ne fait plus dans la fantasy mais dans le surréalisme !
Bon, par contre, j’ai bien le choix à la fin d’avaler une Joy ou pas. A quoi ça sert ? Une mini cutscene, même si j’ai dû les voir sur YT car elle ne s’activait pas.
Et vous savez quoi ? Je ne me suis jamais senti aussi bien. Au revoir les planches de bois.
I’m Gone.
I’ve seen Everything but, smiling, is not a crime.
You’ll never change my mind.
I’m Going home.
« Bon sang ! Vous voyez ! Sales monstres ! Il existe bien un bouton rouge pour la guerre nucléaire ! »
« Putain, on l’a cherché pendant des années, qu’est ce qu’il était bien caché, chef ! »
« Maintenant, on va le garder, et le protéger jusqu’à la fin de notre vie ! »
« Chef, ici, il y a un bouton qui désactive le gros bouton rouge, qu’est ce qu’on fait ? »
« Ah la la ! Je suis sûr que les vilains vont appuyer dessus en premier, quelle bande d’enfoirés ! Et les indigènes d’Amazonie ? Ils y ont pensé avant de produire un tel choix ? »
« On pourrait fermer la porte, chef, et comme ça, ils ne pourront pas rentrer. »
« Eh non ! Après la guerre mondiale, il ne pensait qu’à la société de consommation ! Les salauds, toujours à polluer la Terre, et tuer les animaux pour leur plus grand plaisir. »
« Chef, arrêtez de gueuler, ils vont peut-être finir par vous entendre. »
« C’est mon nombril… Je veux dire, mon bouton rouge, ils n’ont pas le droit d’appuyer dessus ! »
« Ah bon ? »
« Bah oui, regarde, je vais imiter la personne qui le ferait. Il viendrait ici, il resserrerait sa grosse ceinture sur son gros ventre, et puis, il tournerait autour de la table… comme ça. Tel un porc bien nourri. Et là, dans un sursaut de capitalisme immonde, il appuy
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 8 sept. 2021
Critique lue 180 fois
D'autres avis sur We Happy Few
Comme j'avais bien aimé le précédent jeu du studio (Contrast), je me faisait une joie de plonger dans le nouvel univers très prometteur de Compulsion. Et quelle ne fut pas ma déception en découvrant...
Par
le 26 août 2018
6 j'aime
2
Je suivais ce petit gars depuis ses débuts durant l'accès anticipé, et je n'ai pas été déçu du résultat. We Happy Few nous plonge dans un univers qui frôle (et parfois qui y plonge carrément) dans le...
Par
le 9 janv. 2021
3 j'aime
Ce qui m'a attiré à jouer à "We Happy Few" est son propos, son univers années 60, sa drôle de société, la place du héros en bon fonctionnaire, qui doit comme tout le monde s'ingurgiter une pilule de...
le 28 sept. 2021
2 j'aime
Du même critique
Oh ! Chaud devant, étron indé à domicile ! Ou... Si vous ne voulez pas devenir un fantôme de la critique... Veuillez lire celle-ci, rendez-vous page 23 :...
Par
le 14 janv. 2019
14 j'aime
67
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas porter ma critique sur une simple phrase, ce serait injuste. La seule raison pourquoi j'ai pensé à cette phrase pour le titre, c'est parce qu'au cours d'un de...
Par
le 5 juil. 2017
12 j'aime
15
Couvrons cette critique de mauvaise foi que je ne saurais voir. Halte ! Ceci est un petit message avertissant que cette critique est (il paraît) trop sexiste, homophobe pour être donnée à voir à de...
Par
le 27 sept. 2019
9 j'aime