Parlons échange équivalent.
Au royaume des walking simulators, il y a ceux qui voudraient, vraiment, de tout leur coeur, mais qui n'ont pas l'étoffe, et ceux qui ne se contentent ni de vouloir, ni de pouvoir, mais qui vont au-delà, et qui vous y emmènent en un claquement de doigt - ou c'est tout comme.
Autant mettre 5 euros dans Gone Home, c'était déjà presque trop, alors (et bien qu'il m'en coûte de l'écrire), autant les 20 euros de What Remains of Edith Finch, je ne les regrette pas ; et si la fin déçoit un peu, j'avoue (trop elliptique, trop attendue), cette nouvelle expérience narrative signée des papas (et mamans) de The Unfinished Swan est un petit bijou de noirceur et de poésie, une magnifique leçon de storytelling et une superbe réinvention du genre "walking simulator", qu'il pousse dans ses derniers retranchements.
Pas de tiroirs à ouvrir sans fin, d'aller-retours inutiles ou de prolongations artificielles...
Par le talent et la sincérité de cette petite équipe qui a tout d'une grande, chaque historiette dans la grande histoire devient comme un cadeau qu'on déballe, une nouvelle surprise qu'on découvre avec angoisse, fébrilité.
Pas de chichis, d'interactivité superfétatoire.
Le titre s'en tient à l'essentiel, et le résultat suit - quand il ne précède pas.
C'est beau, c'est poignant, c'est intelligent, c'est imaginatif et dur, aussi, à sa manière. Cruel, toujours. Mais surtout (et paradoxalement), c'est magique et on en redemande, comme un film expérimental indé "dont on est le regard".
Un bien bel exemple de "jeu vidéo autrement", en somme, à lire du bout des doigts.