Il y a quelques semaines, ma PlayStation 5 a fait des siennes. Elle affichait un message de surchauffe et se coupait. Je l'ai alors déposée au SAV du Média Nui de Punaauia (qui a fait du très bon travail et je les en remercie) et je l'ai récupérée. J'ai donc profité que le jeu indépendant What Remains of Edith Finch ait reçu une mise à jour qui l'upgradait pour la PlayStation 5 pour faire quelques essais. Ce fut une sage décision au vu de l'expérience narrative extraordinaire que j'ai vécu par son biais.
Voyage au bout de leurs vies
L'aventure commence sur un bateau qui nous mène on ne sait où. On y incarne, en vue à la première personne, un personnage dont on ne connaît pas l'identité. En quelques manipulations de votre contrôleur, vous ouvrez un carnet posé sur vos genoux et à la lecture des premières lignes, vous vous fondez dans les yeux de la dernière née de la famille Finch, Edith, qui se rend à la propriété de sa famille pour dénouer le mystère qui entoure leur clan. Des secrets qui se cachent dans les replis alambiqués de l'étonnante demeure, au profil aussi fantasque que les mystères qu'elle recèle.
Family Time
Avec son moteur graphique basique mais efficace contrebalancé admirablement par des effets de lumières maîtrisées, des textures propres et une direction artistique fantastique en perpétuelle évolution, What Remains of Edith Finch possède une aura bien particulière. Nimbée de mystères qui suintent par tous les interstices de l'impressionnante maison, on évolue dans cette quête de réponses avec une aisance et une exaltation déconcertantes.
Faisant le choix d’un affichage minimaliste, l'absence de HUD (ensemble des informations affichées en périphérie du centre de l'écran) et un minimum d'indications lorsque l'on doit faire des interactions avec l'environnement, ce titre fait tout pour rendre l’expérience la plus immersive possible. Si, les premières minutes peuvent donner l’impression que l’on s’aventure dans un walking simulator narratif classique, le récit nous met très vite face à des éléments de game-design surprenants !
Sans vendre la mèche à ce propos, plein de séquences vous feront complètement basculer de mécaniques à d'autres, le tout justifié par la progression de l’intrigue et adapté aux anecdotes ou personnalités de chacun des membres de la famille.
Puisque oui, comme pour les premières secondes du jeu, c’est en lisant des journaux intimes, des coupures de journaux ou encore des échanges épistolaires que vous plongerez dans le passé des différents Finch afin de découvrir la vérité sur le mystère qui entoure votre famille. Un choix narratif qui donne une dimension très « littéraire » à ce jeu plutôt étonnant dont la trame principale se finit en 2 ou 3 heures. Il suffira, logiquement, d’un peu moins d'une deuxième run, pour les chasseurs de trophées ou de succès, pour le terminer entièrement.
Family Portrait
Malgré sa durée de vie rikiki, What Remains of Edith Finch est généreux et nous emporte aisément dans un flot d’émotions contradictoires troublantes. La fatalité tutoie l’émerveillement. La joie côtoie la tristesse. Les destins croisés des différents membres de la famille n’ont de cesse de provoquer notre surprise et l’on se retrouve à enchaîner les minutes avec un intérêt qui ne cesse de croître.
Rythmée par la voix d’Edith et celle des différents narrateurs qui prennent la parole au gré de ces récits imbriqués, on commence à comprendre l’ambiance que dégage les différentes pièces de cette étrange maison. L’atmosphère est pesante, mais l’empreinte laissée par les anciens habitants de cette maison dans chacune de leurs chambres, nous donne l’impression qu’il reste encore pas mal de vie en ces lieux. Ce que vous trouverez très vite paradoxal quand vous découvrirez le passé des Finch.
L’ambiance sonore est bonne. Les bruitages accompagnent efficacement les différentes facettes de l’histoire (je me suis surpris à sursauter lors de la séquence de Barbara qui est appuyée par le thème original du Halloween de John Carpenter) et permettent de profiter pleinement des changements drastiques d’univers et de gameplay qui rythmeront votre progression.
Les doublages très qualitatifs de la version originale participent beaucoup à l’impact des récits sur le joueur. Ajoutons à cela une bande-son maîtrisée qui colle toujours aux différentes choses que le jeu a à nous raconter et la recette est complète pour ce titre d’exception !
Coups de cœur de la bande-son : Les morceaux Calvin’s Swingset, Walter’s Bunker et Milton’s Tower sont un véritable délice pour les oreilles. Une OST signée Jeff Russo qui a également travaillé sur la bande originale de la série Netflix Umbrella Academy.
La fête à la maison : Les titres comme What Remains of Edith Finch nous montrent à quel point le jeu vidéo peut-être utilisé comme un nouveau moyen de raconter une histoire. Troublant, mystérieux et pas avare en émotions, ce titre est un récit interactif extraordinaire qui touche à l’âme. Poignant et étonnant, il s’approprie et réinvente les codes de ce genre et devient l’un de ses plus beaux représentants.