Critique d'un vieux briscard
Le jeu pour tous
Mists of Pandaria reste dans la logique de l'universalité. Le jeu est grandement facilité avec la disparition pure et simple des arbres de talents. Les classes elles-mêmes se voient allégées de quelques contraintes, comme les totems de Chaman, les changements de posture des Guerriers et bien d'autres. Le theorycrafting prend un coup dans l'aile, c'est bien dommage pour moi qui aime les maths. Bref, même celui ou celle qui n'a jamais touché à un jeu vidéo peut progresser efficacement dans WoW. Jusque là réservé à une sorte "d'élite geek", la série prend un tournant définitivement casual. C'est un mal pour un bien, un bien pour les finances de la compagnie californienne. Alors que SWTOR s'embourbe dans de très classiques arbres de talents et craft, WoW prend un peu d'avance et devient le seul MMO universel de 7 à 77 ans.
Et forcément, ça ne plaît pas aux vieux raiders comme moi. J'ai un peu tout connu dans WoW, les nuits de pvp, les nuits de craft et de farm, les nuits de raid, en RL ou PU... Ouais je jouais beaucoup la nuit en fait. C'est aussi de bons souvenirs de joueur, des rencontres géniales. Ma première remarque justement en retournant dans les rues de Hurlevent, c'est le vide. Je ne sais pas si c'est la concurrence qui a eu le peau d'un des seuls MMO nécessitant un abonnement du marché, mais il n'y a plus grand monde. Le canal de discussion d'habitude si actif vers 20-21h (heure des raids) est aussi mort qu'à 4h du matin. En effet, à quoi bon chercher des copains si on peut tout faire tout seul. Comme je le disais dans un de mes anciens articles, ce solotage est corrélé positivement avec l'ambiance. En raid, en pvp ou même sur la carte du monde, difficile de ne pas se faire pourrir quand une erreur est faite.
Un peu de zen avec les pandas
L'effort est louable : faire un virage à 180° en séloignant des dragons et des trolls et proposer des pandas. WoW se prend pour Pixar (même si certains défendront le lore de Warcraft III, ça reste un peu gros), une bonne idée pour séduire le nouveau marché chinois. Des pandas moines tant qu'à faire. Et on est parti pour boire du thé et voir du jade partout, vraiment PARTOUT. La première zone, la Fôret de...Jade, est une fôret avec des pagodes, il y a aussi beaucoup de vert. C'est à peu près tout ce qu'il y a à retenir. WoW se reboot en prenant pour base le conflit éternel entre Horde et Alliance, ce qui va provoquer l'apparition de manifestations physiques d'émotions négatives : les sha. Donc on retrouve le sha de la peur, de la colère, du doute et d'autres. A quand le sha de la surprise, le sha de la culpabilité, le sha-sha-sha... Pas de vrai méchant à l'horizon, en même temps ils sont plus ou moins tous morts dans les épisodes précédents, certains même plusieurs fois. De nouvelles races débarquent : des poissons, des mantes religieuses, des lapins. Bref... Le système de quêtes est le même qu'à Cataclysm. On va dans un endroit, on fait deux salves de 5-6 quêtes (un tiers tuerie, un tiers ramasser, un tiers actionner un objet) avant une quête finale donnant une bonne pièce d'équipement. Pour faciliter le tout, les pièces d'équipement sont maintenant adaptées à la classe, aucune erreur possible. Les quêtes élite n'existent bien sûr plus du tout.
Les zones suivantes sont relativement anecdotiques. La dernière zone, le Val de l'Eternel Printemps propose une capitale séparée. Quel dommage ! J'aimais l'ambiance foutrarque de Dalaran ou de Shattrath. Mais bon, ce serait moyen de faire cohabiter Horde et Alliance qui se tappent à nouveau dessus. On ne va pas critiquer pour une fois qu'il y a un semblant de cohérence dans l'univers... D'ailleurs, en choisissant d'incarner un panda, vous devrez finir la première zone de quêtes pour choisir une faction.
Une fois niveau max
Ding ! Le niveau 90 est là, avec notre stuff vert dépareillé. Comme les vieux le disent et comme on m'avait dit il y a quelques années : "Tu verras, c'est là que tout commence". En effet, pour progresser et obtenir un équipement optimal, il faudra réaliser de nombreuses quêtes journalières. Pendant un mois. Oui, un mois à se faire chier avec une batterie de grosso modo 50 quêtes. On peut aussi farmer l'hôtel des ventes pour partir en raid ou en pvp. Alors que Cataclysm se résumait à ça une fois niveau max, Pandaria va plus loin et c'est là tout le génie (financier) de Blizzard. La plupart des MMO puent la mort une fois niveau maximum il faut le dire. Si certains ne veulent pas raid et atteindre l'élite comme c'était un peu le cas avant, la Pandarie a de quoi faire. De nombreux monstres rares font leur apparition, accompagnés d'objets funs. On peut s'amuser dans WoW ! N'oublions pas le potager ou la pêche. Pour les plus agressifs, il existe une sorte de Fight Club qui permet de combattre en solo des élites bien balèzes. Enfin, en attendant Pokémon X et Y, on peut s'adonner à des combats de mascottes, vous savez les vaches et les lapins sur lesquels on s'entraînait à faire le plus gros coup critique en démoniste destruction à BC. Bref, ces trucs-là servent au moins à quelque chose.
Au final
Pour un vieux joueur comme moi, WoW c'est fini. Et WoW renaît pour les joueurs plus récents. Le MMO devient universel, les joueurs expérimentés s'acharneront sur les raids héroïques, les nouveaux s'amuseront avec leur potager, on peut passer de l'un à l'autre rapidement, faire un petit reroll ou un donjon quand bon nous chante, sans avoir besoin d'essayer de monter un groupe pendant dix ans. Loin des temps de chargement de SWTOR, des bugs de TERA, l'abonnement vaut le coup. Le jeu est propre, amusant, sans prise de tête, toujours un peu moche, mais ça fait partie de son charme. J'ai commencé en 2006 et cumulé quelques dizaines de centaines d'heures de jeu (avec quelques pauses), que j'apprécie parfois, que je regrette de temps en temps. J'ai plusieurs persos niveau 85, mon éternelle Chaman Draeneï niveau 90 (Salyéïn), des down, des discussions à Westfall à 4h du mat, des rires sur TS, des pvp endiablés, de la rerollite, des cernes, un peu de passion dirons-nous.