Tout ne tient qu'à un fil
J'ai appris l'existence d'X-Blades par une anecdote, celle du fessier de l'héroïne. Ce dernier est recouvert d'une culotte sur la jaquette de la version PlayStation 3, quand ce serait plutôt un string pour les joueurs de la XBox, dans la plupart des pays européens. Outre cette particularité, on notera la posture, appelée Broke back pose par nos amis américains, et qui désignent une contorsion du torse pour faire apparaître fesses et poitrines ensemble. Position qui n'a rien de très confortable, essayez chez vous, et qui est souvent utilisée pour charmer les libidos masculines. Bref, X-Blades racole.
J'ai toujours apprécié incarner un personnage féminin, et plus particulièrement dans les jeux de combat ou les beat'em all. L'esthétique virile, à gros muscles, ne m'attire pas. Au-delà de l'anecdote citée plus haut, X-Blades est un jeu d'action permettant d'incarner un personnage féminin, Ayumi, ce qui m'a poussé à me laisser convaincre. Soyons francs, elle ne restera pas dans le palmarès des personnages féminins remarquables. L'histoire du jeu est sans grand intérêt, à base d'un artefact retrouvé et qui libère un mal ancien... Peu importe. On a vu pire. Mais X-Blades, dès ses premières minutes, vous désolidarise totalement de toute empathie, avec le comportement de jeune enfant gâté et agaçant de son personnage. Et, à la fin, on essaye d'insérer à grands coups de marteaux, de l'émotion pour elle. Mais non, ça ne peut pas marcher comme ça.
Alors tant pis, on joue au jeu pour ses qualités vidéoludiques. Très proche du beat'em all, voir du hack and slash, X-Blades propose un système de combat brouillon, où le joueur peut alterner entre coups d'épées et de pistolets. Le principal intérêt du jeu est l'acquisition progressive de nouvelles techniques ou améliorations, certains ennemis ne pouvant se défaire qu'ainsi. L'indécision du jeu entre des sensations brutes ou plus de subtilité est ainsi flagrante, et seuls certains passages sauront exploiter efficacement l'un ou l'autre des aspects.
Parlons en de la progression. Tout le jeu se déroule sur un seul et même niveau, mais le déroulement est toujours le même. Le joueur entre dans une nouvelle zone, il doit la nettoyer de ses occupants belliqueux. Et ainsi de suite. Parfois, un boss vient se frotter les dents contre votre fessier. Et vous obligera à utiliser les techniques spéciales, pour varier du martelage de boutons. Quelques passages de plateformes sont à prévoir, ou plutôt d'évitement de pièges, sont aussi de la partie, mais sont trop peu nombreux. Il n'y a rien de bien palpitant en terme de level-design, et tout le jeu se répète ainsi. D'autant plus que, pour éviter que le jeu ne se termine en quelques heures, les allers-retours sont très fréquents et, surtout, injustifiés.
C'est d'autant plus dommage que le jeu est pourtant assez réussi esthétiquement, au moins sur un point, celui des décors. Ayumi déambule à travers les ruines de ce qui apparaît comme une ancienne civilisation. J'ignore s'il y a des châteaux ou monuments abandonnés de ce calibre en Russie, mais cela donnerait envie d'aller retrouver les influences du jeu. Malheureusement, une fois de plus, ils se répètent. Quant au design jappano-américaine de l'héroïne, il est, comme le terme que je viens d'utiliser, ridicule. Nous avons donc une chasseuse de trésors, en strings, à couettes blondes. Très crédible.
Je vais vous le dire ce qui ne va pas. Ou au moins les symptomes les plus flagrants. X-Blades est un jeu qui s'étire au point d'ennuyer plus qu'il n'aurait dû. Moins d'histoire, moins de combats, moins d'allers-retours, pas de recyclage de décors, et on aurait pu avoir un jeu certes moyen, mais qui n'aurait pas été déplaisant à parcourir quelques temps, entre deux tranches de jeux plus ambitieux. X-Blades aurait eu ainsi toute sa place sur les plateformes de téléchargement, plutôt que cette version boîte trop ambitieuse pour ses moyens.
Malgré toutes ces réserves, formulées par une presse peu enthousiaste (Metacritic annonce un score de 5.0 pour les versions consoles), le jeu aura une suite trois ans plus tard, Blades of Time. Ayumi abandonne ses couettes pour un design plus sérieux, et le jeu s'aventure vers un peu plus de réflexion. Mieux apprécié par ceux qui y ont joué, mais ils sont peu nombreux.