Xeno sous Xanax
Bon cru, comme l'ensemble de la série (sauf peut-être Future Connected qui m'avait laissé un méchant arrière-goût de "c'était pas intéressant", mais ça n'était pas pour lui qu'on achetait la version...
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le 17 août 2022
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Ça y est, l'aventure est enfin bouclée, après 90h en ayant l'intention de ne "pas m'attarder sur le jeu". Ahah. J'en sors ému par une fin plutôt bien écrite et ayant fait vaciller mon petit cœur, me faisant presque oublier combien ces 90 heures étaient parfois douces, parfois prenantes, souvent éprouvantes. L'envie brûle d'étayer les aspects qui me semblent pénibles tant ils ont pesé, pourtant un autre sentiment m'habite : "mec, c'est tellement facile de s'attaquer aux défauts, demande toi pourquoi t'y es resté tout ce temps et ponds nous un truc constructif".
On va donc positiver et contructiver au maximum, et d'abord contextualiser. Xenoblade Chronicles est une saga qui vient après Xenogears et Xenosaga, des JRPG ambitionnant d'être profonds dans leurs messages, inspirés de philosophes germanophones, très dirigistes et ponctués de nombreuses cutscenes, avec des combats au tour par tour. La saga des Xenoblade Chronicles suit le même souhait d'approfondir des questions fondamentales avec une approche bien différente : l'accent est mis sur l'exploration d'immenses zones ouvertes, ses combats sont inspirés des mmorpg à déplacements libres, et ses cutscenes sont bien plus diluées mais prennent un tournant "shonen" se voulant plus percutant. Un choix qui, à la sortie du premier épisode en 2011 sur Wii, était une grosse claque : la mode des mondes ouverts n'était pas celle qu'on connaitra durant les années suivantes et nous frisions alors l’écœurement des JRPG "à couloirs". A l'époque, les choix de Xenoblade Chronicles soufflaient un immense vent d'espoir et de plaisir (quoique me donnant déjà un petit gout de "trop", MAIS RESTONS POSITIFS ET CONSTRUCTIFS... pour l'instant).
Chaque Xenoblade canonique infuse un concept central dans la conception de son monde, et de ce concept naît un scénario complexe s'étalant sur des centaines d'années. Je ne pensais pas qu'il était possible de trouver un postulat de base aussi efficace que le premier opus. Sans rien en dévoiler, je pense que Xenoblade 3 y parvient et que les thèmes qui en découlent permettent une forte empathie pour les personnages. L'écriture des personnages dans la saga des Xenoblade font rarement l'unanimité : certains touchent, d'autres agacent. Xenoblade 3 fait le choix de nous confier ses six protagonistes principaux d'une traite, et ceux-ci sont tous sur le champ de bataille en même temps. Certains seront plus attachants que d'autres, mais ils bénéficient tous d'une écriture plutôt approfondie. Un choix inhabituel et plaisant. Ah, et j'ai enfin trouvé les Nopons, créatures mascottes de Xenoblade, supportables, je dirais même qu'ils étaient sympathiques et intéressants ! Une prouesse.
En parcourant les terres de Xenoblade 3, je suis d'une immense admiration pour les artistes à l’œuvre : les lieux sont (très) vastes et sans cesse constellés de nouveaux décors. La géographie très organique mêlant horizontalité et verticalité, la variété des villes et des lieux, la faune, le design des très nombreux personnages,... On en prend plein les mirettes, même sur une Switch. Enfin, le jeu est lourdement écrit, en s'appuyant notamment sur 14h de cutscenes correctement doublées, et est pétri de personnages jouables et non jouables. Bref, le contenu proposé donne le vertige, et si cela n'est pas toujours pour le meilleur, j'adresse tout mon respect aux nombreuses mains derrière ce projet.
Le parcours de Xenoblade 3 m'a pas mal questionné sur mon rapport au JRPG. C'est un genre qui regroupe des aspects dans lesquels j'aime me réfugier : des mondes singuliers, d'apparence déconnectés de notre quotidien, avec des univers possédant leurs propres codes permettant de rêver une fois la manette posée. Une grande dose d'inconnu, de l'exploration, de la découverte. Je n'apprécie pas les jeux qui indiquent dès le début les contours de la tâche à accomplir (Assassin's Creed Odyssey, tu m'as perdu dès que j'ai vu ta map) : j'aime me plonger naïvement dans une aventure et me dire, à la fin, "putain, j'ai fait tout ça !". Pourtant, je n'ai pas abordé Xenoblade 3 avec autant d'enthousiasme : connaissant les précédents épisodes, je me doutais que je m'attaquais à un petit Everest. De plus, je m'aperçois très vite que le jeu reprend les mécaniques tracées par ses prédécesseurs, atténuant ce sentiment de découverte. Heureusement, c'est par quelques tournures scénaristiques que le jeu instille en moi les graines de la curiosité, qui me tiendra longtemps : je salue la force incroyable de ce scénario et de certains moments-clés qui m'ont permis de ne pas lâcher la manette quand le gameplay me devenait très pesant. Malheureusement, il y a souvent un trop long temps entre deux cutscenes significatives. J'en devenais bien plus exigeant sur la qualité de ces dernières. Le jeu est tellement rempli à ras-bord de contenu, de kilomètres de textes, de combats fréquents et longs, que j'ai décidé de "tracer" : j'ai mis le jeu en facile pour raccourcir les combats et j'ai zappé les cutscenes me semblant anecdotiques. Malgré ce souhait de "tracer", je me suis surpris à explorer en détails la plupart des environnements qui ont réussi à éveillé mon âme d'explorateur. Durant ces 90 heures de jeu, j'ai le sentiment d'avoir traversé ce monde à la sueur de mon front, avec cette impression tenace que jouer était un effort, récompensé par quelques panoramas et fulgurances d'écritures/mise en scène. Est-ce que le voyage en valait la peine ? Certainement. Xenoblade 3 pousse les potards à fond, quitte à se perde, et délivre des moments précieux. Pour les joueurs qui ont suivi la saga, il est un objet intéressant car il permet de voir les tentatives de rectifier certains aspects tout en étant rattrapé par ce vice qui le tient au corps : vouloir trop en faire.
Ca y est, je peux parler de ce qui m'a fait bobo en jouant à Xenoblade 3. Vouloir trop en faire.
Ces défauts font état d'une saga qui s'est figée dans certains principes, déjà désuets en 2011, et auxquels Monolith s'accroche. Et leur seule possibilité d'inventer passe par le spin-off (Xenoblade Chronicles X) ou par l'ajout de surcouches. Monolith est allé au bout du chemin qu'ils ont choisi d'emprunter et je leur souhaite de passer à autre chose. Ça tombe bien, c'est le message de leur jeu.
Créée
le 25 nov. 2022
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