Qu'il est difficile de juger "objectivement" un Yakuza. Certains joueurs vont se jeter dans l'aventure pour s'immerger dans un Japon qu'ils envient ou apprécient, d'autres pour fracasser des crânes et se faire un malin plaisir à doser les salles d'arcades ou quêtes annexes, et d'autres, dont je fais partie, apprécient Yakuza pour sa narration de haute volée et pour son scénario toujours passionnant. Malgré tous les points frustrants de cet épisode, cités plus loin, qui pourraient lui valoir d'attirer les foudres des fans, Yakuza 6 propose quelque chose de spécial qui fait que, deux semaines après l'avoir fini, j'y pense encore tous les jours.
Tout d'abord, situons le propos et les promesses de cet épisode. Pour Yakuza 6, Sega s'est focalisé sur deux points importants : le nouveau moteur du jeu et le casting de rêve (avec notamment Takeshi Kitano et Shu Oguri). L'histoire quant à elle se passe directement après la fin du 5e épisode, slalomant entre un futur proche (3 ans plus tard) et les quelques heures suivants la fin du dernier opus. Concernant le moteur, il est objectivement difficile de saluer le travail de Sega, puisque si le jeu est en effet un poil plus beau, il a amené des coupes de budget sur tout le reste du titre et n'est surtout pas bien optimisé. Alors que les joueurs découvrent les joies du 60 fps sur Yakuza 0 en ce mois de janvier, sachez que Yakuza 6, sur PS4 standard tout du moins, ne tourne même pas a 30 FPS stable, puisqu'il a parfois de sérieuses chutes de framerate.
De plus, le contenu annexe a prit un coup dans l'aile, puisque le titre propose moins d'activités que le 5e opus par exemple. L'histoire elle même est plus courte, environ 20h, avec un seul personnage (Kiryu). Probablement pour avoir un rythme plus soutenu et éviter les passages trop longs et inutiles comme certains passages de Yakuza 5. Bref, privilégier la qualité à la quantité. Le problème étant que Yakuza 6 souffre tout de même d'un passage non négligeable de quelques heures en début de partie (lorsque l'on arrive à Hiroshima la première fois). Le gameplay a lui aussi subit des coupes, puisqu'il n'est plus possible de frapper ses adversaires avec différents styles, privilégiant encore une fois la méthode classique de Kiryu. Dommage puisque le nouveau moteur permet de donner plus de percussion dans les coups ce qui rend les combats beaucoup plus brutaux et jouissifs.
En ce qui concerne le casting, je pense que tout le monde attendait Yakuza 6 pour Kitano. Vous serez malheureusement déçu, puisqu'il n'apparaît presque pas et a un rôle totalement inutile jusqu'aux 3/4 du jeu. Il vous arrivera très probablement de penser que Kitano est LA grosse arnaque du jeu pendant un très long moment. En revanche, que ce soit pour Shu Oguri ou les autres personnages, ils sont non seulement présents mais surtout avec des rôles très intéressants tout au long de l'aventure.
Si vous êtes arrives jusqu'à ce point du test, vous vous direz surement que Yakuza 6 est une arnaque. Et pourtant, il arrivera quand même probablement à vous mettre une belle claque derrière la nuque. Comme dit précédemment, si le système de combat déçoit de par sa coupe de possibilités, il reste jouissif et le jeu vous réservera des combats mémorables, toujours amené par une bande son remarquable au passage. De gros progrès ont été faits sur ce point. De plus, le gros point fort du jeu qui en fait un épisode mémorable, c'est le scénario et la narration. Jusqu'à présent, Yakuza c'était une histoire de clans, de mafia, de trahisons et toute sortes de descentes aux enfer dans un monde impitoyable. Yakuza 6, lui, est bien plus sentimental. Dans Yakuza 6, le but principal en début de jeu est de protéger un bébé et de retrouver son père, et de mettre au premier plan la relation père/fille entre Kiryu et Haruka, victime d'un accident la projetant dans un coma.
Du coup, Yakuza 6 est l'épisode ou Kiryu malgré son expérience est le plus faible. Le jeu arrivera à vous faire passer par toute sortes de sentiments de manière brillante. Alors évidemment, la toile de fond reste la mafia, mais ce n'est plus au premier plan, même si certaines scènes "violentes" du jeu sont à tomber tant elles sont réussies. Il y a quelque chose dans cet opus qui vous donnera envie de découvrir la suite du scénario, de toujours avancer, vous faisant oublier tout ce qui vous frustriez les premières heures de jeu (la partie technique, la coupe de contenu) malgré une longue introduction exceptionnelle. A partir du moment où vous aurez passé la première visite d'Hiroshima, maladroite et jonchée de passages inutiles et chiants, le jeu vous accrochera sans arrêts avec des scènes toutes plus cultes les unes que les autres, pour terminer sur un final aux 3/4 culte, aux 1/4 décevant (vous comprendrez en finissant le jeu).
En conclusion, si l'on dressait la liste des qualités et défauts de Yakuza 6, on pourrait probablement penser de cet opus qu'il est moyen. Mais le jeu vidéo, c'est un sentiment, une impression, une aventure, des bons moments ou des crises de nerf, et Yakuza 6 contrebalance ses petits défauts par des qualités exceptionnelles qui en font pour moi un des meilleurs titres de cette génération, rien que ça.