Je ne vais pas crier au génie, ce serait mentir. À l’inverse, je n’ai pas envie non plus de freiner mes louanges. J’ai aimé ce jeu et je n’ai qu’une seule envie : le soutenir à fond et accompagner Playtonic Games dans leur réussite. Voilà une recette qui a disparu pendant 15 ans avec Rareware et qui revient intacte avec Playtonic. Du platformer 3D guilleret et coloré qui mixe, en bon équilibre, exploration, plate-forme et mini-jeux. À mes yeux, le concept avait atteint son pinacle avec Banjo-Tooie et ses quêtes enchevêtrées sur plusieurs niveaux gigantesques qui exigeaient une exploration attentive de la part du joueur. Yooka Laylee est bien moins complexe certes, mais garde tout de même l’exploration au centre de son gameplay.
Alors soyons francs : revenir à cette formule me satisfait au plus haut point mais ne m’empêche pas d’être conscient des défauts du jeu. Le fait est que pendant des années, seul Nintendo a continué à produire ce type de jeu, tandis que les autres consoles ont éduqué des nouvelles générations avec des genres plus « adultes ». Ce qui soulève une question : à part les 25-30 ans ayant eu une N64 à l’époque, qui s’intéresse vraiment à ce Yooka Laylee ? Autant être franc, pour moi ce fut une énorme nouvelle qui dès les premiers échos s’est hissée au top de mes attentes. Et je ne suis pas déçu, tout est là pour me séduire.
Mais puisque j’avais parlé de défauts, je suis obligé d’y revenir.
- Les charadesigns des persos secondaires laissent à désirer, c’est vrai. C’est pas bien grave, mais c’est à souligner
- 5 mondes c’est peu, même s’ils sont gigantesques et qu’on s’y active des heures durant. Un ou de deux de plus auraient été bienvenus. Non pas que le jeu soit court (il ne l’est pas), mais parce qu’il aurait été plaisant d’avoir encore plus à explorer.
- Et le plus grand défaut : les défis sont bien trop « directs ». Je n’ai pas retrouvé ce côté « étendu » que pouvaient avoir les jeux de N64. Finalement on passera du temps à explorer les mondes seulement parce qu’on a 25 pagies à collecter pour chacun d’eux.
Mais il serait dommage de rejeter Yooka Laylee d’un revers de la main pour cette poignée de défauts. Ils n’empêchent pas la magie d’opérer ailleurs. La force du titre est d’offrir énormément de mini-jeux : jeux de mémoire, d’adresse, de plate-forme, de vitesse, de course, etc. Et en cela, il s’écarte du modèle de pur platformer. D’ailleurs, le level-design n’est pas pensé pour ça. On circule assez facilement dans les niveaux, et l’essentiel du plaisir se trouve dans ces deux constantes : l’exploration et les défis. Bref, vous aurez de quoi faire dans chaque niveau. Pour atteindre les 100%, il m’est arrivé de galérer des heures à fouiller les mondes de fond en comble. Et le jeu ne vous aidera pas. Ça peut paraître idiot d’aimer ces simples qualités, mais c’est qu’on les avait presque oubliées tant les jeux nous ont tenu par la main ces dernières années, à nous tracer des routes ou à nous surligner des objectifs.
Yooka Laylee mérite d’être défendu. Ces dernières années ont produit bien trop de jeux scriptés, aux open world vides et aux promesses mensongères d’une liberté qui ne débouche que sur de l’ennui. Je suis fatigué des jeux-cinéma et des jeux qui, désireux de multiplier les prouesses techniques, en oublient d’être amusants. Que la vague retrogaming nous permette de revenir aujourd’hui à cette bonne vieille recette me va très bien. Et qu’on le fasse, non pas en proposant un remake graphique de Banjo Kazooie, mais un nouveau titre est encore plus honorable, là où bien d’autres studios se contentent de servir du réchauffé.
Pour ce qui est des défauts, je ne m’en inquiète pas plus. Je crois sincèrement qu’ils sont le résultat de 15 ans d’absence, que Playtonic reprend maladroitement un train en marche mais qu’ils ne vont pas tarder à retrouver leur niveau d’antan. (Dois-je repréciser qu’à mes yeux Kazooie et Tooie restent encore aujourd’hui des sommets inégalés du genre ?). Si Rareware était capable de telles prouesses il y a 15 ans, ils le sont encore aujourd’hui sous le nom de Playtonic. Et c’est pour cette raison que je veux parier sur l’avenir du studio.