Cover Brian De Palma - Commentaires

Brian De Palma - Commentaires

Il est probablement l’un de mes réalisateurs favoris, l’auteur de certains films que je chéris tout particulièrement, et à l’origine d’une carrière parmi les plus cohérentes du cinéma américain contemporain. Je ressens énormément de jubilation et d’émotion à la vision de son œuvre, mais hélas j’ai ...

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22 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 4 ans
Greetings
6.2

Greetings (1968)

1 h 30 min. Sortie : 26 novembre 2003 (France). Comédie, Drame

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

À la fin des années soixante, le puritanisme religieux de la société américaine a troqué ses privations pour la consommation tous azimuts. La frustration n’est plus punitive mais jouissive. Voilà pourquoi ce trio de jeunes appelés au Vietman essayant d’échapper au service militaire contourne gaiement les interdits par la satisfaction du regard (le voyeurisme) ou l’obsession du complot (l’assassinat de Kennedy). Avec cette comédie underground et godardienne, tournée en quatrième vitesse, De Palma se livre donc à une ironique radiographie des états d’âme de la contre-culture new-yorkaise. Fauché, brouillon, bavard à l’excès, le film ressemble à un catalogue invertébré d’astuces scénaristiques et de trouvailles visuelles auquel manquent l’unité et la rigueur qu’induit toute entreprise achevée. Cela viendra.

Sœurs de sang
6.8

Sœurs de sang (1973)

Sisters

1 h 33 min. Sortie : 2 février 1977 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Déjà De Palma s’inscrit de façon dans la filiation d’Hitchcock – ascendant Polanski. Baroque et ludique, affirmant des choix formels qui portent déjà pleinement la marque de l’auteur, développant une intrigue invraisemblable avec une créativité un peu adolescente, presque gloutonne, cette œuvre de jeunesse se permet des décrochages assez réjouissants : la vraie héroïne n’est identifiée qu’au bout d’une demi-heure, le thriller déraille vers l’épouvante psychique, le long d’un récit qui fait la part belle à la surprise, au grand-guignol, à l’humour pervers. Si tout ne fonctionne pas, on y décèle sans peine les manifestations déjà très sûres d’un talent génial qui consomme la bascule du scopique dans le pathologique et fait de l’œil moins l’outil du voir que la zone d’accès à une psyché malade.

Phantom of the Paradise
7.9

Phantom of the Paradise (1974)

1 h 32 min. Sortie : 25 février 1975 (France). Comédie musicale, Épouvante-Horreur, Drame

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Une immense orgie visuelle et musicale, un oasis d’inventivité qui fouette l'adrénaline et dérègle les sens, un foisonnement esthétique et sonore où l'on ne sait plus où donner la tête, un grand bazar jouissif qui mitraille quatre idées à la seconde et affole l'aiguille du plaisiromètre. On peut toujours saisir au vol les perches que tend le cinéaste – sur la dépossession artistique, la corruption de la société du spectacle, la décadence des puissants… Mais cela ne peut se faire que rétrospectivement tant cette relecture baroque de "Faust" à l’ère du règne nouveau de l’image enflamme la pure jubilation de l’instant, tant il sidère par sa liberté folle, l’audace de ses visions, son lyrisme incandescent. Un film cultissime, tonitruant, paroxystique, provocateur, déconcertant, fantasmagorique, que je pourrais revoir en boucle sans me lasser un seul moment.
Top 10 Année 1974 :
http://lc.cx/AUV

Obsession
6.8

Obsession (1976)

1 h 38 min. Sortie : 18 janvier 1977 (France). Drame, Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La revisitation d’Hitchcock n’a jamais été aussi limpide qu’à travers cette relecture explicite de "Vertigo", dont il se démarque toutefois par un mode moins mythologique. Le héros, par deux fois et à quinze ans d’intervalle en butte aux machinations ourdies de son associé, est à l’image de La Nouvelle Orléans ou de Florence, ces villes duelles où le passé et le présent cohabitent sans jamais se fondre. On peut estimer que De Palma est encore un peu trop appliqué, que l’exercice ne transcende jamais le brio de son exécution, mais le film est intelligent dans ses idées comme dans leur formalisation, particulièrement lorsque le cinéaste s’autorise des morceaux de virtuosité pure (la mise en place du rapt et le paiement de la rançon) ou ose d’audacieux coups de poker narratifs (la révélation finale).

Carrie au bal du diable
7.3

Carrie au bal du diable (1976)

Carrie

1 h 38 min. Sortie : 22 avril 1977 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Fantastique

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’outrance et la démesure de l’auteur, déjà bien à l’œuvre dans le "Phantom", s’épanchent clairement dans cette adaptation grandguignolesque de Stephen King, aussi furieuse et excessive que l’âge qu’il dépeint. De Palma ne fait certes pas dans la subtilité mais la force du film est à ce prix, qui décrit la réalisation d’un piège et, en parallèle, la croissance de la violence qui y répondra, s’acheminant vers une apogée sanglante et flamboyante. On est rivé aux tourments d’une jeune adolescente qui expérimente les pires brimades et les purge en un déchaînement cathartique : le lycée américain est une fosse aux serpents où règnent la vanité, la cruauté, l’envie et la peur, et le cinéaste en dépeint l’horreur domestique avec un air de trivialité étudiée, un plaisir sadique qui mettent les nerfs en pelote.

Furie
6.3

Furie (1978)

The Fury

1 h 58 min. Sortie : 4 janvier 1979 (France). Fantastique, Thriller, Science-fiction

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Prolongement thématique de "Carrie", le film est comme un volcan en ébullition, sans véritable unité mais zébré d’irruptions soudaines et de décharges destructrices. Si son écriture désinvolte génère un mélange des genres assez hasardeux (l’humour grinçant tournant son personnage en dérision est plutôt mal venu dans le contexte dramatique), il produit un impact redoutable lorsque l’auteur lâche les chiens et pousse jusqu’au bout ses principes inflationnistes. Le crescendo grandiloquent du récit, le déchaînement des phénomènes parapsychiques, la dialectique du sang, de la violence et de l’énergie excédentaire effleurent alors la terreur incontrôlable d’une "surhumanité" innocente mais devenue monstrueuse malgré elle. Question subsidiaire : qui, d’Amy Irving et Fiona Lewis, est la plus jolie ?

Pulsions
7.4

Pulsions (1980)

Dressed to Kill

1 h 45 min. Sortie : 15 avril 1981 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Film noir

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Vingt ans après. Tel pourrait être le sous-titre du psychothriller maniériste de De Palma, qui sait bien que les cabines de douche sont des lieux de plaisir dangereux. Il stylise jusqu’au vertige son expression jusqu’à susciter atteindre une irrépressible fascination, que traverse pourtant une ironie très ludique. Il y a quelque chose d’éminemment pulsionnel (les motifs obsessionnellement creusés du double, du cauchemar, du fantasme, du travestissement, de la psychanalyse) dans ces images au rasoir, ces mystifications sophistiquées, cet érotisme hardi, ce fétichisme travaillé, ce jeu terminal avec les formes, les réminiscences et les citations qui aboutit à une certaine idée de l’art abstrait. Le film est comme un cercle vicieux qui tourne délicieusement rond : il trouve ici ses limites, mais quel brio !

Blow Out
7.6

Blow Out (1981)

1 h 47 min. Sortie : 17 février 1982 (France). Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Gravissant un nouvel échelon, De Palma signe ici le sommet absolu de cette mouvance filmographique, faisant palpiter un cœur extrêmement sensible, tragiquement désespéré, qui traduit une inspiration romantique nouvelle. Si la caméra de Brian s’avère ahurissante de brio, configurant l’espace en une perception subjective de la réalité (celle d’un homme pris dans le régime de la fiction, impuissant à transformer au sein du concret les intuitions que lui souffle son obsession paranoïaque), et si ces perspectives se doublent d’une critique copieuse du cynisme des médias et de ses stratégies, elle se mettent au service d’une histoire particulièrement poignante, qui culmine dans un climax lyrique et bouleversant : à la recherche du cri de terreur parfait, Jack/Travolta finit hanté par celui de la princesse qu’il n’a pas su sauver.
Top 10 Année 1981 :
http://lc.cx/UyY

Scarface
7.6

Scarface (1983)

2 h 50 min. Sortie : 7 mars 1984 (France). Drame, Gangster

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le classique de Hawks revisité dans cette pompe à fric, à dope et à vulgarité qu’est Miami, Babylone dévoyée d’une époque (le début des années 80) que De Palma expose dans toute sa trivialité criarde. S’il a été pris comme modèle par un certain public friand de réussite facile et plastronnante, c’est parce que son ironie féroce a été incomprise. Ce n’est pas une œuvre complaisante mais une fresque fracassante, sale, déglinguée, qui suit l’ascension et la chute d’un arriviste teigneux et mégalo, produit dégénéré du rêve américain, et en qui le réalisateur trouve le mobile pour filmer des situations extrêmes. Al Pacino est un complice rêvé pour un tel parti pris : coulé dans le mental de son héros halluciné, il serre les dents jusqu’aux spasmes de la mort où il donne l’impression d’avoir enfin peur de lui-même.

Body Double
7.3

Body Double (1984)

1 h 54 min. Sortie : 20 février 1985 (France). Thriller, Film noir

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est un peu le point de non-retour du versant ultra-formaliste et théorique de De Palma, qui prend le septième art lui-même comme toile de fond, fabrique un labyrinthe de miroirs où il ne s’agit que de regards, de jeux entre la vérité et le trucage, le fantasme et le réel, et applique le propos rageur et iconoclaste de "Scarface" (un vrai "Fuck !" lancé en contrebande au cœur du système hollywoodien) à la relecture méta-textuelle de l’héritage hitchcockien (et même, vertige ultime, de son propre cinéma). La virtuosité éblouissante du style y fouette un instinct de jeu qui entretient une pure connivence avec le spectateur, renvoyé à la notion même de fiction, d’artificialité, d’empathie avec une forme (voyeurisme, duplicité, manipulation), une intrigue, un personnage qui est le double de lui-même.
Top 10 Année 1984 :
http://lc.cx/UVv

Les Incorruptibles
7.6

Les Incorruptibles (1987)

The Untouchables

1 h 59 min. Sortie : 21 octobre 1987 (France). Policier, Drame, Historique

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

On peut estimer qu’il s’agit d’un film mineur dans la carrière du cinéaste. Mais on peut aussi trouver que peu de réalisateurs excellent comme lui à imposer une telle élégance racée dans un gros film de studio, et à y greffer ainsi la brillance de sa technique. Laissant de côté les flots d’hémoglobine, il préfère le grand vent de l’histoire populaire, le fonds mythologique du gangstérisme pendant la prohibition à Chicago, et règle un face-à-face fastueux entre les forces de la loi et le prince noir des truands. Tout délire en liberté, De Niro cabotine en Capone napolitain, Connery impose sa malice désinvolte, le scénario de Mamet orchestre un fascinant bras de fer entre l’ordre et la corruption, la morale et ses limites, et la caméra enchaîne les morceaux de bravoure avec un aplomb goguenard. Gros plaisir.
Top 10 Année 1987 :
http://lc.cx/UVy

Outrages
7.3

Outrages (1989)

Casualties of War

1 h 53 min. Sortie : 10 janvier 1990 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Moins qu’un film sur le Vietnam, "Outrages" ressemble à sujet de philo. Dénonce-t-on ses camarades coupables d’un viol collectif alors que règnent l’horreur, les massacres, le chaos ? En d’autres termes, la responsabilité individuelle joue-t-elle alors même que la justice sociale n’existe plus ? Avec fougue, le réalisateur place ses pions, exprime sa colère, son dégoût et son indignation – c’est le De Palma énervé de gauche, tel qu’il surgit de temps à autre. Il ne fait certes pas dans la dentelle, accusant à charge des dérives comportementales indéfendables, mais il montre des situations très particulières où chacun est amené à se débattre avec sa morale et ses pulsions, sa lâcheté ou son courage. Le pamphlet est féroce, éprouvant, peut-être un peu boursouflé dans ses intentions, mais très efficace.

Le Bûcher des vanités
6.3

Le Bûcher des vanités (1990)

The Bonfire of the Vanities

2 h 05 min. Sortie : 13 mars 1991 (France). Comédie, Comédie dramatique

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Pur produit de l’Amérique cynique des années 80, où la richesse insolente des uns affûtait le réflexe communautaire de tous les autres, la citadelle new-yorkaise de l’argent et des apparences est joyeusement torpillée dans cette satire luxueuse et corrosive qui force le trait sans s’effrayer de la démesure des interprétations ni des focales déformantes. Trente ou quarante ans auparavant, un Mankiewicz ou un Lang aurait probablement tiré un grand film d’un tel sujet. Mais De Palma reste assez absent de ce qui n’est qu’une réduction du roman de Wolfe, dont l’accumulation de détails transformait un fait divers en fresque épique à l’ambition balzacienne. Si l’on en accepte l’outrance, le pamphlet n’en divertit pas moins par ses jeux de décalage et de détournement et son allègre pastiche des clichés hollywoodiens.

L'Esprit de Caïn
6.2

L'Esprit de Caïn (1992)

Raising Cain

1 h 31 min. Sortie : 30 septembre 1992 (France). Policier, Drame, Épouvante-Horreur

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

On peut estimer que le film cumule les handicaps, illustre à coups de pinceau poussifs, verbeux et grand-guignolesques un cas de psychose qui a tout du fantasme délirant de thriller freak (une abracadabrante histoire de psychiatre schizophrène, cocu et accessoirement passionné d’expériences pédagogiques). On peut se réjouir de ces excès assumés, de la connivence tacite avec le spectateur, de ces envolées baroques réglées comme des coups de rasoir et flirtant parfois avec l’expérimentation pure. On peut enfin adhérer à chacune des hypothèses et considérer cette série B barbouillée d’ironie et de grotesque comme l’un des mises au point auto-citatives auxquelles De Palma se livre régulièrement, avec la sagacité d’un auteur conscient d’être bien plus intelligent que son matériau.

L'Impasse
8.1

L'Impasse (1993)

Carlito's Way

2 h 24 min. Sortie : 23 mars 1994 (France). Gangster, Drame

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

S’il retrouve Al Pacino dix ans après "Scarface", on peut dire que De Palma ne fait pas le même film, ou alors qu’il en réalise le pendant tragique, élégiaque, nourri d’une poignante mélancolie. Ici le regard est amplifié, et le thriller lui sert à représenter l’univers en creux, démesure sans espoir où agonise un romantisme nécessaire pour conjurer l’inhumaine comédie des trahisons, l’injuste fatalité du destin. Le temps est au crépuscule des idoles, et Carlito en fait l’amère expérience. Son parcours est une fuite en avant, condamnée d’avance, vers une lumière et un bonheur que son passé lui refuse. Sous les yeux impuissants de la femme qu’il aime, notre héros suit une marche funèbre que la mise en scène, ponctuée de grandioses moments d’anthologie (la dernière demi-heure, pure leçon de cinéma), habille d’une gravité sublime et désespérée.
Top 10 Année 1993 :
http://lc.cx/UPf

Mission: Impossible
6.6

Mission: Impossible (1996)

1 h 50 min. Sortie : 23 octobre 1996 (France). Action, Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Comment faire d’un blockbuster de commande un pur film d’auteur, et intégrer un projet impersonnel à son univers, son style, ses obsessions ? De Palma en offre ici la démonstration, en témoignant d’une suprême élégance formelle, et en inventant des scènes folles (tel le casse de Langley qui nous fait vivre, trente ans après Kubrick, la suspension au silence absolu). Le montage sophistiqué, la partition exaltée de Danny Elfman, la précision baroque des cadrages tissent une toile abstraite, labyrinthe d’images faussées et de manipulations mentales, métaphore vertigineuse d’un monde d’apparences qui se substitue à la réalité, où toute relation est conditionnée par le trompe-l’œil, et dans lequel Ethan/Cruise se débat pour débusquer le père spirituel qui l’a trahi. Mon excitation est telle que j’en sors à chaque fois au bort de la syncope.
Top 10 Année 1996 :
http://lc.cx/cTf

Snake Eyes
6.8

Snake Eyes (1998)

1 h 38 min. Sortie : 10 novembre 1998 (France). Policier, Thriller, Drame

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est le frère jumeau de l’opus précédent, dont il prolonge la construction technologique, le règne du complot et de la surveillance, le jeu des croisements panoptiques, la tentation pour l’humanité d’un désir prométhéen de contrôle absolu. De Palma plonge au cœur de l’univers factice et excessif d’Atlantic City pour superposer tous les régimes de captation du réel, les agencer de façon contradictoire, y dénicher l’image-preuve, objective et indiscutable, qui a échappé au regard. Filmer un événement (le plan-séquence inaugural), puis le disséquer sous tous les angles, opposer la faillibilité de l’œil à la toute-puissance de la caméra, et suivre dans cette traque de vérité le parcours d’un flic pourri vers l’honnêteté, refusant pour la première fois la corruption du monde qui l’entoure. Passionnant et jubilatoire.
Top 10 Année 1998 :
http://lc.cx/UPA

Mission to Mars
5.5

Mission to Mars (2000)

1 h 53 min. Sortie : 12 mai 2000 (France). Drame, Science-fiction, Aventure

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le réalisateur n’avait jamais tâté de science-fiction. Il s’en acquitte avec une application assez besogneuse et tente de colmater les brèches d’une entreprise d’où l’incohérence dramatique, comme le vaisseau dépressurisé, fuit de toutes parts. Cette odyssée de l’espace s’engageait pourtant sur de bons auspices, envoyant paître les clichés et la quincaillerie du genre, tenant son imaginaire sous la haute surveillance du réalisme scientifique, s’offrant même un intense climax lors d’une mort sacrificielle sur laquelle pèse tout le poids de l’irrémédiable. Mais c’est pour patiner ensuite dans la choucroute et glisser, lors d’un dénouement sidérant de niaiserie, sur la peau de banane du mystère de la création – quelque part entre la parodie stoïque de "2001" et un épisode kitsch des aventures de M. Spock.

Femme fatale
5.1

Femme fatale (2002)

1 h 55 min. Sortie : 30 avril 2002 (France). Thriller, Drame

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le double, la manipulation sentimentale, la caméra traqueuse et dragueuse, le jeu de dupes enroulé dans un kaléidoscope éminemment trompeur : De Palma brode explicitement sur des clichés, mais à l’image de sa femme fatale, garce unidimensionnelle réduite à n’être qu’un pion privé d’âme et d’ambigüité sur l’échiquier, sa mécanique impeccable ne comble que partiellement les faiblesses d’un scénario erratique. Son film est un dispositif formel purement abstrait, une fantaisie théorique qui agence une série de péripéties d’un regard, une rêverie alambiquée autour du film noir, dont la narration extrêmement libre joue avec le temps et les fictions, revisite le DePalmaland jusqu’à l’assèchement conceptuel, et flirte dangereusement avec le ressassement stérile de motifs fétichisés.

Le Dahlia Noir
5.6

Le Dahlia Noir (2006)

The Black Dahlia

2 h. Sortie : 8 novembre 2006 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

De Palma était sans doute le plus à même d’adapter la prose fiévreuse et torturée d’Ellroy mais cette transposition s’avère curieusement lisse et expurgée, étriquée dans le moule des figures de style, comme si le cinéaste appliquait une couche de laque artificielle à un matériau incandescent, comme s’il cherchait à se l’approprier en se glissant dans les interstices mais sans y parvenir réellement. Un peu en pilotage automatique, la mise en scène exécute quelques pics virtuoses mais assez vains puis retombe comme un soufflé, loin des nœuds complexes du bouquin : si les trompe-l’œil de l’imagerie sont séduisants (lignes lourdes du décor, vaste gamme d’ocres, légèreté linéaire de l’Art déco), tout le propos sur l’obsession, le viol du regard, l’envers du glamour semblent plutôt mou et vaguement désincarné.

Redacted
6.4

Redacted (2007)

1 h 30 min. Sortie : 20 février 2008 (France). Policier, Drame, Guerre

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le réalisateur reprend dans le cadre irakien, et sous la forme d’un pseudo-reportage éclaté, la relation d’un de ces faits divers (viol et massacre) inhérents à toute soldatesque, qui constituaient déjà le sujet d’"Outrages". ll poursuit ainsi sa dissection du point de vue en inversant en quelque sorte le processus par la nature quasi-macluhanesque de sa démonstration : le média est le message car il conditionne notre réaction à ce qui est montré. Nulle volonté de tromper le spectateur ici, mais au contraire le désir de le "détromper", de lui faire prendre conscience que la manipulation est inhérente à la diffusion des images. Si le geste est intéressant dans sa démarche, il demeure hélas étonnamment plat, sans portée particulière, ses intentions n’étant jamais transcendées par leur mise en forme.

Passion
5.8

Passion (2012)

1 h 42 min. Sortie : 13 février 2013. Drame, Thriller

Film de Brian De Palma

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

C’est désormais une affaire à peu près réglée : le cinéaste n’est plus que l’ombre de lui-même. L’amour que j’éprouve pour l’œuvre passée incite à une certaine indulgence, et il en faut face à ce thriller souffreteux au titre franchement trompeur qui grille ses quelques rustines (sur le monde concurrentiel de l’entreprise, la rivalité économique, la vampirisation mutuelle des individualités) avant de s’essouffler en enquête teutonne aux mécanismes ronflants. La chair est triste, l’interprétation terne, l’incarnation du désir aux abonnés absents, les procédés formels ô combien prévisibles, et l’ensemble régulièrement indigent, avant qu’une certaine folie ne dérègle le programme durant le dernier quart d’heure. On ne s’ennuie jamais, mais ça fait vraiment film de vieux maître au bout du rouleau.

Thaddeus

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