La persuasion dans les RPG

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Un RPG qui manque à ma culture personnelle mais difficile de ne pas le citer en premier lieu. Ce Fallout 2 est encore célébré aujourd'hui pour son exceptionnelle liberté d'approche et ses dialogues savoureux, avec notamment la participation du scénariste Chris Avellone, un coutumier de ces aventures avec une arborescence narrative très étoffée. Les caractéristiques du personnage impactent directement les dialogues disponibles notamment l'intelligence pouvant le rendre quasiment inapte à communiquer avec autrui ou au contraire capable de comprendre les autres protagonistes avec un intellect limité.

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Les choix de dialogues sont directement impactés par la classe de vampire que vous incarnerez dans ce périple enténébré; bien que les Malkavian soient unanimement célébrés pour proposer les alternatives les plus déroutantes à ce sujet, entre folie apparente et prescience à peine déguisée. Néanmoins, c'est aussi au joueur qu'il incombe d'approfondir ses options de dialogues dans l'arbre de compétences qu'il s'agisse de la persuasion, de la séduction, l'intimidation ou même la capacité d'insuffler la folie dans l'esprit de notre interlocuteur. L'exploration des quartiers de Los Angeles offre de nombreuses possibilités de persuasion durant les quêtes à accomplir d'autant que l'excellent principe de la Mascarade incite de toute façon à agir à l'abri des regards en ne faisant pas une démonstration de nos pouvoirs en public et donc en évitant la force brute. Malheureusement, la structure des quêtes principales est beaucoup plus orientée action et/ou infiltration, ce qui crée un contraste assez désagréable avec le reste de l'expérience proposée dans ce Los Angeles satirique. Le chapitre du Manoir des mafieux offre néanmoins une légère exception en la matière.

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Les RPG de Bioware post Baldur's Gate sont souvent plus connus pour un rythme mieux maitrisé dans l'accomplissement des quêtes avec moins de liberté d'action en conséquence ; néanmoins, Kotor propose également plusieurs résolutions impactées par les compétences dialoguistes du joueur qu'il s'agisse de la sempiternelle persuasion liée au charisme de notre personnage ou la persuasion à l'aide de la Force dont l'usage pourra éventuellement être remarqué par d'autres protagonistes. Même si le sabre laser est souvent requis pour affronter l'ennemi durant la quête principale avec les inévitables choix de factions qui en découlent, plusieurs chapitres laissent néanmoins davantage de place à la diplomatie qu'il s'agisse de traduire le langage des hommes des sables à l'aide d'un droïde peu protocolaire (et plus enclin à faire parler la poudre), de défendre un soldat de la République lors d'un procès périlleux pour l'équilibre des forces sur Manaan ou d'infiltrer l’Académie des Sith sur Korriban, cette dernière proposant probablement l'une des arborescences narratives les plus étoffées parmi les productions du studio.

La quête secondaire de la famille Matale sur Dantooine a également laissé de nombreux souvenirs par ses nombreuses résolutions possibles.

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La célèbre roue de Mass Effect a grandement bousculée la manière dont l'interface des dialogues était appréhendée dans les RPG Occidentaux; à la fois une façon d'accompagner le dynamisme de ces dialogues bénéficiant désormais d'une meilleure mise en scène mais également de lorgner davantage sur le support de la console avec une roue conçue pour que les choix soient mieux sélectionnés à l'aide d'un stick. Le premier opus fait également apparaître les célèbres options de Conciliation et de Pragmatisme, traductions ingénieuses de Paragon et Renegade, la voie diplomatique étant toujours attribuée en hauteur tandis que l'option d'intimidation (et de plus bas instinct en quelque sorte) est réservée à la partie basse de la roue (une démarche que le MMO The Old Republic inversera par ailleurs de manière plutôt maline pour les classes des Sith). Action RPG oblige, peu de quêtes peuvent être résolues seulement par le dialogue mais de nombreux affrontements pourront néanmoins être désamorcés par les choix du joueur ; la conciliation et le pragmatisme nécessitent néanmoins d'être améliorés dans les compétences du joueur, ce qui oblige assez tôt à définir le RolePlay de notre personnage là où les suites, bien plus simplistes en la matière, offrent peut être davantage de flexibilité à ce sujet.

A noter que Mass Effect 2 inclura également des QTE liés au pragmatisme et à la conciliation; une démarche efficace mais rarement réitérée dans le reste de l'industrie.

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Quatre choix de dialogues pour quatre choix d'attitude et les quatre boutons de la manette; cela semble peu à première vue et pourtant Alpha Protocol fut bien plus célébré pour sa composante narrative que le tristement célèbre Fallout 4 à ce sujet. Le jeu se démarque de ses semblables par l'intégration permanente d'un temps de réponse limité pour les dialogues, parfaitement adéquat avec la tension omniprésente dans ce jeu de dupes perpétuel. Il est ainsi le seul RPG à imiter clairement la démarche narrative des jeux TellTale, à une époque où cette dernière n'était même pas encore popularisée (et encore moins vulgarisée) là où les productions de CD Projekt ne décident d'imposer ce temps de réponse limité que de manière occasionnelle. Réputé à juste titre pour l'extrême réactivité du jeu au comportement du joueur (qu'il s'agisse de ses tenues ou même de l'ordre dans lequel les missions sont accomplies), le jeu offre une grande flexibilité par rapport au déroulement de son récit; des pans entiers du scénario pouvant être évités si le joueur néglige un détail important ou s'il accorde sa confiance à un personnage mal intentionné...

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Si Fallout 3 est souvent décrié pour une certaine vulgarisation de cet univers à l'humour corrosif, le Spin Off New Vegas est souvent cité avec bien plus d'enthousiasme, quand bien même il reprend en apparence la même structure que son prédécesseur. Le Quest Design y est néanmoins plus inventif avec des options de persuasion (et de manipulation) plus approfondies, outre une évidente différence de ton dans les nombreux dialogues qui ponctuent l'aventure. La séquence d'un certain hôtel et ses propriétaires un brin trop cannibales a notamment marquée durablement les esprits, comme dans cette vidéo ci dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=yM1yR7WYqgM

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Human Revolution opte pour une approche plus atypique par rapport à ses semblables mais également plus cohérente avec l'envie de rendre ces joutes verbales plus spectaculaires dans le cadre d'un RPG; la persuasion est ainsi plutôt en retrait dans la structure des quêtes proposées car le jeu préfère mettre l'emphase sur plusieurs confrontations morales s'étalant davantage sur la durée lors de quelques séquences charnières du récit. Il s'agit dès lors de prendre garde au comportement de notre interlocuteur et d'adapter son attitude en conséquence pour mieux influer sur sa décision finale; à ce titre, un implant facilite grandement ses dialogues en nous permettant de tracer plus efficacement les variations émotionnelles de ces différents protagonistes. Un principe intéressant et qui sera, à mon sens, magnifié dans Mankind Divided notamment dans le cadre de quêtes secondaires particulièrement inspirées.

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Kingdom Come : Deliverance est certes un jeu complexe à bien des égards mais il fait preuve néanmoins d'un compromis beaucoup plus efficace dans son système de dialogues entre limpidité des options et liberté de choix pour le joueur. L'originalité du titre est de mettre une emphase sur l'apparence vestimentaire de notre personnage étant donné l'importance d'une tenue soignée dans un contexte Moyenâgeux; le charisme d'Henry est ainsi directement impacté par la propreté de nos vêtements, ce qui incite dès lors à se rendre fréquemment aux bains pour se nettoyer avant une rencontre importante. Dans le même ordre d'idées, le port d'une armure imposante impactera directement les options d'intimidation; une chouette mécanique mais dans la routine déjà assez compliquée du jeu, il peut être vite lassant de se rendre dans l'inventaire pour enfiler une tenue élégante (mais donc très faible en protection) et se taper encore un aller retour pour enlever la saleté sur nos vêtements.

Fort heureusement, l'option d'éloquence est elle décolorée de cette mécanique et outre les habituels points de compétences à attribuer, elle augmentera également au fur et à mesure de nos discussions dans le jeu, récompensant ainsi les joueurs avides de la parlotte ou d'interroger le moindre passant pour connaître son opinion sur les évènements en cours. A cette trinité s'ajoutent également des options moins fréquentes comme une compétence de médecine si le joueur a développé ses dons en la matière ou la sempiternelle option de soudoyer son interlocuteur ; chaque personnage dispose d'attributs spécifiques sur ces valeurs de persuasion et une option permet malheureusement de les révéler au joueur, ce qui atténue bien vite la tension de ces affrontements verbaux. La structure des quêtes laisse néanmoins une grande option pour la diplomatie y compris dans la fameuse scène du Monastère pouvant s'étaler sur plusieurs heures pour les joueurs les plus persévérants ; j'inclue à ce titre la Royal Edition dans cette liste car les DLC fourmillent également d'éléments intéressants en la matière qu'il s'agisse de fédérer une troupe de mercenaires à la loyauté vacillante ou de défendre Jeanne durant un procès face à un inquisiteur retors. Enfin, certains attributs permettent également d'améliorer nos caractéristiques sociales au détriment d'une autre, comme par exemple plus d'aisance dans le cadre d'une grande ville qu'en pleine campagne, plus de facilité à parler à la gent féminine etc etc

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Fidèle à sa promesse de renouer avec la richesse des RPG d'antan en dépit d'un habillage visuel beaucoup plus qualitatif pour ses nombreux dialogues, Baldur's Gate 3 offre de nombreuses options intéressantes pour peaufiner ses dons de persuasion. Les dialogues sont soumis à la cruelle loi du hasard avec le fameux jet de dès hérité du jeu de rôles pour vaincre la résistance mentale de son interlocuteur ; les inspirations offrent heureusement de nouvelles possibilités de lancer le sacro-saint dès violet mais ne peuvent être cumulées qu'à 4 ce qui encourage à les utiliser à bon escient (ou les utiliser tout court pour ne pas gâcher leur vaine accumulation durant l'exploration); à cette mécanique se rajoutent également des attributs spécifiques aux personnages et qui font généralement toute la différence en octroyant des bonus importants à la valeur obtenue par le dès : persuasion, tromperie, intimidation, arcanes, religion, les options sont nombreuses et mettent bien en évidence les compétences de vos personnages. Enfin des bonus plus spécifiques peuvent également être accordés par le port d'objets favorisant les options de charme ou bien le soutien invétéré de vos compagnons durant les dialogues tandis que quelques options liées à la classe et à l'origine de votre personnage seront éventuellement salutaires durant ces joutes verbales; bref de quoi réfléchir posément à votre configuration de groupe avant d'entamer une discussion qui s'annonce houleuse.

Il est également facile de l'oublier dans le rythme du jeu mais même s'il est impossible de retenter un dialogue échoué avec notre héros, vous pouvez très bien relancer la discussion en incarnant directement un de vos compagnons, ce qui réinitialise (plus ou moins logiquement) le dialogue avec votre interlocuteur retors; tout du moins dans les situations posées puisque cette option est évidemment inaccessible lors des nombreuses séquences tendues qui parsèment cette aventure somme toute très bavarde. (1/2)

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A tout ceci se rajoute également la possibilité d'exploiter les pouvoirs de votre larve sur d'autres individus parasités, ce qui offre un bonus significatif mais à vos risques et périls...Enfin d'autres options plus saugrenues sont également envisageables selon les potions et parchemins à votre disposition comme la possibilité de lire dans les pensées d'autrui, de communiquer directement avec les animaux moins enclins à la méfiance ou même d'interroger certains cadavres incapables de mentir en choisissant judicieusement vos questions parmi les cinq disponibles. Pour finir, le jeu intègre également un autre aspect aléatoire par l'intermédiaire de jets de sauvegarde, non contrôlés par le joueur, qui sont généralement impactés par les connaissances ou la déduction de notre personnage; ces analyses passives octroient pourtant des alternatives importantes durant certains dialogues avec des choix dédiés en conséquence, comme vous le constaterez bien vite si vous relancez une même discussion avec ses jets réussis. Bref, je n'avais pas vraiment été convaincu jusqu'ici par l'inclusion du hasard dans un système de dialogues pour un RPG mais les possibilités offertes par Larian Studios m'ont convaincus en la matière. Et autant dire que la structure désentravée des quêtes de Baldur's Gate 3 offre toute latitude pour exercer vos dons de persuasion pour les joueurs les plus patients et persévérants, même lorsqu'il s'agit de convaincre un ennemi de se donner la mort au lieu de l'affronter directement. :p (2/2)

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Les jeux de CD Projekt ont toujours été plus célébrés pour la qualité de leurs dilemmes moraux que leur arborescence narrative, privilégiant clairement des RPG bien plus scénarisés où le joueur est contraint de choisir entre Charybde et Scylla au lieu d'avoir une véritable liberté d'approche sur sa façon d'appréhender son objectif. Cyberpunk avait beau promettre plus de marge de manœuvre que les péripéties du Sorceleur, il était bien vite éloquent que les mésaventures de V lorgneraient également vers cette démarche très dirigiste, un domaine dans lequel le studio excelle au demeurant, de part l'inventivité de sa mise en scène et surtout le temps accordé pour que le scénario puisse se développer progressivement.

Phantom Liberty semble néanmoins amorcer un pas véritable vers une structure plus désentravée de ses quêtes, notamment par l'intermédiaire de ses contrats, infiniment plus intéressants que ceux du titre originel que ce soit en matières d'environnements visités, d'enjeux narratifs ou d'options alternatives dans leurs résolutions. L'extension intègre ainsi bien plus fréquemment les compétences de V dans des choix optionnels de persuasion ; l'idée est intéressante en la matière : plutôt que de développer des compétences de dialogues spécifiques, ce sont les attributs généraux de V qui vont lui octroyer occasionnellement des choix de dialogues en conséquence, qu'il s'agisse de conserver son sang froid lors d'une situation tendue, de mettre à l'épreuve ses compétences de NetRunner ou d'intimider par la force brute son interlocuteur. Une manière d'accentuer bien plus le RolePlay de notre personnage alors que ses compétences sont initialement débloquées pour nous épauler durant le gameplay et les nombreuses confrontations du titre; une ébauche intéressante et espérons le une promesse enthousiasmante pour le futur Cyberpunk 2 / Orion.