Lectures 2022

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Subtiles vivisections de relations humaines.

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Petit roman très prenant qui se déroule à Prague, essentiellement dans le quartier juif, et qu'on peut facilement avoir envie de lire d'une traite. Moins fantastique que fantasmagorique, et empreint d'une atmosphère sombre, gothique, il tient davantage d'une sorte de parcours (ou plutôt d'une errance) initiatique que d'une réécriture de la légende du Golem.
La créature qui hante le roman (en soi elle intervient à peine et est porteuse de diverses significations / identités possibles) participe en fait de tout un matériau occulte exploité par l'auteur d'une façon que j'ai personnellement trouvée intéressante, car habilement distribué du début à la fin – peut-être d'une façon partielle et caricaturale dans les faits (je ne pourrais pas facilement en juger), mais qui a le mérite d'être intrigante. Il est notamment question de mystique juive, en ce qui concerne les principes de transmigration et de fécondation des âmes.
Au labyrinthe ésotérique dans lequel tombe le narrateur s'entrelace assez harmonieusement une intrigue tortueuse faite de crimes, d'amours contrariées et de désirs de vengeance, jouée par des personnages pour la plupart stéréotypés.
La "réalité", dont on pourrait dire qu'elle se substitue au réalisme en tant que point de repère, et l'étrangeté, dont on ne sait pas très bien en quoi elle consiste (rêve, délire d'un fou...) jusqu'à la fin, se fondent l'une dans l'autre, occasionnant des glissements réguliers, producteur d'effets déconcertant (par exemple lorsque la conscience du narrateur glisse dans la tête sculptée par son ami). Il en ressort une atmosphère onirique agréable, tout à la fois grosse d'un trouble mal défini et lestée par de basses affaires humaines.
Tout cela prend place dans un quartier juif sinistre, aux bâtiments présentant des détails bizarres ou absurdes et dont les espaces prennent une dimension symbolique.
Ca m'a évoqué Kafka, Lautréamont, et même de vagues souvenirs du Loup des steppes, je ne sais pas trop pourquoi.
Tout ne m'a pas été clair lors de cette première lecture, et c'est tant mieux.

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Un Balzac assez bizarre pour lequel j'ai une opinion mitigée.

L'auteur se penche sur les souffrances féminines inhérentes à un mauvais mariage, à une incompréhension (psychique, physique) entre les sexes, et certains passages, ou certaines formules, sont selon moi assez francs et salutaires. Il semble prendre partie pour une meilleure considération du désir et des besoins féminins. En même temps, l'adultère, en soi explicable et compréhensible en tant qu'issue pour les mal mariées, ainsi que plus largement l'amour qui se fait en dehors des lois, sont dépeints sous un jour très défavorable dans leurs conséquences : la faute originelle de l'héroïne provoque une série de catastrophes.
Celles-ci sont pour la plupart rocambolesques. Il y a dans ce roman des incohérences, des ruptures de ton et une invraisemblance, dues essentiellement si j'ai bien compris à ce qu'il est fait de la récupération de textes séparés et hétérogènes, et il ne s'unifie peut-être que dans cette démonstration morale : l'adultère fait le lit du malheur (des femmes déjà malheureuses en ménage).
Dès le début, le rythme est donné : il y a de fortes ellipses, pour la raison susdite sans doute, et cela a participé à me donner l'impression qu'une grosse part du roman réellement consacré à Julie d'Aiglemont était, en plus d'être sacrifiée à des digressions aventureuses ou ridiculisée par un romanesque invraisemblable (la mort bête de l'Anglais par exemple), ramenée à des plages de discours généralisant sur la femme (d'un âge à l'autre) – certes non étonnantes chez Balzac mais ici au prix selon moi d'un affadissement du roman dans ses particularités, l'héroïne devenant une mal-mariée interchangeable, et un personnage qui souffre de toute façon des invraisemblances.
Aussi j'ai trouvé que le titre était une fausse promesse : Balzac y parle bien de "la femme de trente ans", sans pour autant que le roman lui soit réellement pleinement consacré. Même s'il a un intérêt certain à ce propos, j'ai trouvé ça dommage.
Lu sans déplaisir malgré tout, c'est un petit roman intrigant et surprenant.

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Livre autour du thé plutôt que livre du thé, qui aborde en de brefs chapitres différents aspects attachés de près ou de loin à la cérémonie, qu'ils soient d'ordre matériel ou spirituel. Ouvrage léger, concis, riche de la diversité de ses parties, "sans rien en lui qui pèse ou qui pose" comme dirait l'autre.

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Ce recueil “pour adultes” de Roald Dahl, auteur avant tout célèbre pour ses romans jeunesse, fait la part belle au cynisme, à l’humour noir et pince-sans-rire. Traversées par un ton brillamment grinçant ou faussement naïf qui les rendent assez délectables à lire, ses nouvelles abordent des situations très variées (on pourra toutefois y remarquer une représentation en général plutôt binaire des personnages féminins, qui le plus souvent sont ou soumis, ou machiavéliques). Kiss Kiss témoigne d’une qualité relativement inégale, mais reste très plaisant dans son ensemble et d’un comique efficace ; selon moi, les nouvelles les plus réussies ne sont pas celles qui frisent le plus avec le fantastique ou l’absurde. Parmi mes favorites : “Pauvre George”, “Tous les chemins mènent au ciel” et “Un beau dimanche”.

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Je préfère généralement les présentations moins relâchées mais celle-ci est un panorama large et accessible qui permet une approche diversifiée et dynamique des dieux de l'Inde.

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Présentation critique, concise mais riche en éclaircissements, de textes sacrés méconnus en France. A lire idéalement après une présentation plus générale des Upanishads.

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Plutôt décevant. Le sujet en soi m’intéresse : le destin d’un amour qui résiste malgré tout et en dépit du temps qui passe entre deux êtres éloignés, la sincérité des retrouvailles finales et des confidences malgré l’inadéquation du moment (ce qui n’exclut pas qu’il soit le bon moment). Cette “affinité véritable” est surtout traitée en creux en même temps qu’une petite société de personnages qui m’ont été plus ou moins antipathiques ou ennuyeux. Et justement, j’aurais pu apprécier cette manière de traitement, qui dessine un contraste entre les faux-semblants, l’avidité, la concupiscence, et le “véritable”, mais ça n’a pas pris ; il manquait peut-être un peu plus de substance à l’esquisse de la relation entre le protagoniste et l’objet de ses pensées. J’ai eu l’impression d’une sorte d’exposé qui manque d’âme. J’attendais plus de mordant, je n’ai pas trouvé le comique annoncé, et bien que je trouve toujours plus ou moins poignants ces tableaux d’une existence qui se manque, la tendresse mélancolique que j’associe à cette histoire était en fait difficilement palpable. Il reste qu’un certain regard, un certain ton de l’auteur, la prise en charge sans mépris de ce genre de mésaventure humaine, m’a permis de m’accrocher à la lecture quand bien même ce qui était exposé par moments était un peu ennuyeux ou bancal.

Annotation :

Petite synthèse accessible et sérieuse, me semble-t-il, sur la question, complexe, qui permet une approche claire et nuancée.