Un succès d'Ané

Annotation :

De la pureté.
Dominique n'est jamais meilleur qu'un peu esseulé, seul aux commandes, pour diriger de sa main virevoltante des mélodies étranges, mélancoliques et soudainement brûlantes ; on retrouve les vocaux mourants de mes albums favoris d'Ané ; les beats sont surprenants et les paroles évocatrices et superbes, naïves et sobres, les rendant plus délicieuses encore.
Un album à écouter légèrement grisé, chancelant, bruineux.

-----

Des paroles : "Tous les baisers reçus, savais-tu qu'ils duraient ? Qu'en se mordant la bouche le gout en revenait ?"

S'il n'en fallait qu'une : La Musique, de l'appropriation chère et tendre.
https://www.youtube.com/watch?v=WitlbsybD78

Mais enfin, ça ne suffit pas pour ce disque foisonnant, et il faut donc parler de ce premier morceau, peut-être la chanson française qui me touche le plus, la voix ensommeillée, les mots, le Sens :
https://www.youtube.com/watch?v=vLSjpmEePCU

Et puisqu'il y a La Matière, Tant que j'ai encore une ombre :
https://www.youtube.com/watch?v=88VUPz4QFaQ

Annotation :

Fragilité créative, frustration infantile, glaciale et évocatrice, retenue insensée et hivernale; le tout en surbrillance, éclats et mélopées de synesthète, on ressent plus qu'on ne l'écoute, à demi-emmitouflé, demi-étouffé, dans une couette trop chaude ou des bras trop froids.

-----

Des paroles : "Février s'isolait. Hésitait à rester, parfois même il pensait mettre un terme à ses jours"

S'il n'en fallait qu'une : Sous la neige, de l'incongruité refermée sur elle-même.
https://www.youtube.com/watch?v=cw18Xq20n4M

Annotation :

Des vagues pour des chansons-fleuves, des mots pour des ricochets, et un drôle de tsunami-à-l'âme débordant parfois (les titres les plus directs et enjoués me touchent moins ici) mais souvent justes.

-----

Des paroles : "Il pense qu'il est huit heures du soir
Et qu'il circule dans le couloir
Où les épaules bruissent en glissant
La foule se place au cœur des dunes
La mer applaudit bruyamment."

S'il n'en fallait qu'une : L'Horizon, sa grandiloquence.
https://www.youtube.com/watch?v=0lbfe4m7j2k

Annotation :

L'Horizon porté à la vie, plus bouillant, plus tranchant - ces interprétations superbes de Pour la peau, Antonia... Tout ce live est une merveille, de rage, de mise en danger, de tour de force.
Et permet de découvrir Marina en live...

-----

Des paroles : "Tu le sais ici tout brûle,
De tout temps ici tout brûle,
Et les portes et les livres,
Tout ce qui porte un nom brûle..."

S'il n'en fallait qu'une : La mémoire neuve, en live, le piano qui boucle et meure.
https://www.youtube.com/watch?v=HXHlCkT6KpU
Et la Marina, puisque sinon elle serait perdue : https://www.youtube.com/watch?v=JCV1NMkBD6I

Annotation :

D'une chanson à fleur de peau avec La Mémoire Neuve, on est passé à une torture et une tension à fleur de peau; les textes sont passés à une sorte de moulinette de pessimisme : le texte de Pères est misanthrope à en pleurer, d'autant que Ané venait d'avoir alors son premier enfant, ancré ainsi, ça insuffle un malaise certain, étonnant de superbe.

-----

Des paroles : "Ils trouvent qu'on les oublie, qu'on ne les soigne pas assez et se font tout petits dès qu'ils peuvent en dire un mot.
Oh comment certains vivent..."

S'il n'en fallait qu'une : Pères, du dégoût larmoyant, de la haine de soi.
https://www.youtube.com/watch?v=VMuge6WKGok

Annotation :

"4 chansons autour de la musique"
EP suivant de peu La Musique, dans la logique de La Musique (encore que ça ressemble plus aux titres de La Matière), propre, brûlant et douceâtre, un peu naïvement charmant, dans ses explorations synthétiques.

Il y rend hommage à d'autres artistes, méconnus (Gisor, aka Dominique Petit) ou célèbres (il y a Manset...), à une maison de disque (Sarah Records à Bristol), à un élément de texture musicale (l'écho déjà mentionné dans la Fossette) dans la même fibre enflammée, confrontant le "petit" texte trivial au lyrique, dans le décalage qui lui sied tant.

-----

Des paroles : "Elle est trop jolie pour Bristol
Et trop timide pour s'en aller
Elle voit des trains passer plus haut
Puis disparaître, puis disparaître"

S'il n'en fallait qu'une : Manset, très bel hommage à Gérard, lumineux et vibrant.
https://www.youtube.com/watch?v=X32t_hZZ5Ak

Annotation :

Une victoire de la Musique. "A la télévision française, je chantais, je ne sais plus pourquoi c'était, les gens en face de moi dormaient."
Une voie toute tracée, refusée. Une compagne complice, et sa voix sombre.
On ne se cache plus, on oublie les débuts qui se répètent, et on devient plus compréhensible peut-être. Plus "conventionnel" ?
Non, on le refusera par la suite avec Remué. On devient, simplement, et on s'amuse.

-----

Des paroles : "Et je ne me reconnais pas
Le dos courbé et les yeux baissés
Ces yeux qui balaient le plancher
Sans doute pour la première fois "

S'il n'en fallait qu'une : La mémoire neuve, rêverie insensée.
http://www.dailymotion.com/video/x4krxy_dominique-a-la-memoire-neuve_music

Annotation :

On se retrouve. Encore convalescent d'un Remué mal digéré.
Quelques titres peinent, trop faciles, trop simples et survolant la passion sans y daigner jeter un coup d’œil... Mais surgissent aussi des morceaux qui peignent avec grande grâce cette émotion, retrouvée pour un instant. Voire dépeignent encore autre chose (Le Commerce de l'eau, assez unique chez Ané).

-----

Des paroles : "évacuez : les cercles, les ricochets, tes clés portées disparues ; le rire penché de la rue ; les insultes du plus jamais."

S'il n'en fallait qu'une : Pour la peau, sensualité et désir exacerbé.
https://www.youtube.com/watch?v=wfxEI7035Ac

Annotation :

C'est une douilleterie amère ; de fin d'après-midi aux côtés d'une cheminée après s'être fait tremper jusqu'aux os, ici Dominique est calme mais perplexe, inquiet d'avance : on préface Remué, on en sent les premiers mouvements (le piano en empreintes ; les paroles vilaines ; le minimalisme de la batterie étouffée).

Un peu bancal, mais envoûtant pourtant.

-----

Des paroles : "Je crois fermement que le monde vient à notre secours. On ne sait ni quand, ni comment, ni par quoi. Il survient inopinément, simplement, avec compassion. Parfois, être sauvé est presque aussi douloureux que la douleur elle-même.", des mots de Milena.

Si on prend des mots de Dominique, ce sera : "j'avais tort de me tracasser, tu ne m'as rien dit ; rien annoncé rien enlevé, tu n'as rien détruit" chanté par Breut.


S'il n'en fallait qu'une : Milena Jesenska, une intrigue inquiète et un bel hommage.
https://www.youtube.com/watch?v=m9fWbQV04Es

Annotation :

Les Sons Cardinaux a un statut particulier : il ne fait pas que compiler des B-sides de Dominique A, il est révélateur du cheminement de l'enfant des Terres Brunes, ce n'est pas pour rien qu'il s'ouvre sur un Dominique Ané à 13 ans, chantant déjà d'une poésie particulière, pour repasser par les sécheresses de la Fossette, du disque sourd avant de se retrouver sur les chansons plus luxuriantes et typiques d'Auguri, L'Horizon, La Mémoire Neuve et finir sur un prémice à La Musique avec un retour à l'enregistrement de bandes.

Comme un Memento de sa carrière à cet instant, avec ses références, ses éclats, ses craintes - "Je ne me rappelle pas de moi" qui remémore "La Mémoire Neuve", L'Azur qui aurait eu sa place sur L'Horizon...

-----

Des paroles : "Nous sortons d'Endermonde
Deux petites mains tiennent les miennes
C'est l'heure ancienne où l'eau profonde
L'odeur des siècles à notre traine
Sur le chemin l'orage gronde
Les arbres ont le dos rond tassé
Qu'ont-ils donc fait pour mériter
Le feu, soudain le feu."

ou

"Mais que vaut toujours ?
Est-ce une seconde qui se prolonge, et vous inonde ?
Ou est-ce un jour liant les autres ? Un peu plus lourd, un peu plus notre ?"

S'il n'en fallait qu'une : Endermonde, soudain le feu.
https://www.youtube.com/watch?v=mIhmbAFrz2s

Annotation :

Ané n'est pas Bashung : en s'entourant des musiciens de L'Imprudence, il ne s'en appropriera pas le génie, et là où Alain en profitait pour offrir ses mélodies les plus chiadées, ses plus belles dynamiques, Dominique nous perd dans des ritournelles peu inventives, soporifiques même.

-----

Des paroles : "Fais-moi revenir au monde
Le toucher sans mettre de gants
Même pour sentir qu'il s'effondre
Même s'il n'y croit plus comme avant
Fais-moi retrouver mon ombre
Perdue dans l'ombre qui me tient
Le souvenir du lendemain
Deux flèches lancées dessous les combles"

ou dans la simplicité même : "Il n'y a pas de mots
Dans les Hommes... Dans les Hommes..."

S'il n'en fallait qu'une : Tout sera comme avant, montée superbe en puissance tout en la gardant retenue.
https://www.youtube.com/watch?v=8JBO9V50jJU

Annotation :

Je suis partagé - autant je suis ravi d'entendre Dominique A se remettre un peu en danger, en chose seule et un tantinet déprimée, murmurer de sa voix endormie façon "Le Sens", minimiser les mélodies, les textes, réduire et simplifier donc, autant j'y vois toujours un intérêt moindre comparé à ce qu'il faisait sur La Matière (ou La Fossette) ; ce n'est pas Kick Peplum, c'est plus aérien et forcément à deux doigts de n'être rien, même pas une ombre.
Pourtant... Tout de même des choses qui gagnent, l'impression de Christophe qui domine sur le premier titre, et puis d'un coup - la prière aigüe directement écrite comme hommage, "Plus de mots bleus", oui, en un souffle, une supplication alors que la musique n'est plus grand chose, qu'un reflet de Comm' si la Terre penchait. Ce ne sont pas des morceaux qu'il jouera sur scène, à coup sûr - encore que "A la même place"... - et tant mieux sans doute, ce ne sont pas les coups de sang que j'y attends (même si j'espère être trompé forcément, des suspensions superbes peuvent bien arriver). Et enfin, c'est côté texte peut-être que j'ai un sentiment de ne plus avoir à attendre de surprise, d'étonnement, même d'impression de joli cisèlement - c'est un peu plus rond qu'avant, ça traîne moins à l'esprit, je ne me souviens de rien que la petite chose pour Christophe.
Goût étrange qui penche vers le bien, on dira,surtout pour les trois premiers morceaux (le dernier ne fait qu'écho, que redire ce qu'on a dit pour commencer). Après tout pourquoi pas.

-----

Des paroles : "Quelle vie étrange,
Plus de mots bleus
No more."

S'il n'en fallait qu'une : Papiers froissés, le cœur pilé qui repasse à la lumière.
https://www.youtube.com/watch?v=NoDFOha6Y3s

Annotation :

Premier contact. Légère batterie. Les vents me grisent, je n'ai pas encor entendu la voix, les mots. La guitare légère.
"Oublie la ville..."
Aérien. Mais pourtant surchargé, en somme ce fut une entrée en matière parfaite pour voir ce que proposait Dominique. De la candeur, de la chaleur même ; sans efforts transporter 8 minutes (Le Convoi !), et de l'éclat. Je n'en demandais pas tant.

-----

Des paroles : "Ma planche mon âme, l'heure qui s'est déposée, était-elle d'opale, provient-elle d'iris saturée ?"

S'il n'en fallait qu'une : Par les lueurs, son apaisement.
https://www.youtube.com/watch?v=EgbzZJtPa_U

Annotation :

Disque du vécu, de l'ardeur, de la rigueur rugueuse, ou rugosité rigoureuse, de souvenirs ; plein de choses très bien, surtout surtout ce travail du rythme qui emporte la tête pour un rien, des choses moins bien que je pardonne (Aujourd'hui n'existe plus...). Le genre de disque boiteux qui garde / gagne mon amour (comme La Matière et La Musique en fait).

-----

Des paroles : "Le jeu est-il de tout changer, ou de garder ce qu'on pourra ?
Du début jusqu'à mi-chemin, de mi-chemin jusqu'à la fin."

S'il n'en fallait qu'une : La Clairière - le rythme le plus entêtant du tout (et une défense en sous-texte des migrants).
https://www.youtube.com/watch?v=_I4BndbBxqA

Ou bien la perle sombre de l'album ? Corps de ferme à l'abandon...
https://www.youtube.com/watch?v=hoT0yI3wXkY

Annotation :

Après un succès précédent, on s'entoure d'un orchestre. De cordes en folies, d'une élégance assurée et calme... Voluptueuse et apaisée en fait.
Et ça ne tranche plus suffisamment ? La solidité du tout se suffit de toute manière, et dieu sait que c'est en live que tout explose, que tout brûle.

-----

Des paroles : "L'un à l'autre collés
L'un à l'autre accrochés
Comme on s'accroche aux rêves
Dont on sait en dormant qu'il va nous échapper"

S'il n'en fallait qu'une : Eléor, l'invitation au voyage.
https://www.youtube.com/watch?v=96F1O8oV6Mw

Annotation :

Tout est peut-être très beau dans cette deuxième face de l'année, tout est clair, on a ces sursauts du côté "Camion" ou du côté "Des Etendues", quelque part entre La Musique et L'Horizon... Mais ça serait oublier que depuis La Musique déjà, et de manière plus prononcée depuis Vers Les Lueurs, la production de Dominique A est lisse, lisse, plus que lisse : aucune vraie accroche (ça s'est un peu amélioré sur Toute Latitude plus tôt dans l'année, mais uniquement sur 2 3 broutilles), ce qui sied certes plutôt bien à des chansons... Mais on y perd tant en éraillement, en choses perdues et gestes ratés mais capté par le micro, comment croire à la simplicité quand on n'a pas une simplicité mais une perfection justement ? Une "prod parfaite", spatialisée comme il faut, avec des effets comme il faut, des volumes comme il faut. Ca sera un disque comme il faut pour les fans d'Eleor ou de Vers les lueurs, bien moins pour ceux des Remués et autre La Fossette ; c'est d'autant plus dommage que certaines compositions sont brillantes, bien écrites (La Poésie en tête, Le Ruban...), et d'ailleurs les lives des dites chansons sont magnifiques, mais non, en studio ça passe puis on a oublié que c'est passé : ça ne transperce pas, ça ne transperce plus.

-----

Des paroles : "On a survécu à tout ça et aujourd'hui tu es parti(e)
Comme quoi on peut survivre à tout
Et ne pas survivre à la vie..."

S'il n'en fallait qu'une : La Poésie, l'hommage à Leonard Cohen, le manteau retiré du porte-manteau...
https://www.youtube.com/watch?v=PO-xlinsNws

Annotation :

Un brouillon de ce que sera La Fossette, les deux albums partageant 6 pistes, en considérant "Un tour de manche" comme la maquette de "Vivement dimanche".

Pas inintéressant du tout, mais au final les pistes qu'on n'a pas revu sur La Fossette ont été simplement écartées car pas franchement remarquables, voire médiocres, le tout est très inégal au final, et construit de manière boiteuse.

-----

De même que pour la Fossette :
Des paroles : "Février s'isolait. Hésitait à rester, parfois même il pensait mettre un terme à ses jours"

S'il n'en fallait qu'une : Sous la neige.
https://www.youtube.com/watch?v=cw18Xq20n4M

Annotation :

Je pense que je cerne un peu mieux ce qui ne m'enchante pas des sorties récentes (depuis Vers les lueurs disons, avec plus ou moins de fortune parfois) de Dominique A - il y a un manque terrible de caractère - dans les mélodies, dans les choix de production, et même finalement dans les paroles de plus en plus quelconques, qui n'habitent plus (sauf - car Dominique est un très bon interprète - en live, encore quelque part au moins). Et sur Vie Étrange, ce qui avait marché plutôt pas si mal sur l'EP (Le Silence ou tout comme) - le diaphane, le transparent - sur 10 chansons, ça patauge plus facilement, c'est marécageux (malgré deux, trois coups de sonde dans le lot).
Pas grand chose ne ressort, pas grand chose ne boucle dans ma tête, et franchement je n'attends pas vraiment impatiemment d'entendre ces ritournelles blêmes en live (mais pour ça, j'attends qu'au contraire il les joue et me surprenne de ce qu'il sait encore fabriquer dans le feu).

-----

Des paroles :
"Qu’est-ce que tu veux savoir
Que veux-tu m’arracher, quand je rentre
J’hésite sur le palier
J’ouvre et je te retrouve à m’attendre
Il est tard et je suis
Je suis si fatigué, trop de monde
Les bus étaient bondés
Et toi qui me relance, et me sonde
De quelle histoire encore
Entends-tu nous charger, quand je rentre"

J'en garde un peu plus, mais les autres étaient déjà dans l'EP, donc puisqu'il en faut une, comme échappée de "La Matière", Quand je rentre : https://www.youtube.com/watch?v=AfL7sHFoCDY

Annotation :

Enregistré de manière fainéante, Dominique ne se soucie de rien sur cet album, redite en moins soigné de La Fossette : paroles d'une platitude abyssale alarmante (Otto Box, machin sur la barquette, infernale celle-là), mélodies sans grands intérêts en dehors de quelques coups de semonces qui viennent figurer ce que deviendront les guitares d'Ané (le final du Gros Boris notamment), et la voix de Françoiz Breut ne vient rien sauver. La reprise de Christophe est pas trop mauvaise cependant.
Bref, une bavure dans la carrière (encore courte à l'époque) d'Ané, pas inécoutable mais sans intérêt.

---

Des paroles : "C'est un sale guerre la guerre lasse
Contre la montre aux aguets
Celle qui mène à tant de frais."

S'il n'en fallait qu'une : Un mauvais ami, pleureuse et dénudée, seule véritable beauté du tout.
https://www.youtube.com/watch?v=i8sadAKQw-Y

Annotation :

(après de longs mois à ne pas parvenir à l'écouter d'une traite)

Terrible mollesse, ennui total d'un bout à l'autre - quand ce n'est pas de la circonspection (comment Dominique A peut oser sortir des paroles pareilles, par instants, sans s'en vouloir, se remettre en question - "Nouvelles du monde lointain" pas loin des rhétoriques débilitantes style Damasio sur comment "les écrans" nous déconnecteraient, mélangé d'un rappel au confinement). Bref, c'est une somme de lieux communs, de facilités d'écriture et d'une surproduction permanente pleine de violons dégoulinants, de symphonie m'as-tu vu sans soucis de subtilité, sans tension et sans grandes suspensions. Incompréhension totale de voir l'album comparé là et là à Talk Talk, à Mark Hollis - ai-je seulement écouté le même album ? Ou alors il suffit d'y avoir une petite main d'instruments "classiques" et de faire un peu de dentelle (piano par pluie, batterie en douceur de cymbale) pour faire affaire ? Bref, un rebut total pour ma part - d'assez loin le pire que j'ai écouté du bonhomme.

---

Rien à garder.

Annotation :

[EXTRAPOLATIONS]

La Mémoire Neuve bis ; avec l'humour et la légèreté de Françoiz Breut remplaçant un peu la timidité de Dominique A, mais l'empreinte de Dominique A est si forte ici qu'on ne peut pas ne pas le voir derrière chaque arrangement.

On ne s'y trompe pas d'ailleurs ; on le retrouve pour chanter sur quelques titres ; on reconnait les pointes de sa guitare ; on retrouve ses thèmes. Et on se débarrasse de ce qui était un peu plus faible sur la Mémoire Neuve pour offrir un tout plus homogène ; moins de coups d'éclats mais moins de coups de mou.

Moins de paroles aussi que sur un album de Dominique A, plus dans la réserve.

---

Des paroles : "À Tarifa nous sommes tombés
Comme si la terre avait glissé
Que des plaques s'étaient heurtées
Nous précipitant toi et moi"

S'il n'en fallait qu'une : Le Nord, ses guitares dérapantes, longue introspection.
https://www.youtube.com/watch?v=LRKVWEr7hhY

Annotation :

[EXTRAPOLATIONS]

Des collages divers et variés, un thérémin parfois (Hveragerdi), parfois très sale et punk, parfois plus éthéré et calme (les meilleurs moments je trouve, Eucalyptus...), c'est un disque étrange, bordélique (The Stockholm Syndrome), plein de boîtes à rythmes étranges (J'enterre la pluie), de bruits (des aperçus de cuivres parfois), enjoués ou pas (influences espagnoles et big band rigolo sur Hit Hit Hit), des pianos catastrophés, des des pleins de choses dans n'importe quel sens, et là-dessus la voix de Dominique A lancinante, sombre, spleenesque qui chante aussi bien en anglais qu'en espagnol ou français. Superbe Morse d'ailleurs, des voix de Dom' qui se superposent et crient, pleines de grain, et le piano (?) en une sorte de gymnopédie lointaine et glacée.

Bref, un projet déroutant, à la genèse rigolote (Dominique A pris en otage par les Oslo Telescopic, et forcé de chanter pour eux), qui a même eu droit à un concert unique pour le transposer en live !

---

Des paroles : "Morse... Morse... Un pas dehors, un pas dedans... Appuyé sur un pied vaillant..."

S'il n'en fallait qu'une : Morse, gymnopédie froide et grimpante.
https://www.youtube.com/watch?v=u1LmpYJcClE