1974
7.3
1974

livre de David Peace (1999)

Entre drame psychologique et polar sous haute tension

1974, Yorkshire. Clare Kemplay, 10 ans, est retrouvée morte sur un chantier. Edward Dunford, nouveau reporter à l’Evening Post, couvre l’affaire. Propulsé sur le devant de la scène médiatique avec ce meurtre d’une indicible cruauté, il fait rapidement le rapprochement avec la disparition de Jeannette Garland et Susan Ridyard. Edward Dunford, sans âge et sans visage, sillonne le Yorkshire à la recherche du meurtrier au volant de la Viva de son père, qu’il vient tout juste d’enterrer. Entre drame psychologique et polar sous haute tension, 1974 suit la traque vertigineuse d’un reporter dévoré par un incontrôlable désir de vengeance.


Edward Dunford, bourreau ou victime ? David Peace sème le doute quant à l’innocence du narrateur tout au long du récit. L’écriture nerveuse et la narration elliptique amplifient ce phénomène de méfiance et de paranoïa qui enserre le lecteur. À chaque nouvelle scène, on se dit que ça ne peut pas être pire. Et bien, si. Ce qui semblait être un meurtre sadique se transforme en une descente aux enfers mêlant policiers corrompus, entrepreneurs véreux et élus complices. Pédophilie, torture, maladie mentale, il y en a pour tous les goûts.


Dans 1974, David Peace pousse le roman noir à son paroxysme. Celui qu’on appelle le Ellroy britannique naît en 1967 dans le Yorkshire. Sa jeunesse est marquée par l’odyssée sanglante de Peter Sutcliffe, l’un des tueurs en série anglais les plus célèbres de l’après-guerre dont David Peace s’inspire pour écrire sa tétralogie et peigner un tableau critique de la société anglaise. Et ça fonctionne atrocement bien.


J’ai découvert 1974 lors d’une table ronde animée par Irvine Welsh, Benjamin Dierstein, David Peace et Jeremy Fel au festival Quais du Polar 2022. L’écriture de Peace m’a rappelé un autre roman que j’avais adoré : La Cour des Mirages de Dierstein. Je recommande chaudement ces 2 lectures !


Retrouvez toutes mes chroniques sur mon site internet et compte instagram :

https://www.instagram.com/elolit.books/

https://elolitbooks.com/


ElodieAngiolini
8
Écrit par

Créée

le 22 juin 2022

Critique lue 11 fois

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur 1974

1974
Avek
9

Critique de 1974 par Avek

Dans 1974, David Peace raconte bien plus qu'une simple histoire de tueur d'enfant. Il dresse le portrait d'une Angleterre qui colle, qui pue et où personne n'est innocent : les flics sont pourris,...

Par

le 16 sept. 2010

6 j'aime

1974
colargol
9

Critique de 1974 par colargol

J'ai mis la même critique sur tous les red riding, hein, parce que je pense qu'il est dommage de les séparer. Entre 1999 et 2002, David Peace frappe quatre grands coups secs avec son Quatuor du...

le 18 oct. 2010

4 j'aime

1974
rivax
5

Critique de 1974 par rivax

Présenté comme le renouveau du polar anglais, c'est le T1 d'une tétralogie qui relate la vie pas très reluisantes de personnages de la police et de la presse dans le Yorkshire des années 1974 à 1984...

le 16 août 2011

3 j'aime

2

Du même critique

Enfant de salaud
ElodieAngiolini
6

"Mon père, le premier de mes traîtres"

1987, Lyon. 40 ans après l'holocauste débute le procès de Klaus Barbie. Sorj Chalandon couvre l’événement pour Libération et reçoit le prix Albert Londres pour son travail. 30 ans plus tard, il...

le 28 oct. 2021

2 j'aime

1

Chems
ElodieAngiolini
7

Chemsex, la quintessence de la partouze

Chemsex. Contraction de chemical sex, ces marathons sexuels sous stupéfiants sont considérés comme le “fléau des pédés”. Le principe ? pimenter les partouzes en utilisant des substances psychoactives...

le 5 mars 2021

2 j'aime

L'Art de la joie
ElodieAngiolini
8

Dans l’anxiété de vivre j’ai laissé filer mon esprit trop vite

Modesta naît le 1er janvier 1900 en Sicile, au sein d’une famille miséreuse et toxique. Elle raconte son ascension sociale fulgurante, de jeune fille pauvre à femme libre, indépendante, jusqu’à la...

le 22 juin 2022

1 j'aime