Appel d'air par Hard_Cover
Les trente textes réunis dans Appel d'air ont été écrits entre les deux tours des présidentielles de 2007. Cette anthologie éditée par les Éditions ActuSF était donc une sorte d'alerte lancée à qui voulait l'entendre par les auteurs de science-fiction.
J'ai mis du temps avant de lire Appel d'air, qui trainaît nonchalamment dans ma pile à lire, sans rien dire, comme abattu par l'élection de Nicolas Sarkozy et voulant se faire discret. Mais il a fini par surgir au sommet de la colonne de livres qui soutient un des murs de mon appartement.
Deux années ont passé depuis sa parution. Notre cher Président est confortablement installé à l'Élysée. La vraie question n'est plus de savoir si la population a besoin d'être alertée (quoi que) mais si les auteurs qui ont participé au projet avaient vu juste ou si l'expression de leurs craintes était exagérée, une manifestation de cette paranoïa qui, nous le savons tous, caractérise les écrivains de science-fiction. Et force est de reconnaître que la plupart n'avaient pas tort, que ce qu'ils prophétisaient est survenu ou sur le point – peut-être – de nous tomber sur le coin du nez. D'autres étaient à côté de la plaque, mais je crois qu'on pouvait s'en rendre compte déjà il y a deux ans.
Dans la forme, avec ses trente textes très courts écrits par vingt-neuf auteurs[1] différents, Appel d'air est un recueil qui ne peut laisser personne indifférent (pro comme anti-Sarkozy). La diversité de qualités des textes (du très bon et du très mauvais), de leurs styles (vingt-neuf auteurs donc), de leurs formes (poèmes, pamphlets, faux formulaires administratifs ou histoires courtes) font que tout le monde peut y trouver son compte. En ce qui me concerne, mes préférences vont à Stéphane Beauverger, Roland C. Wagner, Francis Mizio, Sylvie Denis, Jean-Marc Ligny, Johan Heliot, Sylvie Lainé et Jean-Pierre Andrevon.
Tantôt amusants, tantôt désespérants, les textes d'Appel d'air constituent un ouvrage qui prouve encore une fois la lucidité des auteurs de science-fiction sur les questions de politiques et, évidemment, les sujets d'avenir.
[1] Alain Damasio signe deux textes.