Roman curieux au carrefour de plusieurs genres littéraires mêlant fiction apocalyptique, SF mecha, biopunk, etc…On se trouve dans un mélange d’Orwel, de A.Huxley, de A.Burgess voire de Barjavel et pourquoi pas, dans la ville sous le dôme de « The Truman Show » Mais on est très loin de ces géants.
Le postulat de base de cette histoire a, dès le départ, complètement annihilé ma bonne volonté de lecteur. Cette idée d’alternance prison-liberté comme modèle de construction socio-économique avec partage du logement qui permettrait à la classe moyenne de mener une vie décente est d’une telle absurdité que toute la construction du livre s’écroule aussitôt. On croirait lire un prospectus sur le time-sharing à Ténériffe.
On peut admettre que l’imaginaire scientifique dans le roman ouvre tout grand le champ des possibles en exaltant, entre autres, le triomphe d’une technologie délibérément axée vers le bonheur de l’Homme, même à son insu, ou à l’inverse en le déshumanisant totalement en contrant sa résilience mais il y a tout de même des limites à ne pas franchir. Ou si on décide de les franchir, il s’agit alors d’être suffisamment créatif et convaincant pour que le lecteur ne vous abandonne pas en cours de route, (cf les écrivains cités plus haut) ce que j’ai fait.
Quant au chassé-croisé amoureux qui tient lieu de fil conducteur, il est d’une telle balourdise qu’un vaudeville de Feydeau passerait pour une œuvre majeure.
Si le fond m’a assommé, la forme a fini de m’achever par son style scolaire : « C’est déjà le 1er octobre. Encore un jour de permutation. Que le temps passe vite. » Sans parler d’une utilisation ad libitum d’incises :
« -Je regarde, marmonna-t-il
-Je suis le frère de Conor, expliqua-t-il
-Il n’est pas ici, répond le type
-Oui, je vois, rétorqua Stan
-Je sais où il est, lâcha l’autre. »
Et par une traduction française particulièrement agaçante à certains moments.
J’aimerais aussi comprendre pourquoi l’éditeur a choisi un titre aussi proche que celui du roman de Robert Lalonde : « C’est le cœur qui meurt en dernier » ? Il est vrai qu’il s’agit ici de la traduction littérale du titre anglais « The Heart Goes Last » mais les éditeurs nous ont toujours habitué à des traductions fantaisistes qui auraient permis, cette fois, d’éviter une éventuelle confusion.