Parce que vous me saoulez avec vos pandas et vos dauphins.

Le wombat est un marsupial australien ce qui en soi constitue un presque-pléonasme car les marsupiaux en animaux casaniers qu’ils sont ne traînent pas leurs guêtres hors de l’Océanie. N'importe-quel péquin sensé et sachant en gros à quoi ressemble et l'Australie et la Nouvelle-Zélande ne saurait l'en blâmer.
En croisant un wombat, on pense immédiatement à un hybride entre un ourson et un gros rongeur qui serait vêtu d’un sweat avec une poche ventrale mais aurait perdu sa capuche. Le wombat pèse de 15 à 40 kg. La vue d’un wombat de 40 kg est tout simplement extatique. Vous pouvez distinguer, si vous avez l’œil, trois espèces de wombat : le wombat commun (qui n’a pas choisi son nom peu flatteur et se mentionne lui-même comme « wombat originel »), le wombat à museau poilu du nord et le wombat à museau poilu du sud. Vous avouerez que c’est fendard. Le wombat malgré son physique de bouffeur de gâteaux peut atteindre une vitesse de 40 km / heure à la course, mais qui, sérieusement, a déjà vu un wombat courir ?

Certains autochtones australiens s’entichent de ces animaux rondouillards et se décident à en adopter comme animaux de compagnie. Outre le fait qu’ils feraient mieux de ficher une paix royale à ces bestioles qui ne se sentent jamais aussi bien que dans leur outback chéri, j’espère que ces gens ne tiennent pas leur joli jardin en bonne place dans leurs cœurs car le wombat ne s’éclate jamais autant qu’en creusant tunnels et terriers, armés pour ceci de griffes respectables et d’un entrain non feint. A noter que, pas bête la bête, sa poche ventrale, à l’inverse des autres marsupiaux s’ouvre donc vers le bas du corps. Qui en effet affectionnerait de retrouver des pelletées de terre dans son sac à main ?

Pour finir de convaincre qui ne le serait pas encore quant au fait que le wombat est un peu la cerise sur le gâteau du monde animal, veuillez intégrer le fait que le wombat peut se targuer de renverser un homme les doigts dans le pif (ceci est une image, rappelez-vous donc la taille conséquente des griffes) en lui administrant des coups de tête telle une chèvre et que de plus, il possède un arrière-train puissant, recouvert d’un cartilage et dont il se sert pour écraser ses congénères contre les parois de son terrier. A noter que ce traitement est d’ordinaire réservé aux wombats empêcheurs de tourner en rond, voleurs de copines en tous genres ou encore à celui qui a chipé la dernière racine goûtue dont l’animal est féru, sinon, c’est un bougre assez pacifique.

En somme, le wombat est un animal merveilleux.

Au détour de mes visionnages de documentaires sur ces animaux que j’affectionne, je croisais un jour ce titre envoûtant : « Comment attirer le wombat ». Mon intérêt en fut immédiatement éveillé car je peux vous dire que dans mes montagnes françaises, pour attirer un wombat dans son antre, mieux vaut avoir toutes les cartes en main. Je me renseignais un peu sur l’auteur ne souhaitant pas non plus lire un tissu d’âneries erronées ou de niaiseries patentées et découvris alors que l'écrivain Will Cuppy était un asocial vivant en ermite et réservant ses rares escapades à des sorties au zoo.
Un misanthrope passionné par le règne animal ? Cela me semble parfait.

Et puis j’ouvris le livre.

« Comment attirer le wombat » m’a fait du bien, m’a fait rire, m’a fait découvrir l’un des trop rares auteurs parvenant à être hilarant, fin, critique, le tout en écrivant simplement mais bien.
Attention, ceci n’est pas uniquement un livre sur ces géniaux marsupiaux. En de multiples chapitres où curieusement ne seront pas abordés les chats rigolos, Will Cuppy dresse les portraits drôles et instructifs de moult bêtes aussi diverses et variées que souris, phacochère, bandicoot, palourde, pieuvre, moustique, coccinelle, émeu, canard ou encore ver de terre. Il vous instruira également de la meilleure méthode pour écraser une mouche, du recensement des cygnes et tentera de répondre à la question existentielle que vous feriez bien désormais de vous poser si ce n’était pas encore le cas : Les wombats sont-ils des gens ? (la réponse est... non. Comment que je vous ai spoilé ! AhahAHAH... pardon)

Par l’intermédiaire de ces brèves, Cuppy glisse entre les lignes des constats non pas sur les animaux, mais sur les traits humains qui semblent bien le désespérer, on le comprend, et l’asocial livre sa façon de penser sur les gens qui sont une excuse idéale, il faut bien l’admettre, pour plutôt s’intéresser aux animaux. Après, si vous n’en avez cure de tout ça et que pour vous lire entre les lignes est plutôt un signe de myopie avancée, rassurez-vous : ce livre est avant tout une merveilleuse façon de passer le temps que l’on soit grand comme un grand wombat ou petit comme un petit wombat. Au premier degré, des enfants apprécieront surement que vous leur en fassiez la lecture. Notez bien que je ne conseille à personne de côtoyer des enfants de moins de 23 ans, mais je sais d’avance que certains d’entre vous ont le goût du risque et je préfère donc parer à toute éventualité.

Bien que Freddie Mercury me martèle à l’instant même dans les feuilles ma doctrine philosophique première, à savoir « Don’t stop me now », je pense qu’il est grand temps, voir déjà trop tard, de conclure en espérant vous avoir donné l’envie de découvrir ce livre possédant le pouvoir de vous faire ricaner à foison lors de sa lecture tout en posant une réflexion sur les primates exaspérants que nous sommes. Dans le cas contraire je me consolerai en me persuadant d'avoir appris à au moins un glandu ce qu’était un wombat, animal ma foi trop méconnu alors qu’il est quand même fichtrement plus intéressant qu’… Hum hum…J’avais parlé de conclure.

Concluons. En refermant ce livre, j’apprends que Will Cuppy après avoir ermité pendant près de vingt ans et commis trois autres livres à l’humour toujours aussi incisif, se suicida à l’âge de 65 ans histoire de mettre fin à une dépression qui refusait de se faire la malle. Il partit donc en premier et la dépression fit moins la maligne.
« L’humour est la politesse du désespoir » parait-il.

Qui a dit que l’on ne concluait qu’une fois ? Certainement pas moi. Alors merci (beaucoup) à Tontonch qui a su viser juste et me donne l’envie de misanthroper un peu moins.
Un peu, hein.
Pravda
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le 2 sept. 2013

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