Face au vent
7.2
Face au vent

livre de Jim Lynch ()

Dans la famille Johannssen la voile est un état d’esprit. Le grand-père dessine des voiliers, le père les construit et les enfants s’entraînent pour les régates. La mère est une scientifique passionnée qui voue une grande admiration à Einstein. Josh, l’enfant du milieu, nous raconte cette enfance entre un frère téméraire et une sœur au don prodigieux pour la navigation. Quand cette dernière décide de tout arrêter la famille explose. Mais douze ans plus tard une course va les rassembler et lever les non-dits.


Je ne connais pas grand chose sur la voile et d’ailleurs je n’y porte pas beaucoup d’intérêt mais Jim Lynch a su me passionner. Il decrit cela avec une telle sensibilité qu’il nous y embarque. Il y met beaucoup de noblesse en expliquant le rôle des éléments et l’intuition nécessaire aux navigateurs. Judy, le jeune sœur, est douée et elle semble habitée par un don qui lui fait comprendre comment dompter sa voile. Cela la dépasse, elle ne se l’explique pas elle même. Il y a presque une forme de magie dans son rapport à la navigation.


Josh, le narrateur, est un personnage très attachant. Il est celui qui reste, celui qui continu à sa manière l’entreprise familial. Il travail dans un chantier de réparation de voiliers et fait quelques régates en amateur. Lui, il ne court pas le monde comme son frère et sa sœur et il vit seul dans son bateau. Il est le conciliateur de la famille, il tente de maintenir les liens entre eux. Il tente vainement de rencontrer une femme grâce aux sites de rencontres et répare bénévolement les bateaux des passionnés de voile un brin cinglés. Mais il est aussi coincé dans un rôle qui l’empêche de vivre pour lui, de trouver sa voix. Il a beaucoup de tendresse pour ses clients même si il porte un regard plutôt ironique sur leurs petites manies et leur folie douce. Passion et folie sont parfois deux choses assez proches.


Ce roman questionne sur la transmission, sur l’héritage familiale. Doit-on embrasser la passion de ses parents ? La passion est parfois destructrice pour les autres, elle aveugle. Judy est l’espoir de son père. Il espère à travers elle revivre ses succès passés. Mais ce n’est pas son rêve à elle et l’affirmation de sa volonté cause leur rupture. La question d’identité est aussi au cœur de ce roman. Judy choisi son chemin, ce pour quoi elle estime être faite. Mais pour cela il faut rompre avec les siens. Bernard fera de même, il part sans donner de nouvelles. Seul reste Josh. Il a la voile dans le sang mais c’est une passion qui l’empêche d’avancer.


L’écriture de Jim lynch est belle et pleine de métamorphoses maritimes. La vie est faite de calcul, de cap à tenir, de tempêtes et d’accalmies. Une famille est un voilier ballottée par des flots plus ou moins cléments. Le roman sent le sel et les embruns et m’a donné une grande bouffée d’air iodé. Jim Lynch est un très bon conteur d’histoire.

Anaïs_Alexandre
9

Créée

le 9 mai 2019

Critique lue 279 fois

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