C’est un livre sur le libre arbitre, sur l’humanité, sur l’humain, et sur tellement d’autres choses. Ecoutez plutôt un petit résumé : La première partie d’ « Hérétiques » nous transporte en 1939 à la Havane. Daniel Kaminski et son oncle attendent avec impatience l’arrivée de toute la famille qui fuit le régime nazi et doit arriver par le « Saint Louis ». Cet épisode relate un fait réel : ce paquebot transportant près d’un millier de juifs fuyant la barbarie n’accostera jamais à la Havane, les cubains refusant l’asile à ces pauvres malheureux qui seront également refoulé des Etats Unis et renvoyés en Europe. Nous allons alors voir sous nos yeux grandir et vieillir Daniel de ce funeste jour où il voit ses parents et sa sœur repartir de la baie de la Havane, en passant par le coup d’état de Batista en 1952 et la révolution castriste de 1959. Puis Leonardo Padura nous fait faire un saut dans le temps. Nous voici en 2007 avec le fils de Daniel, un juif américain qui revient à Cuba pour comprendre comment un tableau de Rembrandt appartenant à sa famille et disparu depuis l’épisode du Saint Louis se retrouve dans une salle des ventes de Londres. Pour l’aider à démêler cette histoire il fait appel à Condé un ancien flic qui fait partie de cette génération déçue par l’après révolution castriste. Condé est un personnage que Padura a déjà utilisé dans de nombreux romans et que ses lecteurs se plairont à retrouver. Mais si c’est votre premier Padura, ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas obligé d’avoir lu les précédents pour savourer ce personnage haut en couleurs.
La deuxième partie du roman nous transporte bien loin de la Havane du XXème siècle : nous voilà à Amsterdam au XVIIèm dans l’atelier de Rembrandt lui-même pour découvrir la genèse du tableau perdu, une étude préparatoire aux « Pèlerins d’Emmaüs » avant de retourner dans la dernière partie du roman dans la Havane actuelle à la rencontre des nouveaux hérétiques cubains qui prennent le nom d’homosexuels, d’émos ou toute autre communauté considérée comme déviantes dans l’île.
Dans ce roman, ce que j’ai trouvé stupéfiant, c’est le pouvoir évocateur des mots de Léonardo Padura. Il a une écriture très cinématographique. Avec Hérétiques dans les mains vous êtes à Cuba, vous ressentez l’île, ses sons, ses vibrations, ses couleurs, mais également la chaleur écrasante, les goûts, les épices, vous entendez les rires présents même si la misère prédomine. Dans la partie consacrée à Amsterdam l’écriture s’adapte et devient plus baroque et mystique.

BiblioTakeCare
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le 19 mars 2017

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