Abandon
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Qu'Instagram se rassure, je ne suis pas devenu subitement riche au point de dépenser des fortunes pour lire toute la sélection 2015 du Goncourt. Je suis simplement amené à lire dans le cadre du Goncourt suisse, la première liste 2015. C'est donc avec joie que j'ai commencé avec ce Reverdy cuvée Goncourt, j'avais déjà lu quelques passages lors de sa sortie, et j'avais eu envie d'en lire plus. Et je n'ai pas été déçu ! Souvent avec les livres à prix, un grand écart s'offre à nous : soit le style se veut grandiloquent, très littéraire, pour impressionné le lecteur, soit c'est du Christine Angot, c'est-à-dire aucun style. Mais Reverdy n'est pas tombé dans ces travées-là, il distille un style très sobre, sensible, qui fonctionne par petites touches. Ainsi, la narration glisse, prend le lecteur gentiment, sans le décontenancer. Mais ce n'est pas un style doux dans le sens que tout est positif, joyeux, non c'est un ton sans emphase. le lecteur a devant les yeux un véritable roman de contemplation : le narrateur est comme assis sur un banc, et il peint les situations de la vie, les personnages, les brefs dialogues. Un roman d'ambiances aussi, où le flou joue un rôle très important, comme si les souvenirs et les digressions flottaient eux-mêmes sur la ville. Et ce flou ce perpétue avec le temps, puisque lui aussi est totalement dilaté, les scènes se déroulent sans brusque rupture, plutôt lentement. Et surtout, Reverdy n'abuse pas des phrases nominales pour faire poétique. C'est une poésie du quotidien : tout n'est pas rendu poétique, mais chaque détail est finement rendu.
Les deux seuls bémols se situent du côté peut-être du style uniformément lisse, et de la trame un peu secondaire. Premièrement, c'est un roman à trois tableaux. Mais le ton ne change pas véritablement entre les trois fils narratifs. On a l'impression d'avoir un roman qui ne râpe pas assez, qui est égal sans jamais sortir des limites. Pour ce qui est de l'histoire, elle est comme posée en fond. Ce n'est pas le principal intérêt du livre. Il était une ville aurait peut-être d'avantage été incisif, percutant, avec une histoire qui prend le lecteur, car le style est là.
Verdict : un bon livre, mais qui manque d'explosivité narrative pour être goncourable.
Créée
le 12 juin 2016
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