Huis-clos familial et désirs honteux dans la fournaise californienne
Exit le froid d'Alaska, bienvenue dans la fournaise californienne, où la chaleur du climat le dispute à celle qui échauffe les corps et les esprits.
Explorant une fois encore des liens familiaux détraqués qu'il triture et torture à l'extrême, David Vann nous présente ici une famille prisonnière de son hérédité et de ses non-dits, où les femmes sont les victimes des hommes sur plusieurs générations. Pleines de rancœur, elles perpétuent la haine et la violence (physique ou morale) sur Galen, dernier membre masculin du clan, qui est à la fois victime et bourreau.
Galen cherche par la méditation à apaiser ses désirs, ses colères, et à échapper à son corps et à ses sensations qui l'obsèdent littéralement et l'enchaînent à une vie qu'il exècre.
Une mère abusive, une sexualité honteuse mais omniprésente, une nature brûlante et étouffante, le corps face à l'esprit et surtout une tension qui monte de page en page jusqu'à la tragédie inévitable, voilà les ingrédients de ce nouveau grand roman de David Vann.
Il faut noter que, à la différence de ses deux premiers romans, les figures paternelles sont absentes de cette histoire. Et pourtant, alors qu'il est mort depuis longtemps et n'apparaît jamais directement dans le récit, le grand-père maternel est omniprésent, terriblement pesant et castrateur, synonyme de brutalité et de malheur pour ses descendants.
C'est un roman puissant, dérangeant, très violent également. Si le cadre change, on retrouve dans ce roman l'importance de la famille, thème cher à l'auteur, non pas une famille comme une bulle rassurante ni comme un cocon protecteur mais plutôt comme une prison, comme un purgatoire d'où le héros Galen ne peut s'échapper à la fois à cause de sa mère, terriblement présente et abusive, mais également parce qu'il a peur de l'inconnu. Il nous conte ici l'explosion (et quelle explosion) de la cellule familiale.
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