Lu en Mars 2020. Traduction de B.Lortholary. 6.5/10
Bouquin assez difficile à lire. Le style m'est assez soporifique ce qui rend la lecture laborieuse et l'assimilation des idées assez délicate. Néanmoins, Freud y évoque des idées intéressantes avec comme mot d'ordre : La présence de la religion dans nos sociétés occidentales agit comme une illusion. A vrai dire, l'étau sur la religion ne se resserre que dans la deuxième moitié du livre. Dans la première partie sont évoquées des grands axiomes freudiens : La jalousie des hommes entre eux, leur agressivité et violence dues à la soumission aux pulsions (ce fait est camouflé par des normes morales étiquetés par les Hommes pour les Hommes sous le nom de religion). Néanmoins, on ne peut supprimer ces normes car elles sont garantes de l'ordre de la civilisation. (Car les Hommes sont naturellement mauvais entre eux // Rousseau). Les Hommes ont besoins de la figure du Père, car il représente la solution à leur désarroi infantile initial.
L'argumentation en 3 points par les défenseurs de l'existence de Dieu est démontrée comme fallacieuse. 1/Nos aïeux y croyaient, donc ils méritent d'être crus. 2/Les preuves de l'existence de Dieu proviennent de ces temps anciens. 3/Il est interdit de questionner la crédibilité de l'existence de Dieu.
Sur ce point j'ai été surpris par le fait d'adresser la même critique à la religion que celle qu'on attribue à la psychanalyse : Le dogmatisme et le manque d'ouverture d'esprit. D'ailleurs, à plusieurs reprises Freud rappelle son ignorance sur certaines questions sociales ou scientifiques en donnant la parole à quelqu'un qui contre argumenterait ses dires. (C'est fait de façon un peu maladroite mais ça donne de la crédibilité à la pensée).
Globalement je trouve les remarques de Freud assez pertinentes et actuelles bien que certaines idées aient vieillies et que sa rigueur scientifique et argumentative puisse être remise en cause. Il semble que ce soit un des livres les plus philosophiques de Freud.
"Un nombre infini d'être civilisés qui reculeraient d'effroi devant l'inceste ou le meurtre ne se refusent pas la satisfaction de leur cupidité, de leur agressivité, ne se privent pas de nuire à autrui par le mensonge ou la tromperie."
"Même un tyran a tout lieu de souhaiter que les autres respectent au moins un des interdits de la civilisation : tu ne tueras point."
"De même qu'on ne peut forcer personne à croire, on ne peut forcer personne à ne pas croire."
"Même si l'on savait et pouvait prouver que la religion n'est pas en possession de la vérité, il faudrait le taire et se comporter comme l'exige la philosophie du {comme si}, dans l'intérêt de la sauvegarde de tous." (=Hegel)