C'est terrible (et original) de rater le grand rendez-vous de sa vie, à 4 ans, en ayant rejeté d'une phrase cinglante l'amour d'un (petit) garçon. Ce péché originel, la narratrice de L'éternel fiancé va le regretter toute sa vie durant, rencontrant à plusieurs reprises celui dont elle n'a pas voulu et dont elle connait les grands chapitre de son existence. La première partie du roman d'Agnès Desarthe ne manque pas de fantaisie mais dès qu'elle s'éloigne de l'enfance, bizarrement, l'intrigue devient décousue tout autant qu'empreinte d'une certaine morosité. Le quotidien, le temps qui passe, la perte des illusions, la joie de la musique ..., le livre aborde une quantité de sujets au gré d'un récit flottant comme un tronc d'arbre sur une rivière et auquel on aimerait se raccrocher mais ce n'est pas possible. L'écriture n'est pas désagréable, pourtant, loin de là, et les scènes s'enchaînent, certaines plutôt piquantes, mais que tout ceci semble confus et difficilement relié à l'histoire originelle, qui perd peu à peu de son sel. C'est cela le plus décevant, tout semble s'effilocher au fil des pages parce qu'à un moment, assez vite d'ailleurs, la romancière nous a perdus (cela n'est pas vrai pour tous les lecteurs et lectrices, évidemment) et que la seule envie qui perdure est de parvenir à la fin car l'ennui se fait de plus en plus insistant.