Une performance artistique idéaliste, naïve, ridicule, poétique... Il y a tant de choses à dire sur le geste de Pippa Bacca et, par moment, Nathalie Léger sait trouver les bons mots, mais trop peu souvent... Son livre se lit bien et vite - c'est vrai, mais en partie parce qu'il est bien écrit, en partie parce qu'il est court. On se demande même s'il n'est pas court, parce qu'elle a justement manqué de mots.
Son sujet, un fait divers aussi horrible qu'original, pouvait servir de très bon arc narratif, mais l'auteure tombe dans le penchant que l'on reproche souvent aux écrivain(e)s français(e)s : parler de soi, de sa famille, de ses problèmes. C'est un libraire qui me disait que la littérature française manquait souvent d'un "souffle romanesque" au profit d'une analyse intérieure. C'est exactement ce que j'ai ressenti pour La robe blanche.
C'est finalement une histoire vraie qui se suffisait à elle même. Le lien avec les souffrances et les désirs de sa mère paraît un peu obscur (bien que l'histoire de sa mère soit touchante) : oui, ce sont deux femmes qui veulent réparer la souffrance par un geste symbolique et que l'on peut considérer comme inutile en réalité, mais c'est tout. A part ça, Pippa Bacca était plus jeune, plus connue, sans doute plus riche, c'était une artiste qui avait ses projets de carrière, et qui voulait agir pour soigner la souffrance du monde, tandis que la mère de l'auteure est une femme âgée, qui n'a vécu qu'à travers les autres, n'a pas eu de carrière, et qui demande à sa fille de la venger par l'écriture de ses malheurs. L'une est active pour les autres et l'autre est passive pour elle-même.
L'auteur se demande pourquoi Pippa Bacca a agi ainsi, mais elle n'approfondit pas les choses et renonce à rencontrer la mère de l'artiste. Son enquête, sur l'affaire d'une Italienne morte en Turquie après avoir parcouru plusieurs pays, stagne en France. Elle s'encombre des problèmes familiaux de l'auteur. Ces derniers ne sont pourtant pas dénués d'intérêt, mais ils font piétiner le récit, et auraient peut-être été plus à leur place dans un récit à part.
Bien que cela reste une lecture agréable et un sujet intéressant, l'écriture ne semble pas aboutie.