Il m'a fallu autant de temps (3 semaines) pour lire l'intégralité du cycle de L'Empire d'Isaac Asimov (soient 3 romans, format poche de 250, 218 et 248 pages respectivement, écrits petit) que pour lire La Vie des elfes de Muriel Barbery (soit un roman, format normal de 280 pages - dont certaines sont quasiment vides - écrit un peu plus gros). C'est dire le pensum.
J'avoue avoir envisagé de laisser tomber la lecture au milieu. Mais je n'aime pas l'inachevé, aussi me suis-je forcé à aller jusqu'au bout car j'avais tout de même envie de savoir où l'autrice (et pas "auteure" ! cf. grammaire française) voulait m'emmener.
A l'instar des gens qui s'écoutent parler, il en existe aussi qui se regardent écrire. Et c'est grandement le cas de Muriel Barbery dans ce roman qui, visiblement par principe, évite toute forme de simplicité. On se perd constamment dans des phrases alambiquées, truffées d'épithètes - pour montrer qu'elle est très cultivée sans doute - et la plupart du temps on ne comprend pas ce qu'on lit tant le propos est abscons. On finit bien par cerner un décor, une atmosphère ou une situation, mais seulement après quelques pages. Jamais dans l'immédiat car la forme dévore le fond. Ce qui fait qu'on est toujours en décalage et, finalement, on perd le fil de l'histoire (si toutefois on l'a jamais tenu) et les personnages sont vraiment difficilement identifiables. Surtout du côté italien.
Dans le dernier tiers du roman on peut lire à un moment "comprenne qui pourra" (p.212). L'expression résume parfaitement tout ce qu'on peut en penser et prête même à sourire sur le coup.
Les envolées lyriques qui se veulent donc poétiques et littéraires sont justes ennuyeuses et emphatiques, rendant le récit très prétentieux. Ça sent trop souvent le dictionnaire des mots oubliés de la langue française et l'envie de "faire cultivé".
Et là, on entend une petite voix qui ânonne : "La culture c'est comme la confiture..."
En bref, La Vie des elfes est un roman finalement sans véritable intérêt, qui à force de vouloir être grand par le style ne parvient qu'à être hermétique, snob et sans magie.