Je crois que j’attendais ce roman depuis longtemps. Un de ceux qui vous tiennent éveillé à pas d’heure, dont on griffonne des extraits sur des petits bouts de papier parce qu’on voudrait ne jamais les oublier.
Mathilde pense aimer Gaspard, jusqu’à ce que Guillaume se suicide. Guillaume, elle l’a aimé, elle l’aime toujours. Tirer un trait sur leur histoire est impensable, même s’ils ne sont plus du même côté de la vie. Alors elle le réinvente chaque nuit. Puis chaque jour. Et flirte avec la folie dans cet étrange ménage à trois.
J’aurais pu détester Mathilde pour son impertinence, son incohérence et ses caprices ; sa désinvolture de fille à papa qui crache dans la soupe. Et puis elle m’a rappelé la Betty de 37°2 le matin, à fleur de peau, des lambeaux de cœur entre les mains. Elle reprise les morceaux de son histoire comme elle peut. Suspendus dans son tableau de vie, on voudrait lui tenir la main, essuyer ses larmes, lui dire fais pas de connerie, ça passera.
Ce roman m’a replongée dans l’émotion des premiers Despentes, la fascination de Catherine Cusset, la délicatesse d’Olivier Adam. Le lyrisme d’Ann Scott, aussi, le cœur à vif de Zeller. Ça fait beaucoup de références, je sais, mais Cathy Galliègue a le talent nécessaire pour s’en affranchir. Elle vous emmène dans une boule à neige en plein été, c’est brûlant, glaçant, intense, violent.
Beau à couper le souffle.