Selon la quatrième de couverture de La saison des ouragans : "Fernanda Melchor dresse un formidable portrait du Mexique et de ses démons." Il faut toujours se méfier de ce genre d'assertion définitive, d'ailleurs reprise dans certaines critiques du livre. Portrait du Mexique des bas-fonds du Mexique contemporain, oui, mais à ne pas prendre au pied de la lettre pour l'ensemble du pays, à moins de vouloir absolument lui coller une image réductrice de cloaque où s'ébat la lie de l'humanité. Il faut plutôt voir dans La saison des ouragans une vision exacerbée des maux sociaux du Mexique, à commencer par son machisme viscéral et en corrélation sa misogynie et son homophobie violentes. La prose de la romancière mexicaine ne manque pas d'allure et son livre est assez intelligemment agencé, quoique parfois de façon piégeuse, en partant de la découverte d'un cadavre, celui d'une "sorcière", et en remontant le temps dans les chapitres suivants, prétexte à dresser le profil d'individus on ne peut plus dépravés, aux prises avec l'alcool, la drogue et obsédé par le sexe. Fernanda Melchor se glisse dans l'esprit et le corps de chacun de ses personnages et ce qui en ressort est sacrément glauque, voire insoutenable. Là réside la principale objection à La saison des ouragans : sa crudité, de plus en plus grande au fil des pages, finit par se faire complaisante de manière à nous mettre le nez dans la boue (un autre mot, moins civilisé, pourrait être employé). Malheureusement, l'excès est toujours contre-productif et le roman abonde vraiment trop en grossièretés et obscénités en tous genres. Le côté répétitif et systématique de la chose est terriblement lassant. Il y a là quelques analogies avec le très surfait et détestable My absolute Darling (avis personnel, bien sûr) même tout n'est pas à jeter loin de là dans cette première traduction en français d'une auteure mexicaine dont on serait curieux de savoir si elle est capable d'écrire quelque chose de moins sordide et sinistre.