Livre noire joliment sec, comme sait en offrir DOA. Il place les détails d’époque pour glisser le noir dans le début de XXIème - traffic de drogue, collaborations entre mafia internationales, interaction entre polices européennes - on ne pénètre pas dans un simple roman noir à la papa, c’est certain. L’ancrage est agréable, et pas trop surjoué, comme dans certain thriller contemporain se perdant dans des surenchères de gore & de tueurs en série extrêmes. Mais c’est un autre degré du contemporain qui touche assurément le plus : la trame à la campagne, l’agriculteur noir subissant la haine des habitants “de souche”. Là aussi, le livre flirte peut-être parfois avec le schématisme ou le caricatural, mais cette lutte locale s’avère touchante, prenante, et hélas, semble sonner bien juste. Ajoutons à cela un mystérieux tueur à moto (”Le Motard”, sa seule désignation dans le livre), trouble, intriguant, efficace mais jamais aveuglement cruel - l’histoire peut glisser agréablement, sautant d’une ferme vers une traque vers un meurtre de professionnel colombien vers une commissaire aux mauvais souvenirs - on suit.